Les mémorialistes
Publié le 27/06/2012
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Par la matière qu'ils traitent, par leur état de grands seigneurs, par leur vie, absolument étrangère aux milieux littéraires, les deux grands mémorialistes du xviie siècle, le cardinal de Retz et le duc de SaintSimon échappent aux caractères généraux de l'art classique. Hommes d'action, plongés dans la réalité des plus grands intérêts, peu curieux des choses de l'art, l'un, Retz, prolonge une tradition de style déjà démodée, l'autre, Saint-Simon, dépasse en tous sens les habitudes de style de son temps.
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LES MÉMORIALISTES 213
des plus grands intérêts, peu curieux des choses de l'art, l'un, Retz, prolonge une tradition de style déjà
démodée, l'autre, Saint-Simon, dépasse en tous sens
les habitudes de style de son temps.
Quant à Tallemant des Réaux (1619-1692),
il se
soucie moins d'approfondir ou de révéler les secrets
de la politique, de sonder les âmes de ses grands con
temporains, que de conter sur eux
et sur elles une
foule d'anecdotes plaisantes, et parfois fort crues.
Nullement politique ni psychologue, il amassait pour
lui seul, et sans doute pour quelques intimes, le trésor
secret de ses Historiettes, publiées seulement en 1833,
puis, sous une forme plus complète, en 1854-60; elles
forment dix volumes et nous donnent, sans ordre et sans vue d'ensemble, une image fort piquante de
l'endroit et de l'envers du grand siècle.
Le cardinal de Retz (1613-1679) rédigea ses Mémoires de 1662 à 1677; ils furent publiés pour la première fois
en 1717.
Ils couvrent la période qui va de sa naissance
à 1655, c'est-à-dire jusqu'à l'élection, grâce à ses
intrigues,
du pape Alexandre VII, contre le candidat
de Mazarin.
C'est en somme toute la Fronde qui fait
la matière du récit; le narrateur y a joué, on le sait, un
rôle de premier plan, prodigieusement habile à nouer
et à dénouer les intrigues les plus subtiles.
Le sens de
la psychologie qui fit de Retz un négociateur retors,
se retrouve dans le rédacteur des
Mémoires et leur
donne un très grand intérêt; les portraits abondent,
d'une exactitude suspecte, mais frappants de vivacité
et de relief.
Les grandes fresques historiques sont
peintes avec une incontestable sûreté dans la composition
et une grande habileté dans les éclairages.
De plus, et ce côté de l'auteur n'a été mis en valeur qu'assez récem
ment, Retz abonde en remarques, en réflexions d'une
portée générale, d'où l'on
peut tirer un véritable art de gouverner, ou du moins d'intriguer, conçu par une
intelligence supérieure qui avait fait ses preuves dans
ce domaine.
La conversation avec Condé, dans la
deuxième partie des Mémoires, est digne d'un grand
historien par la profondeur des vues et la subtilité de
l'analyse politique.
Le style de Retz est celui du temps
de Louis
XIII plus que celui de l'époque à laquelle l'auteur rédige; parfois embarrassé d'incidentes, parfois
ramassé en «sentences »d'allure toute latine, abondant.
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