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Les personnages d'Electre de Giraudoux

Publié le 22/02/2012

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Dans sa pièce, Giraudoux reprend la plupart des personnages du mythe: Électre, Oreste, Clytemnestre, Égisthe, le jardinier et les trois Euménides. À tous il imprime une marque personnelle, allant parfois jusqu'à les métamorphoser. Il introduit aussi de nouveaux personnages: le Mendiant, la femme Narsès, les Théocathoclès (Agathe et le président). On peut regrouper ces personnages en quatre groupes, représentant des types humains bien distincts.
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« La femme Narsès, femme adoptive à moitié dévorée par la louve ingrate qu'elle a élevée (I, 3), ressembleétrangement à Clytemnestre, mère assassinée sur ordre de sa fille et « saignée » par son propre fils.

Double «populaire » de la reine, elle remplace celle-ci après son aveu (II, 8), appelant Électre « [ski fille» tandis queClytemnestre tombe sous les coups d'Oreste. Les représentants du Choeur antique: le Mendiant, les Euménides Ces personnages incarnent à leur manière le Choeur de la tragédie grecque.

Doués d'un savoir surnaturel, ilscommentent l'action et conseillent les protagonistes.

Placés dès leur apparition sous le signe du merveilleux, ilscontribuent, par leurs attitudes insolentes ou fantaisistes, à entretenir sur la scène une atmosphère irrationnelle. Le Mendiant.

Personnage énigmatique, tour à tour devin, détective et voyant, le Mendiant fait trois interventionsdécisives:— lors de la première apparition d'Égisthe, quand celui-ci tente de justifier sa décision de marier Electre (I, 3), leMendiant multiplie les remarques impertinentes, les anecdotes insolites : mais derrière les bouffonneries, la prédictionest claire : quelles que soient les précautions prises par Égisthe pour neutraliser l'intransigeance d'Électre, il nepourra empêcher qu'elle « se déclare», c'est-à-dire qu'elle accomplisse sa nature ;— pendant le sommeil d'Oreste et de sa soeur (I, 13), le Mendiant réfléchit sur la querelle qui oppose Clytemnestreet Électre au sujet d'Oreste ; en donnant raison à Électre, il souligne qu'au-delà de la haine entre les deux femmes,il est un enjeu plus important: la nécessité de faire justice (« remettre à la vie pour le monde et les âges un crimedéjà périmé et dont le châtiment sera un pire crime »).— au moment de l'exécution de la vengeance (II, 9), le Mendiant rapproche le crime ancien et le nouveau, en enfaisant successivement les récits. Les Euménides.

Présentes dès la première scène de la pièce, les Euménides figurent l'accomplissement du destin parleur monstruosité même : elles « grandissent à vue d'ceil » (I, 1).

Mais contrairement au Mendiant qui se situeclairement du côté d'Électre, elles se comportent souvent comme la voix de la conscience d'Oreste.— elles rappellent à Oreste l'hérédité des Atrides, la culpabilité de Clytemnestre (I, 3), mais en même temps lesoutiennent dans son refus de suivre la piste de la haine (II, 3).— elles prendront l'apparence d'Électre pour accabler Oreste de remords quand la vengeance sera accomplie (II,10). Les justiciers: Électre et OresteDans son monologue de la fin de l'acte I, le Mendiant évoque le couple du frère et de la soeur en ces termes:«Regardez les deux innocents.

C'est ce qui va être le fruit de leurs noces: remettre à la vie pour le monde et lesâges un crime déjà périmé et dont le châtiment lui-même sera un pire crime ».

Dans cette association plusamoureuse que fraternelle d'Oreste et d'Électre, c'est clairement Electre qui domine, jusqu'à vouloir faire de sonfrère sa créature. Électre est le pivot du drame.

Lorsque s'amorce l'action, elle est « comme une somnambule en plein jour » (I, 4).

Cen'est qu'à l'occasion de son mariage, pour la première fois « depuis vingt ans », qu'elle ouvre les hostilités avec samère.

Puis, étonnée de voir sa haine survivre au retour de son frère, elle prend conscience de la nécessité del'expliquer.

Pour bien comprendre le personnage d'Électre, il importe de garder à l'esprit les deux aspects de sa quêtede la vérité (qui s'apparente bien souvent à une véritable chasse à l'homme) :— pour Électre, la tâche de venger Agamemnon a un enjeu politique : il s'agit de sauver son peuple de la lâcheté enlui offrant la justice absolue.

Mieux vaut pour lui la mort qu'un « regard terne et veule dans son oeil» (II, 8).

— lahaine d'Électre a deux raisons qui se renforcent l'une l'autre : l'attachement « oedipien » qu'elle porte à son père,qui lui a fait rejeter sa mère depuis toujours et sa découverte du crime de Clytemnestre, qui donne à sa haine unejustification objective. Oreste est l'ombre d'Électre.

Rêveur et doux, il revient à Argos par nostalgie, pour retrouver l'univers de sonenfance, non pour venger un père dont il ignore l'assassinat.

Son acte final n'est donc en rien déterminé d'avance,et il l'accomplira avec répugnance et maladresse : «Il avait frappé au hasard sur le couple, en fermant les yeux »(II, 9).Heurté dès leur première rencontre par la violence de sa soeur, il essaie de la détourner de sa haine, au profit de «ce gibier qui s'appelle le bonheur» (II, 3) mais c'est peine perdue : par son retour même, Oreste a donné à Électrel'impulsion dont elle avait besoin pour se mettre en quête de la vérité : «Je sens que tu m'as donné la vue, l'odoratde cette haine.

La première trace, et maintenant, je prends la piste» (I, 8).

Quand approche le temps de lavengeance, Oreste n'est plus qu'un instrument dans les mains de sa soeur.. »

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