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LETTRES D'AMOUR

Publié le 20/01/2020

Extrait du document

amour

> QUESTION [4 pts]

Repérez trois fonctions essentielles de la littérature épistolaire mises en valeur dans les textes du corpus.

> TRAVAUX D'ÉCRITURE [16 pts]

I - Commentaire

Vous commenterez le second paragraphe du texte 3 :

« Quant à la dernière que j’ai présentement sous les yeux... mais non pas faire qu’elle existe et cesse de t’adorer » (l. 17 à 39).

II - Dissertation
« J’ai reçu ta lettre avec les mêmes transports que m’aurait causés ta présence ; et dans l’emportement de ma joie, un vain papier me tenait lieu de toi », écrit Saint-Preux à Julie (texte 4).
Saint-Preux définit dans ce passage une fonction de la lettre. Pensez-vous que ce soit le rôle essentiel dévolu en littérature au genre épistolaire ? Vous répondrez en vous appuyant sur les textes qui vous sont proposés, ceux que vous avez étudiés en classe et vos lectures personnelles.
III - Écrit d'invention
Vous rédigerez la réponse de Saint-Preux à la lettre de Julie (texte 2).
Elle commencera par ces mots : « Il n’y a point une ligne dans votre lettre qui ne me fasse glacer le sang, et j’ai peine à croire, après l’avoir relue vingt fois, que ce soit à moi qu’elle est adressée ». Saint-Preux s’accuse et s’excuse.

> CORPUS

J.-J. ROUSSEAU, Julie ou la Nouvelle Héloïse, roman épistolaire, 1761.

1. Première partie, Lettre XXIII, de Saint-Preux à Julie.

2. Première partie, Lettre L, de Julie à Saint-Preux.

3. Deuxième partie, Lettre XIII, de Saint-Preux à Julie.

4. Deuxième partie, Lettre XVI, de Saint-Preux à Julie.

■ Texte 3 : Deuxième partie. Lettre XIII, de Saint-Preux à Julie

Saint-Preux, auquel le père de Julie a refusé sa fille, est parti pour Paris.

[...] En méditant en route sur ta dernière lettre, j’ai résolu de ressembler en un recueil toutes celles que tu m’as écrites, maintenant que je ne puis plus recevoir tes avis de ta bouche. Quoiqu’il n’y en ait pas une que je ne sache par cœur, et bien par cœur, tu peux m’en croire, j’aime pourtant à les relire sans cesse, ne fut-ce que pour revoir les traits de cette main chérie qui seule peut faire mon bonheur. Mais insensiblement le papier s’use, et, avant qu’elles soient déchirées, je veux les copier toutes dans un livre blanc que je viens de choisir exprès pour cela. Il est assez gros ; mais je songe à l’avenir, et j’espère ne pas mourir assez jeune pour me borner à ce volume. Je destine les soirées à cette occupation charmante, et j’avancerai lentement pour la prolonger. Ce précieux recueil ne me quittera de mes jours ; il sera mon manuel dans le monde où je vais entrer : il sera pour moi le contrepoison des maximes qu’on y respire ; il me consolera dans mes maux ; il préviendra ou corrigera mes fautes ; il m’instruira durant ma jeunesse ; il m’édifiera dans tous les temps, et ce seront, à mon avis, les premières lettres d’amour dont on aura tiré cet usage.

Quant à la dernière que j’ai présentement sous les yeux, toute belle qu’elle me paraît, j’y trouve pourtant un article à retrancher1. Jugement déjà fort étrange : mais ce qui doit l’être encore plus, c’est que cet article est précisément celui qui te regarde et je te reproche d’avoir même songé à l’écrire. Que me parles-tu de fidélité, de constance ? Autrefois tu connaissais mieux mon amour et ton pouvoir. Ah ! Julie, inspires-tu des sentiments périssables, et quand je ne t’aurais rien promis, pourrais-je cesser jamais d’être à toi ? Non, non, c’est du premier regard de tes yeux, du premier mot de ta bouche, du premier transport de mon cœur, que . s’alluma dans lui cette flamme éternelle que rien ne peut plus éteindre. Ne t’eussé-je vue que ce premier instant, c’en était déjà fait, il était trop tard pour pouvoir jamais oublier. Et je t’oublierais maintenant ! maintenant qu’enivré de mon bonheur passé son seul souvenir suffit pour me le rendre encore ! maintenant qu’oppressé du poids de tes charmes je ne respire qu’en eux ! maintenant que ma première âme est disparue, et que je suis animé de celle que tu m’as donnée ! maintenant, ô Julie, que je me dépite2 contre moi de t’exprimer si mal tout ce que je sens ! Ah ! que3 toutes les beautés de l’univers tentent de me séduire, en est-il d’autres que la tienne 35 à mes yeux ? Que3 tout conspire à l’arracher de mon cœur ; qu’on le perce, qu’on le déchire, qu’on brise ce fidèle miroir de Julie, sa pure image ne cessera de briller jusque dans le dernier fragment ; rien n’est capable de l’y détruire. Non, la suprême puissance elle-même ne saurait aller jusque-là, elle peut anéantir mon âme, mais non pas faire qu’elle existe et cesse de t’adorer. [...]

1. Supprimer.

2. J’éprouve du dépit.

3. Même si.

amour

« France métropolitaine, septembre 2003 - 20 maisons; on voyait des pampres secs où l'on n'eût cherché que des ronces, des vignes dans des terres éboulées, d'excellents fruits sur des rochers, et des champs dans des précipices.

[ ...

] 1.

Personne qui se fait payer.

Il Texte 2 : Première partie, Lettre L, de Julie à Saint-Preux.

À la suite d'un repas un peu arrosé, Saint-Preux a eu des mots et un comporte­ ment qui ont choqué Julie.

Je n'ai point voulu vous expliquer hier en vous quittant la cause de la tristesse que vous m'avez reprochée, parce que vous n'étiez pas en état de m'entendre.

Malgré mon aversion pour les éclaircissements, je vous dois celui-ci, puisque je l'ai promis, et j'en m'en acquitte.

5 Je ne sais si vous vous souvenez des étranges discours que vous me tîntes hier au soir, et des manières dont vous les accompagnâtes ; quant à moi, je ne les oublierai jamais assez tôt pour votre honneur et pour mon repos, et malheureusement j'en suis trop indignée pour pouvoir les oublier aisément.

De pareilles expressions avaient quelquefois frappé mon oreille 10 en passant auprès du port; mais je ne croyais pas qu'elles pussent jamais sortir de la bouche d'un honnête homme ; je suis très sûre au moins qu'elles n'entrèrent jamais dans le dictionnaire des amants, et j'étais bien éloignée de penser qu'elles pussent être d'usage entre vous et moi.

Eh dieux ! quel amour est le vôtre, s'il assaisonne ainsi ses plaisirs ! Vous 15 sortiez, il est vrai, d'un long repas, et je vois ce qu'il faut pardonner en ce pays aux excès qu'on y peut faire ; c'est aussi pour cela que je vous en parle.

Soyez certain qu'un tête-à-tête où vous m'auriez traitée ainsi de sang-froid eût été le dernier de notre vie.

Mais ce qui m'alarme sur votre compte, c'est que souvent la conduite 20 d'un homme échauffé de vin n'est quel' effet de ce qui se passe au fond de son cœur dans les autres temps.

Croirai-je que dans un état où l'on ne déguise rien, vous vous montrâtes tel que vous êtes ? Que deviendrais-je si vous pensiez à jeun comme vous parliez hier au soir ? Plutôt que de supporter un pareil mépris, j'aimerais mieux éteindre un feu si grossier, et 25 prendre un amant qui, sachant si mal honorer sa maîtresse, mériterait si peu d'en être estimé.

Dites-moi, vous chérissez les sentiments honnêtes, seriez-vous tombé dans cette erreur cruelle, que l'amour heureux n'a plus de ménagement à garder avec la pudeur, et qu'on ne doit plus de respect à celle dont on n'a plus de rigueur à craindre? Ah! si vous aviez toujours 30 pensé ainsi, vous auriez été moins à redouter, et je ne serais pas si malheureuse! Ne vous y trompez pas, mon ami; rien n'est si dangereux pour les vrais amants que les préjugés du monde ; tant de gens parlent 245. »

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