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L'instant fatal de Raymond Queneau (commentaire)

Publié le 11/12/2011

Extrait du document

L’instant fatal

 (1948)

 

Recueil de poèmes

 

Commentaire

 

Le recueil groupe quatre-vingt-dix poèmes écrits beaucoup plus tôt, réunis en quatre sous-groupes :

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                      ‘’Si tu t’imagines’’

 

«Si tu t’imagines

Si tu t’imagines

Fillette fillette

Si tu t’imagines

Xa vaxa vaxa

Va durer toujours

La saison des za

La saison des za

Saison des amours

Ce que tu te goures

Fillette fillette

Ce que tu te goures 

 

Si tu crois petite

Si tu crois ah ah

Que ton teint de rose

Ta taille de guêpe

Tes mignons biceps

Tes ongles d’émail

Ta cuisse de nymphe

Et ton pied léger

Si tu crois petite

Xa va xa va xa va

Va durer toujours

Ce que tu te goures

Fillette fillette

Ce que tu te goures

 

Les beaux jours s’en vont

Les beaux jours de fête

Soleils et planètes

Tournent tous en rond

Mais toi ma petite

Tu marches tout droit

Vers sque tu vois pas

Très sournois s’approchent

La ride véloce

La pesante graisse

Le menton triplé

Le muscle avachi

Allons cueille cueille

Les roses les roses

Roses de la vie

Et que leurs pétales

Soient la mer étale

De tous les bonheurs

Allons cueille cueille

Si tu le fais pas

Ce que tu te goures

Fillette fillette

Ce que tu te goures«

 

Commentaire

 

Le poème fut initialement intitulé ‘’C’est bien connu’’.

Raymond Queneau y exprime une sagesse qui est une acceptation de la vie, de la vieillesse en particulier. En ce domaine, il n’y a rien à inventer, et c’est à la façon de Ronsard dans ‘’Quand vous serez bien vieille’’ qu’il ne put que moderniser le «Carpe diem«.

À l’initiative de Jean-Paul Sartre, le poème fut mis en musique par Joseph Kosma et chanté par Juliette Gréco pour la première fois le 18 juin 1949 ; il devint la chanson la plus populaire de l’année. Sur la chanson en général, Raymond Queneau émit cet avis : «La chanson n’est pas du tout un art mineur. En quelques années, la chanson est devenue intelligente, humoristique, sensible, satirique, enfin intéressante. La chanson a pénétré dans toutes les couches sociales. Elle a ses lettres de noblesse et une portée sociale évidentes. Elle fait partie de notre vie quotidienne. «

« 2 Et que leurs pétales Soient la mer étale De tous les bonheurs Allons cueille cueille Si tu le fais pas Ce que tu te goures Fillette fillet te Ce que tu te goures » Commentaire Le poème fut initialement intitulé ‘ ’C’est bien connu’’ .

Raymond Queneau y exprime une sagesse qui est une acceptation de la vie, de la vieillesse en particulier.

En ce domaine, il n ’y a rien à inventer, et c’est à la façon de Ronsard dans ‘ ’Quand vous serez bien vieille’’ qu’ il ne put que moderniser le «Carpe diem ».

À l’initiative de Jean- Paul Sartre, le poème fut mis en musique par Joseph Kosma et chanté par Juliette Gréco pour la première fois le 18 juin 1949 ; il devint la chanson la plus populaire de l’année.

Sur la chanson en général, Raymond Queneau émit cet avis : « La chanson n’est pas du tout un art mineur.

En quelques années, la chanson est devenue intelligente, humoristique, sensible, satirique, enfin intéressante.

La chanson a pénétré dans toutes les couches sociales.

Elle a ses lettres de noblesse et une portée sociale évidentes.

Elle fait partie de notre vie quotidienne.

» ------------------------------------------------------------------------------------ --------------------------------------------------- Commentaire sur ‘’L’instant fatal’’ Cette suite de poèmes consacrés à la vieillesse et à la mort et plein s d’ironie grinçante est peut -être la seule œuvre de Raymond Queneau qui mérite la qualification d ’«humour noir ».

Ce qu’on n’avait pas fait depuis Villon, il parla de notre disparition en des termes à la fois badins et terrifiants, l ’angoisse de l ’heure dernière se dissimulant mal sous cette faconde fanfaronne, qui va de «Quand nous pénétrerons la gueule de travers / dans l ’empire des morts » à «Je crains pas ça tellement la mort de mes entrailles ».

Or, q uand, de 1943 à 1948, il composa ces poèmes remplis d’horreur pour la décrépitude et la perspective de l ’autre monde, il avait entre quarante et quarante -cinq ans ; il ne savait évidemment pas qu’ il allait en vivre trente encore ; mais pourquoi prit -il une telle avance sur le déroulement normal de la vie d’ un homme occidental plutôt bien bâti? Personne ne peut répondre à cette question.

On peut seulement observer que, dans presque tous ses romans et notamment dans ceux qui précèdent ‘ ’L’instant fatal’’ , on trouve un enterrement.

La mort était un thème récurrent chez lui, et même une véritable obsession.

Il ne put jamais perdre de vue que «toujours l ’instant fatal viendra pour nous distraire».

Nous distraire aux deux sens du terme : nous retrancher du monde, mais aussi nous sortir de nos préoccupations quotidiennes.

Car, si l ’on en croit Victor Hugo, le poète est «u n homme qui pense à autre chose».

Dans sa première version le recueil ne comporte que trois parties (‘ ’L’instant fatal’’ , ‘’Un enfant a dit’’ , ‘’Marine’’ ), la première donnant son titre à l'ensemble et indiquant par là même la perspective générale du volume, marqué par une conscience de la m ort déjà présente dans ‘’Les ziaux’’.

Pour l'édition du recueil ‘’Si tu t'imagines’’ , en 1952, la distribution fu t réaménagée ; étoffé, le volume comporta désormais quatre parties, les dates entre parenthèses signalant les années de composition des poèmes : I.

‘ ’Marine’’ (1920- 1930) ; II.

‘’Un enfant a dit’’ (1943 -1948) ; III.

‘ ’Pour un art poétique’’ (initialement paru dans le volume ‘’Bucoliques ’’, 1947) ; IV.

‘ ’L’instant fatal’’ (1943- 1948).

Ainsi recomposé, le volume présente une diversité de tons analogue à celle observée dans ‘ ’Les ziaux’’, puisqu'une fois encore, Queneau réunit des textes d'époques variées.

L'empreinte surréaliste se manifeste avec force dans l'ensemble des poèmes de ‘’ Marine’’, où le brouillage du sens, la rupture avec l'enchaînement logi que, mais non les règles prosodiques, correspondent aux mots d'ordre de cette sténographie de l'imaginaire en liberté que prônait le surréalisme.

Plus ici qu'en aucune de ses autres compositions, Queneau, qui fut collaborateur de ‘’La r evue surréaliste’’ où fut d'ailleurs publié initialement " Le tour de l'ivoire" figurant dans ‘’ Marine’’, semble s'être rallié à la fameuse définition de «la lumière de l'image» selon Breton : «C'est du rapprochement en quelque sorte fortuit des deux termes qu'a jailli une lumière particulièr e, la lumière de l'image» (‘ ’Manifestes du surréalisme ’’).

Si la luxuriance des images n'est pas, tant s'en faut, la seule clé de l'authenticité poétique, même pour les surréalistes, elle n'en forme pas. »

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