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LITTÉRATURE ALLEMANDE de 1957 à 1967 - XXe siècle

Publié le 25/10/2011

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En attribuant en 1958 son prix à GuNTER GRASS (né en 1927) pour un chapitre du « Tambour «, Je Groupe 47 révélait au public allemand un écrivain particulièrement original. Fils de Danzig, GRASS ne peut oublier la patrie perdue dont la nostalgie lui inspire les meilleurs passages de sa trilogie « Le Tambour « (1959) « Chat et souris « (1961), « Les Années de chien « (1963). L'oeuvre de GRASS par sa faconde, son goût des personnages excentriques aux aventures baroques rappelle les créations bien allemandes d'un GRIMMELSHAUSEN ou d'un JEAN PAUL, il imite même ce dernier dans le choix fantaisiste des titres de chapitres.

« « Ecriture braille » (1964), dans une langue drue et crue, fustigent la veulerie humaine, l'absurdité d'un monde qu'il nous peint avec la vigueur d'un James Joyce noyé dans une écume rose écœurante (« L'Ecume »).

Il serait injuste d'oubli er le poète d'Allemagne de l'Est PETER HUCHEL (né en 1903) qui fut jusqu 'en 1962 le rédacteur de la revue de Berlin Est « Sens et Forme » .

Dans « Poèmes » (1949) et « Chaussées, chaussées » (1963) il évoque dans un lyrisme classique à l'émotion sincère les vic­ times du dernier conflit , cf.

« La loi ».

LE ROMAN Dans le domaine du roman HEINRICH BoLL (né en 1917) poursuit à un rythme régulier l'élaboration d'une œuvre qui par son volume et son importance le classe au premier rang des auteurs allemands contemporains.

« Le pain des jeunes années » (1955) est une étude psychologique; la vie d'un jeune homme jus­ qu'alors dominée par les besoins matériels - l'action se déroule en 1945 - est miraculeuse­ ment transformée par l'amour, la rencontre d'une ancienne amie d'enfance.

En une seule journée deux êtres comprennent qu'ils sont destinés l'un à l'autre et que tout le reste n'est rien.

Plus important le roman « Billard à 9 h e u­ res et demie » (1959 ), titre français « Les deux sacrements », raconte l'histoire de trois géné­ rations, celle de la famille Fii.hmel dont le sort se trouve symboliquement uni à celui d'une abbaye construite par le grand-père, détruite pendant la guerre par le père et reconstruite par le fils.

Contrairement à ce que croit la famille, ce n'est pas pour des raisons militaires que Robert Fiihmel la fit sauter vers la fin des hostilités, mais parce qu'il avait découvert que les moines eux-mêmes avaient succombé à l'esprit du mal, avaient servi Hitler .

Le des­ tin des Fii.hmel et de leurs proches sous le ré­ gime nazi, puis dans les années qui suivirent la défaite, permet une fois encore à l'auteur de montrer les diverses réactions du peuple alle­ mand devant la dictature, les résistants, les ré­ signés, les opportunistes; ce sont ces derniers qui après la guerre reprennent sans pudeur le haut du pavé et parmi lesquels l'Allemagne recrute de nouveau ses hauts fonctionnaires.

Boil se souvient de procès retentissants engagés contre d'ex-nazis revenus comme par miracle A des postes importants dans la République de Bonn.

La vieille madame Fiihmel dont l'esprit s'est égaré à la suite des épreuves morales su­ bies pendant la guerre, se montre dans sa folie plus clairvoyante que le régime lorsqu'elle tire sur un de ces dignitaires.

Finalement c'est au garçon d'ascenseur avec lequel il fait tous les jours à neuf heures trente à l'hôtel du « Prince Henri » sa partie de billard que Robert Fiihmel lèguera sa propriété, accordant sa confiance à une jeunesse qui n'a pas trempé dans les com­ promis des années passées et seule capable de retrouver le chemin de l'honneur.

C'est ce pro­ cès de la République Fédérale que poursuit Hermann Boil dans ses deux derniers romans « Points de vue d'un clown :.

(en français « La Grimace ») et « Fin d 'une mission » (1966) .

Il y dénonce l'hypocrisie d'une société dans la­ quelle la réussit e seule compte, une société ins­ tallée dans le confort matériel qui préfère un oubli commode à l'examen de ses fautes, un e société qui répond aux reproches des morali s­ tes : « Hitler ? Connais pas ».

Dans le premi er livre d'ailleurs , l'Allemagne de l'Est n'est pas non plus ménagée; on y a invité le clown parce que ses numéros raillent cruelleiJlent les autorités civile s et religieuses de Bon ·n , mais celui-ci refus e de les présenter ici « cela n'au­ rait aucun sel, dit-il, dans un pays qui ignore les cardinaux et les conseils d'administration » il leur propose par contre « une séance du co­ mité local » o u bien « l'asse mblée du parti élit son comité directeur », sketches qui sont refu.

sés avec indignation par le représentant cul­ turel du parti , ce serait insulter la classe ou­ vrière.

Avec Boil le clown constate que l'hypo­ crisie semble le seul point commun aux deux Allemagnes.

« Fin d'une mission », sur le même mode satirique mais souvent teinté d'amertune, reste fidèle au thème de la mise en accusation de l'Allemagne moderne.

Ceci au cours d'un procès que la magistrature d'une petite ville al­ lemande intente à Johann et Georg Gruhl, le père et le fils, pour avoir brûlé publiquement une Jeep de la Bundeswehr, geste gratuit de révolte, protestation solennelle contre une so­ ciété que l'on renie.

A travers les propos du président du tribunal, les dépositions des nom­ breux témoins y compris des psychiatre s et des militaires de la Bundesw ehr, Boil cherche à démontrer que le seul souci de l'Etat est de sauver la respectabilité, de rejeter tout senti­ ment non conformiste au nom d 'une bonne conscience qui n'est souvent que de façade.

Le thème de l'Allemagne divisée a inspiré à Uwe JoHNSON (né en 1934) deux livres qui ont assuré à ce jeune romancier une notoriété sou­ daine, « Hupothèses concernant Jacob » (1959) (titre français, « La Frontière ») et « Le troi­ sième livre sur Achim » (1961) (titre français, « L'impossible biographie » ), thème que nul mieux que lui n'était placé pour traiter puis­ que, originaire de Poméranie et après des étu­ des universitair es à Leipzig et un début de car­ rière en Allemagne de l'Est, il s'est finalement installé à Berlin Ouest.

Uwe Johnson qui uti­ lise les procédés du Nouveau Roman, s'efforce d'éclairer le problème des rapports entre l'Est et l'Ouest par approches successives .

Le titre du premier livre est significatif, « conjectu­ res », « hypothèses ».

Le lecteur n'apprend l'his­ toire de Jacob Abs, chef de service des chemins de fer est-allemands dans une ville au bord de l'Elbe que par des bribes de conversation, des fragments de journal intime, des monologues intérieurs, le tout rapporté pêle-mêle sans souci de chronologie.

Quoique fonctionnaire conscien­ cieux et estimé, Abs est cependant surveillé par la police de la sftreté intérieure qui con­ naît ses rapports avec Gesine Cresspahl, une amie d'enfance qui, passée à l ' Ouest, travaille comme interprète au quartier général de la N.A.T.O.

La police voudrait utiliser Jacob pour attirer Gesine en Allemagne de l'Est et la ga­ gner au service de l'espionnage soviétique.

Ja-. »

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