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LES ÉCRIVAINS ET LA SECONDE GUERRE MONDIALE

Publié le 30/03/2012

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Il est assez remarquable que si certains prosateurs écrivirent dans les journaux de la collaboration, on n'y compte pratiquement pas de poètes, car on ne peut appeler poètes les auteurs de ces pauvres chansons qui devaient célébrer la gloire du Maréchal-nous-voilà, et autres fadaises. Ce qu'on a appelé la poésie de la Résistance est en réalité, durant la guerre, toute la poésie française. Elle en est, non pas un épisode occasionnel comme certains ont tenté de le faire croire, mais un moment essentiel qui reprenait les traditions antérieures estompées, une poésie qui approfondissait les rapports de l'homme avec son temps et le monde, c'est-à-dire qui proposait un ensemble de sentiments et de valeurs nouveau, et en même temps trouvait les formes intelligibles pour l'exprimer.

« 338 HISTOIRE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE de 1939 et la fin des hostilités en 1945 ne se laisse comprendre qu'en fonction de données antérieures.

L'orage était annoncé; il n'a pas retenti dans un ciel vide.

Tous les intellectuels qui s'informaient et réfléchissaient savaient que, depuis les accords de Munich, la guerre était devenue inévitable.

Des vues plus longues avaient discerné que la guerre civile en Espagne était le premier ébranlement qui allait faire retentir les armes sur l'Europe et sur le monde.

Un véritable tournant s'effectue à ce moment-là, d'autant que les forces du Front populaire avaient coupé, en 1934, la route du fascisme et imposé, en 1936, une politique de gauche.

Écrivains, professeurs, chercheurs, hommes de grand renom s'étaient liés au mouvement de progrès social, tant pour la défense de la culture (Congrès pour la défense de la culture en 1935) que pour exercer auprès de l'opinion une vigilance de caractère antifasciste.

avec le « Comité de vigilance ».

mais aussi bien avec la transformation de l'Association des écrivains et artistes révolutionnaires en Maison de la culture.

De même que le Front populaire a marqué de son style l'activité de la Résistance intérieure, de même le mouvement littéraire des années trente a préparé le développement de la Résistance intellectuelle.

La place et les fonctions de la littérature dans la vie nationale s'étaient imposées comme thème de réflexion, ce qui s'était traduit par une politisation des gens de littérature.

Si des écrivains participaient aux manifestations du Front populaire.

à l'opposé se trouvaient des écrivains et des intellectuels «de droite».

dont le pôle extrême se situait du côté de l'Action française et de ses camelots du roi.

François Mauriac raconte que, dès son élection à l'Académie en 1933, il fut frappé par l'atmosphère de complot contre la République qui régnait dans l'Institut.

Louis Bertrand pouvait y saluer ses confrères en disant : « Heil Hitler!» Cela, ajoute-t-il, traduisait un état d'esprit.

D'autres écrivains continuaient bien évidemment à penser que la littérature était une chose pure qui restait indifférente et hors d'atteinte des événements les plus graves.

Les états de crise violents de la déclaration de guerre, puis de la défaite furent la dénonciation de ce qu'on pourrait appeler « l'illusion littéraire ».

Un écrivain est d'abord un citoyen comme les autres et qui se situe plus ou moins nettement dans la géographie politique de son pays.

Mais il est, davantage, un homme dont le métier principal ou secondaire est de produire des ouvrages qui ont un retentissement de caractère idéologique ou moral.. »

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