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L'importance et la signification des lieux dans Un Roi sans Divertissement de Giono

Publié le 17/01/2022

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À la fois réels et imaginaires, précis et flous, les lieux décrits dans le roman y jouent un rôle déterminant. L'action se concentre dans un village, mais les déplacements en direction ou à partir de celui-ci sont nombreux et significatifs et d'autres lieux, théâtres d'actions spectaculaires, se chargent alors d'un fort sens symbolique, funeste ou favorable.
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« Saint-Baudille, le fief de Mme Tim, est un château qui domine le village, entouré de trois terrasses, il sembleéchapper aux méfaits de l'hiver et à l'ennui.

Il est plein de vie et de bonheur grâce aux fêtes qu'elle y organise sanscesse, comme celle du 6 août destinée à distraire Langlois (description pp.

197-203). En hauteur par rapport à un village du versant du Diois, la maison de la brodeuse est défendue par des fenêtresavec barreaux et sa situation lui permet de voir de loin arriver les visiteurs comme pour s'en prémunir.

C'est un lieuprotégé mais fragile (pp.

168-169). Les grands espaces sont décrits pendant que Frédéric II poursuit M.V., avec un mouvement ascensionnel, et ilssymbolisent la liberté, la découverte d'un nouveau monde : « Quand il parlera du pays derrière l'Archat il en parlera comme Colomb devait parler des Indes Orientales.

» II.

Les décalages de la narration Des narrateurs dans le temps de l'histoireDeux narrateurs sont directement en prise avec l'histoire, il s'agit de Frédéric II et de Saucisse.

Frédéric II raconte,dans la première partie, l'arrestation et l'exécution par Langlois de M.V.

à Chichilianne, après sa propre découvertede l'identité du meurtrier.

L'auteur ponctue son récit de propositions incises : « dira Frédéric II » (p.

71) quiindiquent qu'il en fit le récit quelque temps après l'événement mais sans préciser exactement quand.

Mais lesréflexions qu'il fait montrent qu'il est encore sous le coup de l'émotion.

Saucisse, quant à elle, âgée de près dequatre-vingts ans, raconte aux villageois avec un décalage de vingt ans — en 1867-68 — les événements survenusentre la battue au loup et le suicide de Langlois.

Les vingt années écoulées lui permettent une compréhension plusclaire des actions et des paroles de Langlois. Des narrateurs hors du temps de l'histoireDeux autres narrateurs sont, quant à eux, en net décalage temporel : les vieillards, des villageois qui ont participé àl'histoire, la racontent à l'auteur-narrateur vers 1916.

Ils commentent d'abord le retour de Langlois au village auprintemps 1846 et la battue au loup qui suivit et à laquelle ils participèrent.

Puis ils racontent le dernier jour deLanglois : sa visite chez Anselmie, le 20 octobre 1848, juste avant son suicide.

Enfin l'auteur-narrateur lui-même, àl'époque de l'écriture — 1946 —, raconte longuement, au début du roman, les disparitions successives au village,l'enquête de Langlois et la traque menée par Frédéric II un siècle auparavant.

Il ne reprend la narration qu'à la toutefin du roman, pour le suicide de Langlois. III.

Une saison privilégiée : l'hiver Par son lien avec l'actionEn rapport avec le temps, une saison a une importance particulière dans l'intrigue, il s'agit de l'hiver.

Tout d'abordparce qu'elle rythme le récit, en le ponctuant à intervalles réguliers : l'hiver 1843-44 et l'hiver 1844-45 durantlesquels ont lieu les disparitions et la mort de M.V., dans la première partie; l'hiver 1846 durant lequel a lieu la mortdu loup, dans la seconde partie; l'hiver 1847 durant lequel ont lieu la construction du bon galove et les projets demariage; et l'histoire de Langlois s'arrête juste avant l'hiver 1848, à « la première chute de neige ». Par son sens symboliqueL'hiver est associé à la mort; aucune mort ne se déroule à une autre saison, si ce n'est la mort de Langlois, qui estchoisie et non subie comme les autres.

Or Langlois se donne la mort juste avant l'hiver, à la première chute deneige, pour échapper à la tentation de la cruauté qu'il sent venir en lui, et que le sang de l'oie qu'il demande àAnselmie de tuer ne suffit pas à enrayer.

L'hiver est en effet la saison de l'ennui, de l'inaction bien sûr dans cetterégion de montagne, mais au-delà, de l'« ennui » au sens pascalien, qui met l'homme face à ses « misères », etauquel il ne peut échapper que par le « divertissement », représenté ici par la cruauté. »

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