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Les prix littéraires de l'automne 1974 et 1975 (Littérature)

Publié le 21/11/2011

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Les prix littéraires de l'automne

Grand Prix du Roman de l'Académie française Le Grand Prix du Roman de l'Académie française a été décerné, le 8 novembre 1973, à Michel DÉoN pour son roman : Un taxi mauve (éditions Gallimard). Michel Déon est né le 4 août 1919 à Paris. Journaliste, il fut, à partir de sa démobilisation en 1942, secrétaire de Charles Maurras, à l'Action française repliée à Lyon. Ses souvenirs de la guerre et ses voyages feront bientôt la matière de ses livres, à commencer par son pre!"ier roman : Je ne veux pas l'oublier, qui, publié en même temps que L'Europe buissonnière de Blondin, donne son style au groupe des « Hussards « dont Nimier était le chef de file.

« Depuis plusieurs années, le Prix Médicis dé­ cerne une palme à un auteur étranger.

En 1973, la palme est allée à l'écrivain tchèque Milan KuNDERA pour son roman La vie est ailleurs (éditions Gallimard), qui, édité en France, est interdit en Tchécoslovaquie.

« Un chef-d'am­ vre », a-t-on dit; ce roman est l'aventure dra­ matique d'un poète à la volonté dominante, d'une mère autoritaire et qui cherche, sans y réussir, sa libération dans l'art et dans l'ac­ tion révolutionnaire, jusqu'à ce qu'il meure.

Il s'agit d'une œuvre allégorique et personne ne s'y est trompé.

La critique n'est nullement auto­ biographique et Freud compte peu dans les rap­ ports de cet homme et de sa mère castratrice .

Tout est politique dans la vision désabusée de Milan Kundera, et la Tchécoslovaquie est au centre du récit.

Né en 1929 à Brno, dans une famille de musiciens, Kundera, vite attiré par la poésie, entra au parti communiste en 1948.

Il devait en être exclu deux ans plus tard.

Le cinéma l'intéresse et il devient professeur à l'Institut des hautes études cinématographiques.

Réintégré au parti après la déstalinisation, il devait en être de nouveau exclu en 1970, en même temps qu'il perdait sa chaire de professeur et que ses ouvrages étaient condamnés à disparaître des bibliothèques.

L'humour, avec ce qu'il peu ·t avoir de tragique, est au centre d'une œuvre que dominent : La plaisanterie (Gallimard), Risi­ bles amours (Gallimard) et une pièce de théâ­ tre, Le propriétaire des clés.

Prix Interallié Le prix Interallié a été décerné cette année à Lucien BonARD pour son livre Monsieur l e Consul (éditions Grasset).

Journaliste, Lucien Bodard ne pouvait être couronné que par un jury de journalistes : son livre n'est pas un reportage à proprement parler , comme c'était le cas de ses ouvrages antérieurs : La guerre d'Indochine, L'enlisement , L'humiliation ou La Chine de Tsen-hi à Mao et Le massacre des In­ diens, c'est une histoire vraie et vécue.

Né le 9 janvier 1914 à Tchoung-King, en Chine où son père était consul, Lucien Bodard a vu, ou du moins a appris sur place et par les récits des siens ce qu'étaient vers les années 20 les existences des Européens installé s dans l'Em­ pire du Milieu en pleine mutation, et la vie des Chinois .

Son récit se borne à un témoignage; peut-être à un faux témoignage tant l'auteur a besoin d'améliorer la vérité et de dramatiser toujours l'histoire.

Prix national des Lettres Le Prix national des Lettres a été décerné à Jacques MADAULE pour l'ensemble de son œuvre qui comprend des ouvrages comme : Le génie de Paul Claudel, Le drame de Paul Claudel, dans le domaine de· la critique littéraire, Le drame albigeois et l'unité française dans le domaine historique, Le chrétien dans la cité dans le domaine social.

Esprit ouvert aux pro­ blèmes de son temps, grand admirateur de Bar­ rès, de Dante, de Dostoïevski et de Graham Greene auxquels il a consacré des études, Jacques Madaule, qui est né le 11 octobre 1898 à Castel­ naudary et, agrégé d'histoire et de géographie, a enseigné à Tunis et à Vanves en particulier, a été maire d'Issy-les-Moulineaux de 1949 à 1953.

Il préside actuellement l'Amitié judéo­ chrétienn e .

Emmanuel Roblès élu à l'Académie Goncourt La place laissée vacante par Roland Dorgelès à l'Académie Goncourt est désormais occupée par Emmanuel Roblès.

Romancier fécond , Em­ manuel Roblès est né à Oran le 4 mai 1914 dans une famille d'origine espagnole et dans un milieu modeste .

Après son passage à l' Ecole normale de sa ville natale, il devait venir à Alger où il rencontra Albert Camus.

Il était encore sous les drapeaux quand il publia son premier roman, L'action , en 1938, œuvre nette­ ment inspirée de l'actualité et des mouvements sociaux qui agitaient l'Europe.

Pendant l'occu­ pation, il écrit un livre où on retrouve l'écho de la guerre d'Espagne : Travail d'homm e, qui, publié en 1945, devait obtenir le Prix populiste.

Les Hauteurs de la ville recevaient en 1948 le Prix Femina.

Le drame algérien, menaçant, y était déjà évoqué à travers les problèmes de la population musulmane.

Toujours sensible aux évén e ments de son temps, Emmanuel Robl ès publie successivement : Cela s'appelle l'aurore .

(1952), Les couteaux (1956), La remontée du fleuve (1964), La croisière (1968), etc.

A la scène, Emmanuel Roblès a donné Montserrat (1948), évocation de la révolte vénézuélienne contre les Espagnols, œuvre vigoureuse où tous les opprimés se sont reconnus, ce qui a fait le succès mondial de cette pièce, La vérité est morte et L 'horloge.

Un portrait de Malraux En écrivant André Malraux, Jean LACOUTURE (éditions du Seuil , 448 pages, 39 F) a tenté de dresser la véritable stature d'un homme qu'il faut bien reconnaître comme extraordinaire, même si on ne sait pas très bien pourquoi il l'est ou le serait.

Malraux fut-il un aventurier ? Il y a des témoins de son existence pour le nier.

Les conquérants ne sont-ils pas nés d'une escale de quelques heures à Hong-Kong ? Mais Paul Morand prétend avoir rencontré l'auteur en Chine et les révolutionnaires chinois l'avoir vu jouer un rôle de premier plan au milieu d'eux ! Ce seul exemple suffit à éclairer, ou plus exactement à enfoncer davantage dans l'ombre qu'il a choisie un homme qui, du pil­ lage d'Angkor à la guerre d'Espagne , de la Résistance à l 'amitié avec De Gaulle, reste dif­ ficile à cerner.

Celui qui voulait être d'Annun­ zio ou Lawrence, comme le prétend Clara Malraux, ce jacobin obsédé d'anticolonialisme, cet esth ète diffus a-t-il joué toute sa vie la comédie de ce qu'il était ? Ses camarades de classe se rappellent son goût pour les mots et pour les discours; il aimait « paraître » , éblouir, tenir le devant du théâtre; c'est cc qu'il n'a pas cessé de faire au cours d'une vie qui de­ meure, quoiqu'on en pense, assez exception­ nelle, au long d'une œuvre souvent éblouissante.. »

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