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Les grands poètes romantiques : Lamartine

Publié le 27/03/2012

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Quand les Méditations poétiques parurent en 1820, l'auteur n'était pas tout à fait un inconnu, du moins aux yeux de quelques salons aristocratiques de Paris. Il avait trente ans; quelle avait été sa vie auparavant ? A quelle source avait-il puisé son inspiration ? Comment expliquer qu'il ait réussi précisément ce que tant d'autres poètes avaient, depuis cinquante ans, vainement tenté avant lui ? Ce grand diable de Bourguignon avait vécu en campagnard et en gentilhomme de province, promenant dans son Mâconnais natal, à Naples ou à Aixles- Bains, tantôt des passions vite allumées et vite éteintes pour quelque belle voisine, tantôt les mélancolies de l'hpmme jeune qui bâille sa vie. Après avoir délicieusement aimé à Naples une jeune femme de chambre-cigarière, après avoir fait beaucoup de petites dettes, amorcé beaucoup d'intrigues, aussi quantité de poètes italiens, latins, anglais, il avait rencontré, à Aix, à vingt-six ans, une jeune femme plus âgée et beaucoup plus avertie que lui, qui recevait à Paris des gens d'esprit et des gens de lettres; elle le lança.

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« ~e voluptueux, Ossian le brumeux, Pétrarque, Rous­ seau, Horace, Gray, le Voltaire des Discours en vers, Quinault, la Bible, Properce ou Tibulle, que n'avait-il pas lu, et dont la trace se retrouve dans ses premières Méditations? Quelle que soit la part de l'imitation dans le recueil de 1820, -et l'érudition en a prouvé l'importance, - le fait est que )'ouvrage parut prodigieusement nou­ veau, et c'est cette nouveauté qui mérite notre atten­ tion.

La recherche des sources est utile parce qu'elle révèle les dettes de l'écrivain et épargne au lecteur le ridicule d'attribuer au génie du poète ou du penseur ce qui n'est qu'emprunt - et encore le choix de ces emprunts n'est-il pas fort révélateur d'urt génie indi­ viduel? Mais elle permet surtout d'isoler ce qui est proprement original dans l'œuvre.

Qu'est-ce donc qui, en 1820, a donné aux meilleurs connaisseurs, puis, rapidement, à un plus vaste public, l'impression que ce qu'on attendait depuis longtemps de la poésie lyrique venait d'être réalisé? Certes, ni,le vocabulaire, ni le choix des images, ni les thèmes, ni la versification, n'ont ·beaucoup d'originalité.

Mais qu'on songe d'abord à ce qui n'est pas dans cette poésie, et l'originalité du poète apparaîtra vite : la.

poésie lyri­ que s'est enfin dépouillée de ·ce qui, chez tous les pré­ décesseurs de Lamartine, · la fait paraître artificielle et froide: l'esprit; non pas l'esprit qui vise à faire rire, mais l'esprit qui vise à briller, à dire joliment les choses, qui cherche le pi9;uant ou la grâce, et l'ingénieux sur- .

tout.

Lamartine s était formé par des lectures, dans la. nature, loin des salons, au contact non des mondains spirituels, mais des grands maîtres de la poésie éter­ nelle; il avait ressenti, à les lire, de vives émotions; un sens naturel du grand et du simple s'était développé en lui, qui, peu à peu - n'oublions pas qu'en 1820 il avait trente ans - le dépouilla des mièvreries, des joliesses, qui emplissaient ses premiers essais.

Le vers, la phrase, paraissent; dans son premier recueil, l'expres­ sion naturelle de l'émotion, du sentiment, de l'idée même, qui reste toujours simple et grande, qui se refuse aux nuances complexes, ..

aux subtilités de l'analyse. De plus, le poète- et c'est là son don essentiel- a un goût musical très.

sûr; depuis Racine, nul n'avait su, d'une oreille aussi délicate, .

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