Devoir de Philosophie

Littératures négro-africaines

Publié le 23/10/2011

Extrait du document

Nous ne pensons pas que la littérature présuppose l'écriture - ce qui s'exprime de façon plus frappante dans Ia formule anglaise « Literature doesn't mean literacy «. Peut-être au contraire l'écriture tend-elle à restreindre le champ de la littérature en restreignant son public et surtout en supprimant sa participation active...

« Domaine mal connu, et dont, hélas, nous savons maintenant qu'une grande partie, sinon la plus grande, est désormais perdue à tout jamais, alors que manquent presque complètement les moyens de sauver beau­ coup de ce qui reste.

Pour des raisons sur lesquelles nous reviendrons, les littératures pré-coloniales tombent rapidement dans l'oubli.

Là où il faudrait des centaines d'eth ­ nographes et de linguistes (et des kilomètres de ruban magnétique) pour en recueillir les débris, il n'y en a que quelques dizaines et, parmi eux, une poignée seulement d'Afri­ cains.

Même les quelques œuvres écrites de la littérature pré-coloniale ont été pour la plupart perdues, détruites ou dispersées.

Certes une nouvelle littérature a fait des débuts prometteurs, mais , pour marquée qu'elle soit de tradition, elle ne remplace pas complètement ni parfaitement celle à laquelle elle succède .

1.

-La littérature traditionnelle pré· coloniale.

Il n'est pas exact de dire que I'Afrique pré-coloniale ignorait tout de l'écriture.

Si sa civilisation et sa littérature étaient bien essentiellement orales, il n'en reste pas moins qu'un nombre assez important de sociétés savaient donner à la pensée une expression communicable non sonore.

Il faut distinguer ici : t• Les sociétés du Sahel soudanais qui utilisaient à la fois la langue et l'écriture arabes, mais n'écrivaient pas leur propre langue; 2• Les sociétés qui utilisaient l'écriture arabe (mais non la langue) pour transcrire leur propre langage; 3• Les sociétés qui, presque toutes au siècle dernier, ont inventé une écriture ori­ ginale; 4• Les sociétés qui, ignorant l'écriture au sens étroit, possédaient un système de pic­ tographie, destiné soit à venir en aide à la mémoire, soit même à transmettre des mes­ sages simples; il est possible que certaines d'entre elles soient parvenues jusqu'au sta­ de des idéogrammes (mais non jusqu'à celui de l'écriture phonétique syHabique); le sujet' est à peine exploré mais peut encore réserver des surprises.

Il n'en reste pas moins que, là même où une forme d'écriture était en usage, elle n'était connue que d'une faible minorité d'initiés ..

Il est bon, toutefois, de rappeler que cette situation ne différait pas telle­ ment de celle de l'Europe du Moyen-Age : les universités de Tombouctou ou de Gao au XIII• siècle évoquent à plus d'un titre les universités latines de l'Europe médié­ vale.

Il est d'ailleurs possible, sinon même probable, que la culture écrite ait connu un recul dans la zone soudanaise à la suite de divers événements historiques, et surtout de la chute de l'Empire de Mali sous les coups des Songhal, vers la fin du XV•, puis de la désagrégation de l'Empire songhal sous la domination marocaine, à partir de 1590.

Sur l'évolution de la littérature orale avant la conquête européenne nous n'avons pour ainsi dire pas de renseignements pré­ cis : quelques passages des relations de voyage portugaises ou arabes, et surtout des déductions plus ou moins fondées, tirées de la littérature orale et du folklore négro­ américain.

En effet, les esclaves transpor­ tés de l'autre côté de l'Atlantique ont con­ servé et adapté à leur condition nouvelle quelques débris de leurs traditions origi­ nelles, et des études récentes ont démontré que cette influence africaine était beaucoup plus importante et vivace qu'on ne l'avait estimée jusqu'alors.

Qu'il s'agisse du cycle de « Vieux frère Lapin :.

(01' B'r'er Rabbit) aux Etats-Unis, ou des mythes religieux des Antilles et du Brésil, l'africaniste se retrouve en terrain de connaissance, mal­ gré la transposition sociologique et linguis­ tique résultant de l'expatriation.

L'étude de la littérature traditionnelle africaine est, plus qu'aucune autre, insé­ parable de la sociologie et des disciplines voisines telles que -l'ethnologie et l'anthro­ pologie sociale .

Son caractère oral l'expli­ que en partie, en raison du rô1e actif, sou­ ligné plus haut, du public , qui participe activement, et non pas seulement passive­ ment, à la diffusion et à la conservation.

Dans l'exacte mesure où il ne peut y avoir de littérature orale sans public, il ne saurait y avoir de littérature orale « non engagée :., « à compte d'auteur » si l'on veut.

Certes, toute littérature est un élément significatif de la culture d'un peuple à un moment donné de son histoire, même si elle ne connaît à ce moment aucune diffusion, ou une diffusion restreinte (Ie Marquis de Sade, ou même Stendhal).

Mais, dans le cas de la littérature orale elle doit être une expres-. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles