Les fabliaux
Publié le 17/01/2022
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Les fabliaux du Moyen Age cherchent, avec la peinture réaliste des travers de tel ou tel personnage typique (Ex.: le curé, la femme jalouse, le paysan nigaud, etc.), à provoquer le rire. Cette littérature qui semble exempte de toute condamnation morale, n'est pourtant pas innocente. Elle s'adresse en effet à une aristocratie qui se divertit de cette image grotesque des bourgeois et des paysans. Molière a su donner à ces textes une dimension véritablement populaire en adoptant certains des plus célèbres au théâtre. Le Vilain mire est ainsi devenu Le Médecin malgré lui.
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Une littérature gauloise
Les fabliaux, appelés à l'époque «fa bleaux>>, sont de courts récits fictifs,
dont le seul but est d'amuser.
Ils appa
raissent vers 1150 et on en écrit encore
deux siècles plus tard.
On les a crus
d'origine orientale: ils auraient été trans
mis en Occident par des traductions lati
nes de recueils hébreux ou arabes.
Mais
sur les quelque
150 qui nous restent, une
dizaine seulement peuvent se rattacher à de tels modèles.
En fait, ils relèvent
d'une veine populaire de toujours et ren ferment, pour les plus anciens, les traces
d'une forme orale primitive.
Ils ne sont
pas pour autant d'origine populaire;
leurs auteurs sont des gens cultivés,
clercs, comme Henri d'Andely, ou
même nobles, comme
le comte Robert
II de Guînes.
Sans prétention,
les fabliaux sont domi
nés par deux thèmes: une misogynie pri
maire, qui montre la femme toujours
prête
à tromper, et un anticléricalisme
sommaire, qui s'en prend surtout à
l'immoralité des clercs.
Ils mettent en
scène le trio classique: le mari, la femme
et l'amant, les deux hommes étant géné
ralement bernés par leur compagne.
Les
intrigues sont succinctes, mais les péri
péties subtiles.
Au comique de situation,
qui relève de la farce, s'ajoute celui des
mots, qui ne craint pas les pires grossiè-
retés.
'
Traversés d'une gauloiserie permanente,
les fabliaux
ne s'élèvent pas jusqu'à la· satire sociale et restent au niveau de la
plaisanterie.
Leurs railleries
ne touchent
que la classe moyenne; on n'y rencontre
ni rois, ni princes, ni prélats.
Les pay
sans y figurent rarement et n'y tiennent
pas toujours
le mauvais rôle.
En revan
che, les chevaliers et les .bourgeois, plus
encore les prêtres et les moines, y sont
constamment maltraités: gourmands,
âpres au gain, vaniteux mais, surtout,
chauds lapins
sinon lubriques, ils sont
généralement victimes des femmes.
Celles-ci ont tous les vices: dissimulées,
ingrates, cupides, jalouses et avides de
plaisir.
On ne les mène qu'en les battant,
et encore est-ce sans grand espoir.
Cette
littérature n'est donc pas aussi antiaris
tocratique qu'on l'a dit; sa critique, plus
morale que sociale, s'en prenant surtout
aux enrichis et aux parvenus, consacre
finalement l'ordre établi.
· Avec les fabliaux, la littérature bour
geoise se confond avec la littérature
populaire et réaliste.
A ce titre, ces ré
cits, malgré leur outrance, nous sont
très précieux pour apprécier les mœurs
médiévales..
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