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LES PERSONNAGES D'HAMLET: Claudius, Gertrude, Polonius, Orsic, Rosencrantz, Guildenstern, Horatio, Laërtes, Ophélie

Publié le 11/03/2011

Extrait du document

 

Hamlet n'est pas, à lui seul, tout le drame. Il ne faut pas commettre l'erreur dont Gœthe se plaignait à juste titre, l'erreur de juger une pièce en fonction d'un rôle, au lieu de considérer ce rôle en relation avec l'ensemble. Or l'ensemble comprend : a) le spectre du Roi, où l'on a même voulu voir le rôle essentiel, sous le prétexte que Shakespeare le tenait en personne, ce qui est excessif, car le Spectre n'est que le promoteur du drame qui pousse et maintient Hamlet dans la voie de la vengeance. b) les deux groupes de personnages qui s'opposent : les falots, les durs, les traîtres, Claudius, Gertrude, Polonius, Orsic, Rosencrantz, Guildenstern, et les sympathiques, Horatio, Laërtes, Ophélie, le premier comédien, les fossoyeurs, Fortinbras.

« qui fut un bien sot radoteur ».

(A.

III, Sc.

4). On est plus indulgent envers Laërtes, dont on rapproche le destin de celui d'Hamlet lui-même, car, lui aussi, doitvenger son père et, de surcroît, sa sœur.

D'où une double action, et, en quelque sorte, deux spectres.

V.

Hugoavait bien marqué que cette double action « traverse le drame et le reflète en petit ».

De son côté, Jean Parissouligne la parenté spirituelle de Laërtes et d'Hamlet, ces deux implacables rivaux, qui vont s'entre-tuer, mais quiont « même devoir, même amour et même fin ».

Dès l'Acte IV, leur identité foncière apparaît.

Elle est si grande qu'ilsse rejoignent dans la mort, côte à côte, et qu'ils se pardonnent : « Echangeons notre pardon mutuel, noble Hamlet,dit Laërtes en expirant, que ma mort ni celle de mon père ne retombent sur toi, ni la tienne sur moi ! ».

Et Hamlet derépondre : « Que le Ciel te pardonne ! Je vais te suivre...

» (A.

V, Sc.

2).

Cependant, bien que l'on comprenne sonjuste désir de vengeance, on ne peut approuver que Laërtes se prête à la machination du Roi lui proposant, pour lecombat qui doit l'opposer à Hamlet, de se servir d'une épée démouchetée.

Laërtes suggère même d'enduire la pointede son fleuret d'un poison violent afin que la blessure portée à Hamlet soit à coup sûr fatale.

Il triche donc,n'acceptant ce duel que certain à l'avance de la mort d'Hamlet, et ne prévoyant pas qu'il y trouvera la mort, luiaussi.

Ce manque de loyauté à l'égard de son adversaire dénote un trait de caractère qui le différencie d'Hamlet,que nous ne supposons pas capable d'une telle action.

A la décharge de Laërtes, précisons toutefois que ce genrede duel « pipé » était chose courante à l'époque. Claudius, l'assassin, le roi usurpateur, le « séducteur incestueux », le « monstre adultère », et la Reine Gertrude,infidèle à la mémoire de son premier mari, ne sont pas dépourvus de vérité.

La critique leur est dure : « personnagesde carton, simples spectateurs qui se moquent de tout », prétend K.

Mansfield.

C'est inexact.

Ils ont, l'un et l'autreune personnalité marquée.

Que Claudius soit lâche et fourbe, endurci dans le mal, machiavélique au besoin, nevoyant dans la prière que le moyen de sortir d'une situation tragique, que la Reine soit légère, facile, instable,indélicate et fausse, il est difficile de le nier.

Toutefois ces deux âmes coupables offrent un spectacle tragique, etShakespeare n'a pas voulu qu'ils fûssent condamnés sans rémission.

Claudius ne manque pas de stature, et, s'il est« un gouffre moral », il ne reste pas insensible à la voix de sa conscience ; dans sa vaine tentative pour trouver lesalut, il va de la terreur au désespoir.

L'admirable monologue où il s'analyse, où il se débat contre le relent et lapuanteur de sa faute, contre « l'antique malédiction originelle », où il se rencontre « en face du péché », sans lesecours de la grâce, ce monologue découvre la psychologie du criminel : « Hélas ! Quelle forme de prière peut-elleme convenir ? « Pardonnez-moi cet horrible meurtre »? Ce n'est pas possible puisque je possède encore ce qui me fitmeurtrier : ma couronne, le pouvoir et ma reine.

Peut-on être pardonné en profitant de ce qui motiva le crime ? ».(A.

III, Sc.

3).

Conscient de ses fautes, il voudrait se repentir, et il ne le peut pas.

D'où son désespoir : « O cœurnoir comme la mort ! O âme enlisée qui, en te débattant pour te libérer, t'enfonces toujours plus ! Anges, venez mesecourir ! Ployez-vous, genoux rétifs, et vous, fibres d'acier de mon cœur, faites-vous plus tendres que les musclesde l'enfant nouveau-né ! ».

(A.

III, Sc.

3).

Crime et Châtiment, de Dostoïevski, est en germe dans ce monologuetorturé. Il l'est peut-être aussi dans le destin non moins pathétique de la Reine.

Quelles que soient les faiblesses et lesfautes de Gertrude, Hamlet la traite avec une telle désinvolture et une telle cruauté qu'on finit par avoir pitié d'elle.Quelle est-elle vraiment ? On l'imagine telle que Hamlet la dépeint, sans la moindre indulgence, telle aussi que sesréactions la laissent deviner.

Il est hors de doute que Gertrude est une femme peu intelligente, foncièrementégoïste, vite oublieuse de son premier mari, qu'elle a peut-être trompé.

En fait, fut-elle vraiment adultère ? Ons'appuie, pour le supposer, sur certaines paroles du Spectre, qui laissent planer le doute : « Ce monstre incestueux(Claudius)...

a fait céder à sa passion honteuse la volonté de ma reine, la plus vertueuse des femmes en apparence».

Mais le mot adultère ne doit-il pas être pris dans le sens où on l'entendait alors ? Etait considérée commeadultère une veuve qui se remariait sans attendre les délais imposés.

Pour Hamlet, il ne fait aucun doute que samère a trompé un noble époux qui la chérissait, et qu'elle est « la plus pernicieuse des femmes ».

Cette inconduiteest criminelle aux yeux d'Hamlet qui, répète-t-on fréquemment, adorait sa mère.

C'est sur cette prétendue adorationque les psychanalystes ont appuyé leur fameuse thèse du complexe d'Œdipe.

Cependant, dans aucune des parolesd'Hamlet on ne décèle un amour immodéré pour sa mère, ni cette jalousie excessive qui, pour Freud et ses disciples,explique tout le drame. Après les révélations du Spectre, la réaction d'Hamlet sera celle de n'importe quel jeune homme épris de pureté etd'absolu, indigné de découvrir l'infidélité et le vice chez celle qui, pour lui, devrait personnifier la vertu.

Son immensedéception se traduit par une colère incontrôlée et un profond dégoût, que sa nature complexe entraînera à exprimerd'une façon excessive et brutale.

Certes Hamlet aimait sa mère, mais il semble qu'il ait, plus encore, aimé son père.En effet, chaque fois qu'il évoque la mémoire du disparu, il déborde de tendresse, de respect et d'admiration.

Il necomprend pas qu'on ait pu, à un aussi grand Roi, faire autant de mal. De nombreux critiques prétendent que Gertrude fut sans doute complice de Claudius dans l'assassinat du Roi.

Ils seréfèrent, pour cela, à d'incertaines allusions d'Hamlet au cours de la dramatique scène 4 de l'Acte III.

Hamlet vientde tuer involontairement Polonius. — La Reine : Malheur ! Qu'as-tu fait ? — Hamlet :. »

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