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L'étude sur la vitesse d'Un coeur simple (Flaubert)

Publié le 12/04/2011

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Chapitre I  Deux types de vitesse

 

La vitesse est un élément fondamental, que ce soit le ralentissement ou l'accélération, l'objectif de la narration est d'ouvrir, d'agrandir et d'affiner certains expérience spécifique de l'homme. Avant d'aborder l'étude, quelques précisions de la définition de vitesse sont sans doute nécessaires. Tout d'abord, quelle est la vitesse du récit? Et quelle est la vitesse métaphorique dans Un cœur simple ? Quelle est la relation entre les deux vitesses ?

 

1.      La vitesse invisible : La vitesse du récit

Après avoir se référé à la théorie de G. Muller et R. Barthes, Gérard Genette donne sa définition de la vitesse : « On entend par vitesse le rapport entre une mesure temporelle et une mesure spatiale (tant de mètres à la seconde, tant de secondes par mètre) : la vitesse du récit se définira par le rapport entre une durée, celle de l'histoire, mesurée en secondes, minutes, heures, jours, mois et années, et une longueur : celle du texte, mesurée en lignes et en pages. «[1] Il est sans doute inutile d'indiquer qu'une vitesse égale, sans accélérations ni ralentissements, n'existe pas, les lecteurs n'auront pas une telle patience pour tourner à la dernière page d'un roman qui n'admettrait aucune variation de vitesse. « Un récit peut se passer d'anachronies, il ne peut aller sans anisochronies, ou, si l'on préfère (comme c'est probable), sans effets de rythme «[2] Jusqu'ici, on peut considérer que la vitesse est justement le rythme. 

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« 2.

La vitesse visible : La vitesse du cœur de Félicité Par rapport à la vitesse du récit que nous venons d'évoquer, il existe une autre vitesse dans ce conte, la vitesse du cœur de Félicité.

La durée de cette vitesse est aussi 70 ans, et l'autre facteur décisif est l'espace.

C'estsa maison où s'abrite son cœur simple.

Dès le début du conte, l'espace se montre son importance dans le récit.Georges Poulet affirme que quand les autres écrivains « se contentaient de suivre le héros, d'action en action, lelong de sa ligne temporelle…Flaubert est le premier qui, abandonnant cette conception unilinéaire ou monocentrique,construise son roman comme une série de foyers à partir desquels, en avant, en arrière, de tous côtés, il y a undéploiement et rayonnement à la fois temporel et spatial.

» [6] La plupart du premier chapitre est consacré à décrire la maison, c'est dans cette maison de trois étages que Virginie, Madame Aubain et Félicité arrivent successivementà leur fin de vie.

Elle est « moins dispendieuse », « sentait un peu le moisi », «où Madame Aubain se tenait tout delong du jour», « un vieux piano », « le salon toujours fermé et rempli de meubles recouverts d'un drap » [7] qui nous évoque un souvenir d'autrefois, et nous donne une image figée, le temps ici se congèle.

« Félicité travaillait jusqu'ausoir sans interruption ; puis le dîner étant fini, la vaisselle en ordre et la porte bien close, elle enfouissait la bûchesous les cendres et s'endormait devant l'âtre, son rosaire à la main ». [8] Tous les jours, de toute sa vie, le corps de Félicité est dans cette maison close, cette maison se bâtit sur le corps de Félicité, elle est sa seconde peau, elleest son habit, Félicité est habituée à habiter dans cet habit, l'habit-habitation-habitude devient un ensemble.Permettez-nous à citer l'image de l'escargot du poème de Francis Ponge qui a parfaitement interprété cette relation‘‘habit-habitation-habitude'' : « A remarquer d'ailleurs que l'on ne conçoit pas un escargot sorti de sa coquille et nese mouvant pas.

Dès qu'il repose, il rentre aussitôt au fond de lui-même… Certainement c'est parfois une gêned'emporter partout avec soi cette coquille mais ils ne s'en plaignent pas et finalement ils en sont bien contents.

Ilest précieux, où que l'on se trouve, de pouvoir rentrer chez soi et défier les importuns.

Cela valait bien lapeine.

…noblesse, lenteur, sagesse, orgueil, vanité, fierté…Leur sécrétion même se produit de telle manière qu'elle semet en forme.

Rien d'extérieur à eux, à leur nécessité, à leur besoin n'est leur œuvre.» [9] Retournons sur notre héroïne : « Econome, elle mangeait avec lenteur, et recueillait du doigt sur la table les miettes de son pain – un painde douze livres qui durait vingt jours.

» [10] « En agissant comme une peau extérieure qui dicte notre comportement, nos croyances, nos perceptions ainsi que nos façons de vivre, l'architecture influence notre façon d'appréhender etde gérer la réalité.

» [11] Au cours du temps perdu, chaque geste et chaque comportement de Félicité se manifeste la forme et la gravure de cette maison dont chaque coin et chaque carré laisse voir la trace et la mémoire deFélicité.

C'est seulement dans cette maison que la durée de la vie de Félicité démontre pleinement.

Alors nouspouvons aussi dire que Pont-l'Evêque est l'habitation de Félicité, et le corps de Félicité incarne le temps et l'espacede Pont-l'Evêque ainsi que son passé. C'est déjà clair que la vitesse du cœur de Félicité est lente qui est en contraste frappant avec le récit précipité en 70 pages.

Raconter cette histoire par l'auteur devient donc un acte de bonté, il enregistre quelques momentsimportants ou négligeable d'une vie humble, il lutte contre le temps impitoyable pour elle.

Nous allons voir dans ceschapitres suivants comment Flaubert organise sa défense pour Félicité.. »

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