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Les personnages de BOUVARD ET PÉCUCHET (Gustave Flaubert)

Publié le 22/02/2012

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Fonctionnaires célibataires à la retraite, Bouvard et Pécuchet sont deux braves bourgeois victimes de leur fascination naïve pour les multiples sciences que voit éclore le XIXe siècle. Pleins de bonne volonté autant que de maladresse, ils vont aller de mésaventures en échecs avant de renoncer aux folies de leur temps. Cet itinéraire spirituel, narré par Gustave Flaubert dans Bouvard et Pécuchet, est resté inachevé. Tel quel, il apparaît pourtant comme le réquisitoire de l'auteur contre ce qu'il appelait «la bêtise » : une certaine forme de certitude suffisante et péremptoire.


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« Taine (1828-1893).

L'astronome Le Verrier découvre par le calcul l'existence de la planète Neptune (1846); Pasteur,encore tout jeune, se rend déjà célèbre avec des travaux sur la nature des cristaux (1847).

Sur le plan des idées,Auguste Comte (1798-1857) tente avec le positivisme de créer une religion fondée sur la science, tandis que leprêtre Lamennais (1782-1854) ouvre la voie à un « socialisme catholique » et que le syndicalisme se développe avecles écrits de Proudhon (1809-1865).Cette ébullition put donner aux contemporains de Flaubert l'impression d'avoir atteint les limites de la connaissance.On raconte qu'un physicien de la fin du XIXe siècle déconseilla à son fils la carrière scientifique, sous prétexte quetout avait été découvert et qu'il n'aurait plus rien à faire...Or cette prétention était insupportable à Flaubert pour qui « la bêtise consiste à vouloir conclure ».

S'imaginer,parce que les progrès scientifiques et intellectuels sont immenses, que l'on a atteint la limite dernière duconnaissable, lui paraissait la forme ultime de cette « bêtise » qu'il détestait tant.Bouvard et Pécuchet est donc une grosse farce destinée à ridiculiser les prétentions du XIXe siècle.Les deux malheureux héros, qui sont naïfs mais non pas stupides, vont découvrir à leurs frais la vanité des sciences« vulgarisées ».

Partis pleins d'enthousiasme et d'une foi ardente pour les merveilles de leur temps, ils acquièrentpeu à peu, avec les échecs, un sens critique et un scepticisme teintés de misanthropie.Flaubert ne s'attaque pas à la science en tant que telle (car la soif de connaissance lui paraît respectable et saine),mais à la prétention qu'avaient certains scientifiques d'avoir tout compris, tout achevé, tout expliqué.

Aussi,contrairement au pharmacien Homais de Madame Bovary, Bouvard et Pécuchet ne sont-ils pas ridicules en eux-mêmes : ils sont victimes de leur foi en la prétention ridicule de leur époque.

La fin du roman nous les auraitmontrés, semble-t-il, revenus de leurs errements et portant sur le siècle un regard férocement critique.En effet, on pense que Flaubert aurait clos son livre par un recueil de citations authentiques et grotesques, glanéesdans différentes publications de son temps.

Une esquisse de cette fin est peut-être constituée par le Dictionnairedes idées reçues, dans lequel Flaubert donne à propos de certains mots ou expressions les réflexions stupides qui yétaient traditionnellement attachées et qu'il pouvait entendre répéter partout. Succès et avatars Publié après la mort de Flaubert, Bouvard et Pécuchet continue encore aujourd'hui de susciter des discussions surles intentions exactes de l'auteur.Si le livre contient des passages amusants ou même attendrissants, comme la description de l'amitié naissante entreles deux vieux garçons, il est pourtant un peu répétitif.

Les nombreuses allusions à des auteurs scientifiquesmaintenant oubliés lui ont sans doute fait perdre une partie de sa force comique.

Aussi ce roman n'est-il pas l'un desplus appréciés de Gustave Flaubert.En 1992, Bouvard et Pécuchet a été adapté par la télévision française, avec Jean-Pierre Marielle et Jean Carmetdans les rôles des deux compères.

Très réussie sur le plan comique, cette adaptation privilégie pourtant l'anecdoteau détriment de l'intention satirique qui a guidé Flaubert. Anecdote Gustave Flaubert était un maniaque de la documentation et de l'exactitude pointilleuse, se livrant à de longuesenquêtes pour assurer à ses descriptions le maximum de vraisemblance.

On raconte ainsi que, pour écrire Bouvard etPécuchet, il étudia plus de 1 500 ouvrages.. »

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