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L'histoire de DON JUAN

Publié le 29/01/2012

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Il semble que la légende de Don Juan trouve son origine dans des mythes très anciens et très répandus ; mais le personnage a pu être également inspiré par des nobles ayant réellement vécu dans l’Espagne de la Renaissance, ainsi que par un fait divers de l’époque. Il se diffuse ensuite rapidement

en Europe, et, jusqu'aux réécritures (en même temps pâlottes et hardies) de nos jours, se distingue par un certain nombre d'invariants.

1. L’HISTOIRE DU THÈME

a. Les mythes sous-jacents

— Le séducteur : celui qui, pour une raison particulière ou par un charme spécial, sait plaire (Orphée chez les Grecs, etc.)

— Le profanateur : celui qui défie Dieu/les dieux pour assumer sa liberté et son humanité (Prométhée chez les Grecs, Adam et Ève chez les Hébreux, Faust, etc.) ....

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« que, partira de cette perfection même, perfection ouverte et non close, pour essayer de transformer le mythe sans le déformer », écrit Jean Massin.

On peut ajouter une troisième phase, qui naît à la toute fin du XIXe siècle et se fonde sur une relecture du mythe en tant que mythe, de même que sur l’idée souvent d’une dé- cadence de Don Juan. 2.

LES INVARIANTS Comme tous les mythes, celui de Don Juan repose sur un certain nombre d’invariants. • Un homme nommé Don Juan (ou différentes variantes du prénom “ Jean ” dans des versions plus récentes, par exemple “ Jeanne ” chez Nicole Avril) • membre de la classe dominante de la société (un grand noble, un grand patron chez Roger Vailland) • doté d’une grande vitalité, d’un certain narcissisme et assez sadique • séduit une multitude de femmes • de toutes les classes sociales : • des femmes du peuple sont toujours concernées (Charlotte et Mathurine chez Molière, Zerlina chez Mozart) • des fiancées (Zerlina chez Mozart, la fiancée de l’entracte I/II chez Molière, Dona Anna chez Mozart) • une religieuse (chez Lenau, il introduit la luxure dans un monastère par l’intermédiaire d’une di- zaine de filles déguisées en hommes) • par son charme et la fascination qu’il exerce, • par le mariage (il est polygame) ou la promesse, • par le viol, par exemple en se faisant passer, dans l’obscurité, pour un fiancé (Dona Anna chez Mozart, Isabelle chez Tirso et Lenau). • Il voyage beaucoup (il est en Sicile chez Molière, revient d’exil chez Pouchkine ; voyez le cata- logue de da Ponte). • Il offre au moins une fête/un repas/un bal. • Il est accompagné d’un personnage • au nom presque toujours différent • au rôle flou • qui est plus son double que son serviteur • et qui tient un catalogue des conquêtes de son maître (pas chez Tirso, mais dès les années 1650 ; cette liste est évoquée chez Molière ; « mille e tre » chez Mozart). • La séduction est pour Don Juan moins un plaisir qu’une forme de révolte contre l’ordre social et/ou divin (« Je ne veux plus souffrir de père ni de maître/Et si les dieux voulaient m’imposer une loi/Je ne voudrais ni Dieu, père, maître, ni roi » Villiers, 1659). • Il tue/a tué un Commandeur, père d’une de ses conquêtes ; • il défie une statue placée sur la tombe de ce dernier, l’invite à dîner, elle accepte d’un signe de tête ; • elle se rend au dîner et invite à son tour Don Juan ; • puis vient le chercher pour l’entraîner en enfer ; • Don Juan fait face à la damnation et meurt sans se repentir. • Il est toujours envisagé/présenté par ses auteurs de manière ambivalente, comme une sorte de monstre, en même temps qu’un personnage positif, d'où une certaine fascination. Les différents auteurs jouent sur la présence, l’absence ou la transformation de ces éléments. Conclusion : Don Juan, thème littéraire, légende ou mythe ? L’histoire de Don Juan est plus qu’un thème littéraire, sinon elle n’aurait pas eu un tel succès. Quelle est la différence entre un mythe et une légende ? Étymologiquement un mythe est un récit, alors qu’une légende est un texte « qui doit être lu ».

L’origine met donc en valeur, dans le cas de la lé- gende, l’aspect moral, c’est un texte d’enseignement, le sens est le plus important.

Au contraire dans un mythe, c’est le récit plus que sa signification qui compte.

Il exprime des traits saillants de l’esprit humain (« La fonction du mythe est de nous présenter à l’état pur, incandescent, ce qui s’agite en nous parmi toutes sortes de scories, de compromissions », écrit Jean Massin). De ce point de vue, Don Juan est un mythe : son histoire ne peut prétendre être morale (même si elle fut écrite pour cela au départ), mais elle résume une tendance de l’esprit humain, la révolte contre l’ordre du monde et la volonté de lui lancer un défi.

Elle se rapproche en cela du mythe de Prométhée, qui vola le feu aux dieux et en fit cadeau à l’humanité.

On peut dire que ces deux mythes symbolisent la civilisation euro péenne, qui cherche à s’affranchir de l’ordre naturel/divin.. »

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