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Les libertins

Publié le 17/01/2022

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La pensée indépendante, qui, depuis Montaigne, n'avait jamais abdiqué, se précise au début du XVIIe siècle, à la suite des guerres de religion. Une « cabale » libertine, qui unit souvent à la liberté d'esprit une extrême liberté de moeurs, se forme dès 1615. Traqués par Richelieu, étroitement surveillés par Louis XIV, les libertins doivent se cacher pendant de longues années. Mais à partir de 1680, lorsque l'autorité royale se relâche, ils apparaissent au grand jour, affermissent leurs convictions et se préparent à la lutte. Trois hommes, appartenant à des générations différentes, exercent à cet égard une indiscutable influence : Saint-Évremond, déjà âgé et fort connu dans la société littéraire aux environs de 1690; Bayle, en pleine maturité à cette date; Fontenelle, qui, né au milieu du XVIIe siècle et mort presque centenaire au milieu du siècle suivant, fut le témoin de la continuité de cette pensée libertine, appelée à bousculer toutes les traditions édifiées par le XVIIe siècle.

« sein des familles (c'est elle, on s'en souvient, qui mène l'offensive contre Tartuffe). Pascal, avec l'appui du parti janséniste, se donne pour mission de ramener à la religion lesmondains indifférents.

Bossuet et les autres prédicateurs catholiques tonnent contre lesvanités du siècle. L'irréligion, traquée, doit dérober son véritable visage. Pourtant, l'esprit libertin demeure. Nous en découvrons des traces dans les satires de Boileau, dans les comédies de Molière, dans les contes et les fables de La Fontaine.

Desconversations hardies se tiennent encore dans les cabarets et les salons.

En outre, lesrecherches de physiologie, d'anatomie, de médecine, les expériences de physique et dechimie se multiplient à partir de 1660.

De dangereux problèmes sont posés, comme celuide l'intelligence des bêtes.

En même temps, on commence à mesurer les ressourcesqu'offre à l'esprit, pour bousculer les opinions reçues, la méthode cartésienne. Une revanche se prépare. DES LIBERTINS AUX « PHILOSOPHES » (1685-1715) A partir de 1680, la tradition libertine est renouée. Le gouvernement de Louis XIV s'affaiblit après la révocation de l'Édit de Nantes; un mouvement de protestation sedessine dans le pays contre les excès du parti dévot, qui triomphe à la cour.

Lelibertinage n'est plus confiné dans un cercle secret ni dans un groupe restreint; il s'étaleau grand jour dans des salons mondains, chez Ninon de Lenclos, où fréquenta Saint-Évremond, chez le grand prieur de Vendôme, dans la société du Temple, dont l'un desprincipaux assidus est un poète léger, l'abbé de Chaulieu. En même temps, sous l'influence nouvelle des pays septentrionaux, la pensée libertines'affermit. Pour fuir la répression, des libertins ont gagné la Hollande; aux approches de la Révocation, des protestants les ont rejoints ou sont passés en Angleterre.

Or ces payssont en pleine transformation intellectuelle; le cartésianisme y est largement répandu.

Dessystèmes nouveaux sont nés, celui de Locke, celui de Spinoza, qui heurtent de front lesprincipes de la métaphysique chrétienne et même ceux du droit monarchique. La Raison est devenue un instrument de combat et un principe de construction positive ; et l'expérience concrète apparaît désormais comme un témoignage indispensable dans larecherche de la vérité.

Imprimés en Hollande, des livres défendus circulent sous lemanteau.

Aussi Bayle, Fontenelle, qui recueillent l'héritage des Gassendi, des Le Vayer, des Naudé, apparaissent-ils plus fermes dans leurs convictions et plus assurés dans leursméthodes. Dressés, comme leurs prédécesseurs, contre les croyances traditionnelles, ils sont mieux armés qu'eux pour reconstruire.

Les libertins de la fin du xvii e siècle annoncent directement les « philosophes » du siècle suivant.. »

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