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LES ÉCRIVAINS ET LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE

Publié le 30/03/2012

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Les deux années qui s'écoulent de sa rentrée avec Le Poète assassiné en octobre 1916 à sa mort le 9 novembre 1918 sont pour Apollinaire une période de grande activité créatrice. Le Poète assassiné était pratiquement achevé en 1914 et seule fut ajoutée la dernière nouvelle, où est évoquée la guerre. On ne vit longtemps dans ce livre qu'un produit de la fantaisie de l'auteur de L'Hérésiarque et Cie, alors qu'il nous apparaît aujourd'hui comme une pierre angulaire de l'oeuvre, non seulement par la modernité de sa facture et de son écriture, mais parce qu'Apollinaire y réalise enfin, en lui donnant une dimension mythique, la tentation autobiographique qui l'obsède depuis plus de dix ans : son héros Croniamantal est à la fois une image de lui-même et une représentation archétypale du poète....

« 174 HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE -ou simplement le désir d'objectivité et de lucidité - ont peine à se manifester.

Qu'on pense à l'incompréhension hostile qui accueillit Au-dessus de la mêlée, de Romain Rolland, ou aux difficultés que parmi d'autres rencontrèrent André Spire pour publier les poèmes de Et j'ai voulu la paix, qui ne purent paraître qu'en Angleterre ( 1916) et Louis Delluc son roman La Guerre est morte ( 1917).

histoire d'un homme qui voulait tuer la guerre : « On vient de voir trop de héros ...

il faut des hommes.

)) c· est finalement un hebdomadaire satirique fondé en 1917, Le Canard enchaÎné, qui incarne la lutte contre le « bobard » et le « bourrage de crânes ».

Plus importante est la production d'œuvres à caractère de témoignage provenant des combattants.

Les écrivains payèrent un lourd tribut à la guerre.

Alain-Fournier, Péguy, Émile Despax, Jean-Marc Bernard, Ernest Psichari, Émile Clermont, Louis Pergaud, André Lafon y périrent avec beaucoup d'autres.

Apollinaire, blessé à la tête et probable­ ment gazé, mourut de la grippe espagnole le 9 novembre 1918, Cendrars perdit un bras, Joë Bousquet fut atteint d'une balle qui l'immobilisa sur un lit jusqu'à sa mort ...

Certains d'entre eux, et ceux qui survécurent, ont dit, sous forme documentaire, romanesque, parfois poétique, ce que furent leurs souffrances.

Toute une presse du front se constitue avec des moyens de fortune.

Des plaquettes d'aspect modeste sont polycopiées «aux armées», comme Case d'armons d'Apollinaire (plus tard repris dans Calligram­ mes) tiré à vingt-cinq exemplaires ( 1915) ou Le Devoir, d'Eiuard à dix-sept.

Si Le Feu, de Barbusse, a d'emblée conquis un vaste public par son accent de vérité désespérée, d'autres livres disent avec des tons divers la dure expérience du soldat.

Citons, par exemple : Gaspard, de René Benjamin ( 1915) ; Le Capitaine Dupont, de Léon Frapié, Quatorze histoires de soldats, de Claude Farrère, Bourru, soldat de Vauquois, de Jean des Vignes-Rouges, Sous Verdun, de Maurice Genevoix ( 1916) ; En campagne avec la Légion étrangère, d'Albert Erlande ( 1917) ; Les Croix de bois, de Roland Dorgelès ( 1919) ; et aussi l'intense J'ai tué, de Cendrars ( 1917), ou la douloureuse Vie des martyrs du chirurgien Georges Duhamel ( 1917).

Et, parmi les poètes, l'admirable prière du nationaliste Jean-Marc Bernard, De profundis ( 1915), le déchirement d'un René Arcos dans Le Sang des autres ( 1916), d'un Charles Vildrac dans Les Chants du désespéré ( 1920), les Poèmes pour la paix, d'Eiuard ( 1918), Fond de cantine de Drieu La Rochelle ( 1920).. »

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