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Les sens du mot « essai » (Montaigne)

Publié le 02/08/2014

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Le titre de l'oeuvre met en avant une pluralité de textes, marqués généra¬lement par la forme brève, reflétant, à travers le vécu de l'individu nommé Michel de Montaigne, le caractère imprévu, inconstant et ouvert de la vie humaine : « Si mon âme pouvait prendre pied, je ne m'essaierais pas, je me résoudrais ; elle est toujours en apprentissage et en épreuve « (III, 2). Mais, d'un autre côté, un titre suffisamment abstrait et général rassemble tous ces textes en traduisant un projet unique : « c'est moi que je peins «, ou encore « je suis moi-même la matière de mon livre « (« Au lecteur «). D'où trois sens du mot « essai « qui peuvent être dégagés : expérience in¬formant authentiquement l'auteur sur lui-même et le monde ; série d'ef¬forts pour parvenir à diriger sa vie ; tentative de dire le vrai par l'écriture.

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« L'épicurisme Pourtant, la sagesse ne consiste pas à se fermer au monde; au contraire, il s'agit de suivre au plus près la nature: d'où la fascination de Montaigne pour le Nou­ veau Monde (III, p.

169) et pour la recherche naturelle du bien et de la vertu dont font preuve les sauvages (1, p.

305).

Le scepticisme Montaigne jette sur l'homme un regard critique et sceptique; on l'a vu récuser le discours des Anciens, celui des savants, la coutume; comme rien n'est stable - ni le monde ni l'homme -il s'agit de s'essayer à cette constante mobilité et d'y établir le plus de conscience possible sans prétendre arriver à une ferme connais­ sance.

Montaigne a donc fait l'essai de plusieurs vérités philosophiques mais sans les faire totalement siennes, sinon comme un moment ou une composante de sa propre recherche.

~ Ill -LA TENTATIVE DE NOMMER CETTE RÉVÉLATION ET CETTE RECHERCHE L'inauthenticité de l'écriture Ceux qui se mêlent d'écrire ne rendent pas vraiment compte de leur expérience mais veulent briller : « ils ne se peuvent garder d'altérer un peu !'Histoire» (I, p.

303 ; voir aussi III, p.

156).

Mettre à l'épreuve nos connaissances Devant l'horreur du cannibalisme des Indiens, Montaigne, pour tenter de relati­ viser ce phénomène, pourra rappeler que la philosophie, la science médicale et l'histoire (1, p.

309) nous ont déjà appris à l'envisager.

L'homme occidental en question Pour dépasser les présomptions de l'écriture et le cadre étroit de la coutume et des mœurs, c'est finalement l'homme occidental qu'il faut constituer en objet d'étude ; il s'agit de renverser sa prééminence et de dénoncer sa barbarie lorsque, sous couvert de religion, il torture « un corps encore plein de sentiment, le [fait] rôtir par le menu( ...

) comme nous l'avons non seulement lu, mais vu de fraîche mémoire, non entre des ennemis anciens, mais entre des voisins et concitoyens » (I, p.

308).

Essais donc, au sens où l'expérience personnelle fonde le jugement moral; où la recherche de la vérité a été préparée par une attitude comparatiste et relativiste ; où le souci de dire le vrai est devenu la seule évidence.. »

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