LITTÉRATURE ALLEMANDE : GOETHE ET SCHILLER
Publié le 22/10/2011
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Torquato Tasso, également en vers iambiques, est beaucoup plus long et moins propre à la représentation. Il s'y trouve de très beaux passages et nous y voyons encore une figure de femme, la princesse Eléonore d'Este, qui est, comme Iphigénie (ou Mme de Stein !) une incarnation de ces âmes féminines qui répandent la paix autour d'elles et guérissent de leurs tourments intérieurs les pauvres hommes déchirés par leur génie ou leurs passions.

«
Ennemi de la tristesse, de la langueur, de la mélancolie, comme de tout ce qui désa grège l'âme et affaiblit le caractère, l'auteur de W erther a été amoureux à tous les âges, mais il a vu dans l'amour plutôt l'enrichisse ment que les souffrances.
Dans toutes les villes où il a passé, ne serait-ce que que lque s ann ées de sa vie, nous trouvons une fi~rur e de femme qui fut son inspiratrice : Gretchen à Francfort, lorsqu 'il n'était qu'un jeune écolier; Annette à Leipzig, pendant ses études à l'Université ; Mlle de Klettenberg, de nouveau à Francfort où le jeune étudiant était revenu assez gravement malade et où cette amie de la famille, âme très religieuse,
éveilla en lui le sens du mystère; à Strasbourg , Friedericke Brion, lors de l'idylle de Sesenheim ; à Wetzlar, la Charlotte Buff de W~rther; à Weimar enfin, où le duc l'avait appelé en 1775, cette autre Charlotte que fut Mme de Stein, et Christiane, la petite fleuriste qu'il devait épouser beaucoup plus tard.
Sans parler de la belle Italienne des E!ég >es romaines, de Minna Herzlieb (1809), de Marianne de Willemer dont plusieurs poésies furent incorporées dans le Divan (1814), de mrike de Levetzow (1822) et sans doute de plusieurs autres.
Cette constante jeunesse de cœur a fait de Gœthe le plus grand poète lyrique (et le plus varié !) de 1~ littérature allemande .
Depuis les Ueder de ·Strasbourg jusqu'à l'Elégie de
Marienbad, ses sentiments et ses songes pre naient spontanément la forme de poèmes.
Les premiers poèmes de Gœthe sont toute simpli cité, intimité, profondeur .
Ils chantent l'amour, la nature, l es aspirations d 'une âme sensible, les énigmes de la destinée, la fuite du temps; ils trouvent parfois le ton et l 'allure de la poésie populaire et s'élèvent aussi jusqu'à l'ode pindarique aux images violentes et aux rythmes nerveux.
Dans la suite, aucune de ces cordes ne s'est tue, Peut -être la part de la méditation est-elle dev enue plus grande, mais le poète n'a jamais mis en vers des raisonnements philosophiques ou des enseignements moraux, comme Schiller.
Ses Ballades, écrites conjoin tement avec celles de son ami, dans une émulation
féconde autour de 1797, suggèrent plus qu'elles n'ex· posent , ainsi que les courtes pièces du Divan .
C'est au théâtre que Gœthe fit avec éclat ses premières armes.
Goetz fut imprimé à Francfort en 1773 (aux frais de l'auteur) et aussitôt acclamé par la jeunesse littéraire de l'ép oque.
Représenté à Berlin l'année suivante, il sembla à beaucoup d'admirateurs être l'œuvre d'un Shakespeare allemand.
Lessing pourtant fut sévère, ainsi que Frédéric II.
Mais le mouvement était donné : le chef de
flle de tous les auteurs dramatiques du Sturm und Drang avait paru .
Aventures du cheva lier à la main de fer , tableau d'histoire au tem ps de la Réforme, scènes populaires, ré volte des paysans, le tout sans ordre, sans lien , sans unité dramatique, faisait pourtant l'impression d'une grande nouveauté, parce qu'on voya it pour la première fois sur une scène allemande cette couleur, cette vie, ce
rythme tumultueux et quelques caractères bien dessinés.
L'autre œuvre caractéristique de cette pre mière période de la vie de Gœthe et du Sturm und Drang est Werther (1774), qui porta aux nues la gloire de l'auteur.
Roman vécu pour une part avec des amis de W etzlar dont Gœthe a même -ce qui leur fut fort désagréable - conservé les noms.
Mais le dé nouement lui fut suggéré par le suicide d'un certain Jerusalem qui n'avait rien à voir dans l'affaire.
En réalité Gœthe songea peut -être au suicide, mais qui donc n'y a.
pas songé un jour ou l'autre t n se contenta de partir.
Y avait-il dans son œuvre de l'exagération littéraire, donc un peu d'insincérit é ou
d'artifice 1 Il ne serait pas juste de l'affirmer : les effusions et les larmes étaient à la mode , les lettres de \'Verther ont un accent de vérité qui ne trompe pas .
Mais Werther n'était qu'une petite partie de l'âme gœthéenne, innombrable et profonde.
On a fait dater son classicisme et son « hel lénisme » {qui fut aussi traité de gréco mani e) des révélations que lui auraient appor tées la vue des Antiques, les monuments et les paysages italiens.
En réalité il n'est pas difficile de montrer que ce classicisme, dans la mesure où il cherche l'équilibre, la conve nance et la pureté des formes, même la styli sation et le typique, sortait naturellement des œuvres antérieures.
S'il est vrai que Goetz a quelque chose de chaotique et informe, quoi de plus pur que la ligne de W erther et de plus dépouillé que maintes poésies lyriques ? C'est au théâtre que le contraste parut le plus étonnant.
Les anciens amateurs du drame de cape et d'épée n'en revenaient pas quand ils lurent Iphigénie et Tasso.
Racine avait évincé Shakespeare l Mais Iphigénie fut commencée en 1776 et quand, après le voyage en Italie, Gœthe substitua à la rédaction en prose un texte en vers, il n'y fit souvent que peu de changements.
Telle qu'elle est dans sa rédac tion définitive, en vers ïambiques à cinq pieds (c'est le vers classique allemand), elle est l'un des chefs-d'œuvre de Gœthe.
Pièce classique aussi quant aux règles des trois unit és : tout s'y passe en un jour et de la façon la plus naturelle; l'action, bien connue , y maintient un mouvement et un intérêt continus; et tout se ramène au conflit psychologique entre quelques personnages dont les caractères sont nettement définis ; point de
spectacle divertissant ou pittoresque, pas de mouve· ments de foule.
pas d'actes étonnants ou terribles : lutte entre des ·âmes et à l'intérieur des âmes.
Cepen · dant Gœthe a ajouté quelque chose à ce paysage psychologique et tous les « problèmes » soulevés par cette pièce n'ont pas encore été élucid és : on a bien voulu vo ir dans cette figure d'Iphigénie un caractère chrétien, les uns ont vanté ses qualités grecques, les autres l'ont trouvée « terriblement moderne ».
C'est que Gœthe a chang é certaines données de la légende : Iph igénie est l'âme pure qui ne peut pas mentir.
Elle
a failli succomber à la tentation de tromper son bien · faiteur Thoas, afin do reconqu érir sa liberté, selon
l es con seil s de l'artificieux Pylade.
Mais elle s'est vite.
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