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les Fables

Publié le 14/12/2012

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« La poésie ne raconte pas d'histoire « écrit Henri Meschonnic en 1985. Pour cet auteur, la narration empêche l'accès au vrai dans la poésie. Et pourtant, les fables, textes poétiques courts en prose ou en vers, des pures fictions narratives faisant parler des animaux ou des végétaux, apportaient bien un savoir, une vérité profonde, souvent politique. C'est pour cela que dans son traité Emile ou de l'Education, publié en1762, Rousseau explique que les fables ne sont pas destinées aux enfants. Il pose le problème de la réception de ce genre de textes. La réception des fables dans le monde des lecteurs peut-elle être scolaire ou bien est-elle plus érudite ? L'opinion commune tend à penser que les fables sont des récits plutôt destinés aux enfants. Les caractéristiques des fables font de ces textes la forme littéraire qui semble la plus adaptée aux enfants Récit court, facilement mémorisable, rythmé grâce aux vers quand il y en a, un schéma narratif simple ( une rencontre, une discussion, des péripéties, une morale), alternance de récit et de discours donc un texte vivace qui entretient la concentration des enfants, des péripéties et des retournements de situation qui passionnent, récit amusant, ludique car met en situation des animaux et des végétaux, drôle quand les animaux se joue des tours entre eux (image du renard rusé et fourbe, par exemple quand il vole le fromage du corbeau), une fin heureuse et prévisible, appartient au domaine du merveilleux, domaine de prédilection des enfants. La visée didactique des fables de La Fontaine semble avoir pour vocation d'apprendre la morale aux enfants. Il ne veut pas être trop moralisateur ou trop sec. La devise de La Fontaine dans l'éc...

« Les fables sont avant tout des textes littéraires de qualité, stylistiquement et poétiquement travaillés.

Les enfants ne peuvent pas forcément tous apprécier les chefs d'œuvres poétiques que sont les fables.

Il faut être mature pour discerner les jeux de l’auteur. Tout d’abord, la fable est un genre hybride et riche avec une mosaïque d’influences.

Il y a beaucoup d’humour dans les fables de La Fontaine : on note le recours au registre épique, à un style héroïque pour décrire les combats.

La Fontaine maitrise l’art du décalage qui aboutit à un ton satirique, parodique, et le registre héroï-comique vient renforcer ce contraste : donner à des personnages humbles des idées et un style nobles.

Il y a beaucoup d’emprunts à la comédie et à la tragédie dans les types de situations mis en œuvre.

Ces emprunts sont clairement revendiqués dans Le Bûcheron et Mercure: « Une ample comédie à cent actes divers / Et dont la scène est l’univers / Hommes, Dieux, Animaux, tout y fait quelque rôle.

» Il y a également beaucoup d’allusions culturelles dans les fables, notamment dans celles de La Fontaine, qui s’insère dans une tradition littéraire.

Référence à l’Actéon dans Les Animaux malades de la peste : l’Actéon est le fleuve que devaient traverser les morts avec Caron.

Cette fable a un arrière-plan littéraire : dans l’Iliade, Apollon envoie la peste dans le camp d’Agamemnon.

Dans Œdipe, la peste règne dans Thèbes.

On peut reconnaître la dignité du genre de la fable car elle s’inspire largement de l’héritage des Anciens.

De plus, dans la fable La Mort et le Bûcheron, le fabuliste montre sa virtuosité, en imitant, avec une fable plus travaillée, Esope, qui a écrit la fable Le Vieillard et la Mort.

Et dans cette fable, la Fontaine reprend le thème traditionnel baroque de la rencontre de l’homme avec la Mort. Enfin, les fables sont de beaux objets poétiques qu’une personne de tout âge est en droit d’apprécier.

Elles donnent à entendre la poésie par un magnifique et subtil maniement des mots.

Par exemple, dans la fable La Laitière et le Pot au lait, La Fontaine fait entendre par le phénomène de l’harmonie imitative avec une allitération en « p » et en « t » la démarche sautillante de Perette : « Perette, sur sa tête ayant un Pot au lait ».

On trouve un autre exemple d’harmonie imitative dans la fable Le Dragon à plusieurs têtes et le dragon à plusieurs queues, quand l’allitération en « s » des vers 13 et 14 miment le bruit du passage de l’hydre : « J'étais en un lieu sûr, lorsque je vis passer / Les cent têtes d'une hydre au travers d'une haie ». Ainsi, certes la diégèse des fables peut paraître enfantine, mais le travail stylistique et poétique fait de ce genre littéraire un genre très loin d’être destiné aux enfants, qui ne sauraient pas parfaitement reconnaître les effets poétiques virtuoses et les références culturelles.

Mais les fables s’éloignent également de la littérature scolaire par le message philosophique qu’elles délivrent. *** III ) Le savoir que les fables apportent va au-delà de ce que peuvent comprendre les enfants : plus qu'une simple morale, les fables viennent enseigner une vision du monde qu’il est nécessaire pour les adultes de comprendre.. »

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