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Les romans de Malraux sont-ils dominés par le « sentiment tragique de l'His¬toire » (Julien Gracq) ?

Publié le 27/03/2015

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L'ambiguïté du rôle de l'Histoire

 

Beaucoup de critiques insistent sur la noirceur et le pessimisme de la vision his­torique de Malraux alors que, si l'on fait exception pour La Voie royale, les autres romans sont soit le récit de victoires (Les Conquérants, L'Espoir, qui s'arrête sur un succès des républicains), soit d'une défaite porteuse d'espérance (La Condition humaine). La lettre du texte dément l'impression générale : il existe une issue au combat révolutionnaire, un « espoir «. Comment expliquer ce paradoxe ?.

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« DISSERTATIONS LITTÉRAIRES La révolution comme crise tragique La confrontation suppose la crise : la tragédie antique saisissait le personnage au moment où il se trouvait placé devant la toute-puissance du destin.

La révolution ou l'insurrection jouent dans le roman de Malraux un rôle analogue : elle exprime ce moment de paroxysme où la tension est portée à son comble, et où l'affrontement s'avère inévitable.

Les héros sont alors placés dans des circonstances qui les dépas­ sent ou, à l'inverse, les haussent jusqu'au sublime.

Malraux disait de Sanctuaire, de Faulkner, qu'il est« l'intrusion de la tragédie grecque dans le roman policier»; on pourrait dire de ses romans qu'ils sont l'intrusion de la tragédie grecque dans le combat politique.

Ill SENTIMENT TRAGIQUE OU SENTIMENT ÉPIQUE ? L'ambiguïté du rôle de !'Histoire Beaucoup de critiques insistent sur la noirceur et le pessimisme de la vision his­ torique de Malraux alors que, si l'on fait exception pour la Voie royale, les autres romans sont soit le récit de victoires (Les Conquérants, L'Espoir, qui s'arrête sur un succès des républicains), soit d'une défaite porteuse d'espérance (la Condition humaine).

La lettre du texte dément l'impression générale : il existe une issue au combat révolutionnaire, un « espoir ».

Comment expliquer ce paradoxe ? .

La dimension épique de !'Histoire Les conclusions des livres consacrés à l'Histoire sont ouvertes sur le futur.

Elles apparaissent toutes comme un désespoir surmonté par la découverte d'une pos­ sible communauté humaine unie autour du sentiment de fraternité.

Même si on peut parfois trouver que cette conclusion est plaquée sur un récit qui l'infirme, elle est affirmée, un peu à la manière d'une parole qui voudrait conjurer la tentation du désespoir.

Une dimension épique, particulièrement sensible dans L 'Espoir, mais présente aussi dans les autres romans, s'impose alors contre le sentiment tragique.

Une radicale incertitude Si pourtant l'impression générale est différente, c'est que le roman oppose la situation actuelle à la promesse de l'avenir.

Même dans L'Espoir, ce qui est effec­ tivement décrit, ce sont les difficultés qui président à la naissance de la fraternité.

Pour reprendre la distinction de Malraux, on assiste davantage à I' Apocalypse qu'à la révolution.

Or, comme il le fait dire à un personnage,« l' Apocalypse n'a pas de futur».

C'est donc dans l'incertitude de l'avenir que réside la possibilité d'une fra­ ternité durable : l'épopée est pour demain, la tragédie pour aujourd'hui.

On peut même affirmer que l'épopée constitue un horizon de l'action, qui lui confère un sens, plus qu'un objectif véritable à atteindre.

Sa concrétisation se heurte en effet à des impossibilités.

Conclusion: L'Histoire est au cœur des romans de Malraux, comme une interrogation sur le rapport de l'homme moderne au monde.

Vécue sur le mode tragique, elle ouvre pourtant une perspective qui lui confère un sens, essentiellement précaire.

LES ROMANS DE MALRAUX 191 I. »

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