LES PREMIERS VERS DE LA FONTAINE
Publié le 23/06/2011
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Sur ses débuts poétiques nous n'avons que des indications contradictoires. Sa première oeuvre imprimée, L'Eunuque, paraît seulement en 1654 ; ce n'est évidemment pas un coup d'essai. Mais, en dehors de quatre couplets de chanson, rien ne nous reste de lui, qui ait été sûrement composé avant cette date. Selon d'Olivet, nous l'avons vu, à 22 ans, il imitait Malherbe ; selon Perrault, ses premiers vers « se ressentaient... de la lecture de Rabelais et de Marot «. La Fontaine lui-même qui, dans l'épître au duc de Bouillon, dit avoir « dès l'enfance « vécu parmi les Muses, nous apporte sur les essais de sa jeunesse deux témoignages qui ne s'accordent pas. En 1658 il écrit au début de l'Adonis qu'il offre à Fouquet :

«
Térence était d'un amusant cynisme qui convenait au caractère de ses personnages : Thaïs, admise dans laclientèle du père de Phédria, serait désormais toute à son amant, mais le joyeux couple continuerait à puiser dans labourse du fanfaron.
Chez La Fontaine, Phédrie et Thaïs s'épousent bourgeoisement ; les bienséances ne permettentpas que Thrason soit le banquier du ménage ; il n'en sera que le plastron.
S'ils se gardent de le congédier, ce n'estpas qu'ils aient « peur de fouiller dans le coffre », c'est « afin d'en tirer du divertissement ».Tous les effets comiques sont affaiblis.
Le pétulant Chéréa qui mettait Pamphila à mal après avoir arraché sescheveux et déchiré ses vêtements, devient un pâle jeune premier dont l'audace ne va pas au delà d'un baiser.
Ducoup, la scène irrésistible où le véritable eunuque se débat sous la plus invraisemblable des accusations, perd toutrelief et passe presque inaperçue.Pour avoir entendu trop louer la délicatesse de Térence et sa mesure, La Fontaine semble n'avoir pas su goûter safantaisie et sa verve.
Chose remarquable, ce ne sont pas les bons endroits de son modèle qui l'inspirent le mieux : illes traduit mollement.
Le meilleur de cette « copie », le poète l'a tiré de lui-même.
Délayant sans entrain lemonologue fameux du parasite, il y glisse cette jolie silhouette de mercure galant :
D'ailleurs faire l'agent et d'amour s'entremettre,Couler dans une main le présent et la lettre,Préparer les logis, faire le compliment,Quand monsieur est entré sortir adroitement,Avoir soin que toujours la porte soit fermée,Et manger, comme on dit, son pain à la fumée,C'est ce que je ne puis ni ne veux pratiquer.
Adieu.
Sauf en un curieux passage où il cesse d'être Thrason pour devenir Matamore (« Entre Mars et Vénus mon coeur sesent suspendre...
»), le fanfaron de La Fontaine est assez terne ; il a pourtant un mot sublime auquel Térencen'avait pas songé : trouvant défendue la maison de Thaïs, qu'il pensait enlever sans coup férir, il se hâte de seretirer, mais il plastronne encore en ordonnant la retraite :
De l'avantage acquis étant plus que contents,Soldats, retirons-nous.
A vos rangs prenez garde.Pour moi, j'aurai le soin de mener l'avant-garde.
Les personnages auxquels La Fontaine a donné le plus de caractère sont trois figures de second plan quidemeuraient chez Térence à peu près insignifiantes.
Il a bien silhouetté Damis, le vieillard doux et faible, qui aspire àla retraiteIl se veut désormais tenir clos et couvert,Caresser, les pieds chauds, quelque bru qui lui plaise, Conter son jeune temps, banqueter à son aise.Chrémès, chez Térence, est un tout jeune homme qui promène parmi ces scabreuses aventures une naïveté decoquebin et ne se découvre quelque hardiesse qu'au sortir du banquet où il s'est enivré.
A ce Nicaise, à ce Mazet LaFontaine substitue un vieux garçon, richard, gaillard, paillard, dont la figure semble prise sur le vif.
De même saPythie n'a rien d'une soubrette de théâtre : sorte d'intendante grondeuse et dévouée, habituée à tout gouvernerchez sa jeune maîtresse, assez accorte pour amuser le vieux Chrémès, assez adroite et assez sage pour l'amener àses fins sans rien lui céder, elle anime plusieurs scènes de son alerte caquet.Le vers de La Fontaine, s'il manque un peu de mouvement et d'éclat (au moment où paraissait l'Eunuque Molièrefaisait jouer son étincelant Etourdi) a de l'aisance, de la variété et parfois d'exquises finesses.
Tout compté,l'Eunuque réserve à qui veut bien le relire (ou le lire) plus d'une heureuse surprise..
»
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