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L'oeuvre de La Rochefoucauld

Publié le 27/06/2012

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Au moment même où Pascal éclaire de sa pénétrante lumière le coeur humain pour y chercher l'angoisse et le besoin de Dieu, à l'autre extrémité de la société, un grand seigneur, La Rochefoucauld (1613-1680), désabusé de l'homme après une vie remplie d'aventures éclatantes et d'échecs, élaborait, dans la vanité d'un salon mondain, des Maximes dont le pessimisme devait faire aussitôt réclamer l'auteur comme un des leurs par les jansénistes. Les Réflexions ou Sentences et Maximes morales, élaborées de 1656 à 1665, parurent à cette dernière date; cinq éditions se succédèrent jusqu'à 1678, régulièrement augmentées,

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« 160 HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE la conscience, et que les mobiles de nos actions sont souvent inconnus de nous-mêmes, cachés dans l'obscu­ rité de l'inconscience.

Mais l'inconscient dont il devine ainsi le rôle est une raison aussi logique que la raison consciente, aussi sûre dans ses calculs, aussi ferme dans sa démarche.

Plus attristant que Pascal, qui offre le remède en découvrant le mal, l'auteur des Maximes laisse l'homme en face de lui-même, néglige de corriger son diagnostic par l'affirmation de la grandeur de l'homme, et ne laisse pas espérer qu'il puisse guérir en trouvant Dieu.

Certes, La Rochefoucauld n'est pas le seul alors à énoncer sous forme de maximes ses observations sur l'homme; les Quatrains de Pibrac, ceux de Mathieu (1619), les maximes de la marquise de Sablé (dans le salon de qui furent élaborées celles de La Roche­ foucauld), publiées en 1678, celles de l'abbé Esprit (1669), habitué de ce même salon, sont œuvres où la finesse et la subtilité s'accommodent souvent de justesse et de perspicacité.

Mais La Rochefoucauld l'emporte sur tous les autres, non seulement par quelque chose de plus systématique, et, par suite, de plus personnel, mais surtout par la qualité de l'expression.

La compa­ raison de son œuvre avec celle de ses prédécesseurs ou de ses contemporains traitant la même matière montre parfaitement à quel point le travail minutieux de la forme enrichit la matière elle-même; l'étude des nom­ breuses variantes qui, d'édition en édition, modifient certaines maximes, révèle non seulement un perfection­ nement de l'expression, mais un effort constant pour serrer de plus près l'idée, pour voir plus clair, pour penser plus juste.

Rien d'instructif comme de telles variantes pour saisir dans le détail le travail du philo­ sophe autant que celui de l'artiste.

Ces maximes offrent, dès la première édition, et à plus forte raison dans la dernière, l'opposé des géniales improvisations de Pascal; La Rochefoucauld n'a nul génie; il est incapable de trouver dans le feu de la création, ces formules éton­ nantes par lesquelles les Pensées nous ravissent; mais par sa patience, sa minutie, son lent travail d'exactitude, par une tout autre méthode, il arrive à élever son esprit -relativement médiocre -jusqu'à une manière de perfection.

Cette conception du travail littéraire est typiquement classique.

Le résultat, ce sont ces chefs-. »

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