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"Les sens" Paul Eluard

Publié le 20/02/2016

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29 Janvier 2016. Granottier Morgane Commentaire du poème « Les sens » de Paul Eluard. « Les sens » est un poème extrait du recueil Le lit la table écrit en 1944 par Paul Eluard, de son vrai nom Eugène Grindel. Paul Eluard rencontre Helena Diakonova, qu’il surnomme Gala, en 1914 et l’épouse en 1916 dès sa majorité. La forte personnalité, l’impétuosité, l’esprit de décision et la grande culture de la jeune fille impressionne Eluard qui prend avec elle son premier élan de poésie amoureuse, élan qui se prolongera dans tous ses écrits . Elle lui ouvre des horizons en matière littéraires et lui sert de muse poétique. A partir des années 1920, il participe au mouvement littéraire « Dada » et il rejoint ensuite le « Surréalisme ». Il est extrêmement attiré par les Arts, notamment la peinture et sera entouré des plus grands peintres de son temps tels que Picasso ou Max Ernst et mêlera volontiers son art à celui de la peinture.. Il épouse Nusch, sa seconde femme au retour de son tour du monde, qui comme Gala occupera une place fondamentale dans la vie du poète. Il est également poète engagé contre le guerre, la violence et dans son contexte, la nazisme, il écrit par exemple Poésie et vérité en 1944 dans lequel il exprime que l’amour est le meilleur moyen pour lutter contre la violence. On voit l’appartenance très marquée d’Eluard au surréalisme à travers ces grands thèmes de l’amour, de la peinture et de la poésie engagée. Paul Éluard, outre son étroite collaboration avec les surréalistes, et malgré une santé fragile, a été certainement, avec Aragon, parmi les poètes rassemblés sous la bannière surréaliste, le poète le plus fécond et probablement le plus talentueux de sa génération, inspiré, sa vie durant, par l’amour et le désir. Le poème ; « Les sens » reflète particulièrement bien l’oeuvre du poète, imprégnée de RAPPORT GÉOLOGIQUE 101 !1 lyrisme et d’amour, tout en reprenant les thèmes et les codes surréalistes. la construction du poème ressemble au procédé surréaliste de l’écriture automatique qui est un mode d'écriture cherchant à échapper aux contraintes de la logique. Il s'agit d'écrire ce qui vient à l'esprit, sans se préoccuper du sens. C’est un poème en vers libres. Il utilise majoritairement l’heptasyllabe en association avec quelques décasyllabes. Quant au groupement des vers, Eluard ne se prive pas de tout utiliser; le tercet, la quatrain, le sizain, le distique pour terminer sur un vers seul, coupé de toute la structure poétique. Eluard nous offre un véritable tableau de la nature, qui lui permet de faire un éloge de la femme et d’évoquer à travers eux un processus de création, de naissance nouvelle. Ainsi, dès la première lecture, ce qui nous frappe, c’est l’omniprésence de la nature qui, comme l’annonce le titre même du poème éveille les sens. La nature apparaît à travers le tableau qu’en fait Eluard comme un paradis terrestre, lieu idéal pour rencontrer l’autre, à savoir, la femme. C’est une situation d’éveil des sens qui est d’abord exprimée dans le premier tercet par le jeu même des sonorités. En effet la dentale « t » et les gutturales « c,q » provoquent une impression violente chez le lecteur à travers ces sons forts et claquants. Ses propres sens s’éveillent alors dès les premiers vers du poème, ce qui annonce bien le projet à suivre d’Eluard. Tout le poème se présente comme une peinture de la nature qu’il fait par le biais de procédés stylistiques sensoriels, ce qui lui permet de donner à lire tout le pouvoir et la puissance de cette nature qui éveille nos sens. Il joue en effet avec chacun de nos sens. La vue, extrêmement importante, semble mobilisée tout au long du poème. Il commence en évoquant du « Rien » dès le premier vers, que spontanément on aurait tendance à associer avec la couleur noire mais il lui oppose la « clarté », terme qui revient comme un leitmotiv dans le poème avec la phrase « la clarté de ce matin ». Il semble transcrire le passage du « Rien » à celui de l’état éveillé dans lequel nos sens se déploient. La connotation déjà positive de la « clarté » est renforcée par le déictique très riche de signification « cette » que l’on peut comprendre au sens du « ille » latin qui a une valeur laudative; ce n’est pas n’importe quelle clarté mais une clarté tout particulière. L’importance de la vue est soulignée par l’expression « OEil ouvert » au vers 7, qui par les majuscules inattendues et sa place en début de vers attire toute notre attention, et justement, notre regard qui ne peut s’empêcher de RAPPORT GÉOLOGIQUE 101 !2 s’arrêter sur ces mots. À cela s’ajoutent de nombreuses images très colorées qui relèvent du champ lexical de la nature, telles que « graine », (vers 5) évoquant la couleur marron; « feuilles » au vers 8 à relier avec l’« herbe » du vers 27 qui évoquent la couleur verte; les « pierres » vers 14, le gris; la « violette » et le « jasmin », le violet et le bleu; « soleil » au vers 19 le jaune, l’or et même la couleur la plus éblouissante. La « mer » et le « ciel » (vers 21 et 33) renvoient à la couleur « bleue » exprimée explicitement tandis que « sang » fait un effet de surprise avec sa couleur rouge vif mais dans le nom &la...

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