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L'OEUVRE DE MADAME DE STAËL

Publié le 30/05/2012

Extrait du document

Elle a l'âme de Rousseau : mais par l'esprit elle est fille de

Voltaire, fille du xviiie siècle raisonnable et mondain. La religion

du siècle est sa religion : elle croit au progrès, à la perfectibilité

nécessaire et indéfinie de l'humanité. Jamais elle ne doutera de

la raison, ni ne la répudiera, comme Rousseau : et toute sa vie

sera un exercice assidu de la raison qui est en elle, virile, ferme,

vaste, curieuse, capable de toutes les vérités. Elle ne conçoit rien

de plus beau que la faculté de former et de formuler des idées : il

n'y a pas de supériorité qu'elle admire plus en autrui, et dont elle

soit plus fière en elle. Aussi cette romanesque sentimentale estelle

une mondaine spirituelle et séduisante. Elle ne peut vivre

qu'à Paris. Dès qu'elle est à Coppet, elle tâche d'y refaire son

salon de Paris. Elle a la plus enivrante conversation, un jaillissement

de pensée à la fois éblouissant et fort.

Nous voici conduits au principe nouveau, large, fecond, dont

Mme de Staël a voulu donner la démonstration par son livre, et

qui contient tout le développement postérieur de la critique :

«Je me suis proposé, dit-elle, d'examiner quelle est l'influence de la

religion, des moeurs, des lois sur la littérature, et quelle est l'influence

de la littérature sur la religion, les moeurs et les lois ....

Il me semble que l'on n'a pas suffisamment analysé les causes

morales et politiques qui modifient l'esprit de la littérature ....

« traires se rassemblent en elle sans s'affaiblir.

Elle est flUe de Hous­ seau, par l'intensité de la vie sentimentale.

Elle a J'imagination troublée et fiévreuse, le cœur ardent, tumultueux, d'où jaillit une inépuisable source de passion.

Elle a J'égoisme généreux, une soif furieuse de bonheur pour elle et pour les au tres; de là, pour les autres, la pitié, l'appel énergique il la justice, la haine de J'oppres­ sion ou du despotisme; pour· elle, l'expression violente de l'indi­ vidualité, la révolte contre toutes les contraintes et les limites; elle veut le plus possible se développer en toul sens; elle veut jouir d'elle-même.

Mais la suprême jouissance, c'est de jouir de soi en autrui, de voir sa pe1·fection reflétée dans une âme qui s'en éprend :elle veut donc êlre, se développer, alln d'être digne d'être aimée.

Là est le bonheur, et ce n'est que faute de ce bonheur qu'elle se rabattra sur la gloire: elle le fera dire il Corinne, et elle est Cori nue.

Mais elle aura peine à en prendre son parti; aucune de ses expériences ne vaincra son optimisme sentimental.

Le désaccord de son rêve et des réalités n'aboutira qu'à fortifier la disposition romanesque qui est en elle.

Cla1'isse Ha!'lowe et Wm·the1' ont transporté sa jeunesse; Walter Scott charmera ses derniers jours : à travers toute son existence, elle persistera à croire que le roman a raison contre la vie, et que la vérité, c'est le roman.

sont Mme Récamier, Mme de Beaumont, B.

Conilant, C.

Jordan, Fauriel.

On y fait à Bonaparte une guerre d'épi~rammes; on cabale avec Bernadotte et Moreau; on souhaite hautement la chute du régime nou\·eau.

Bonaparte finit par éclater; et en octobre 1803, Mme de Staël reçoit ordre de se tenir a quarante lieues de Paris.

Elle s'en va vi:üter l'Allemagne, puh; revient a Coppet, où eHe assiste il la mort de Necker: de là elle va en Italie.

En 1805, elle est de retour à Coppet, où elle écrit Corinne, dont le succès est immense.

Toul ce que Napoléon ne domine pas, anciens amis ct amis nouveaux, Français et étrang-ers, Barante, Elz:éar de Sabran, Nonti, Sismondi, Bonstetten, G.

Schlegel, le jeune Guizot la visitent ou séjournent auprès d'elle.

On cause et on joue la comedie.

Elle retourne en Allemagne en 1807 ; après cc voyage, elle se convertit à la religion.

Elle écrit son livre de l'Allemagne, dont tou le l'edition française est détruite par la police impériale; elle-même reçoit orùro de sortir du terr·itoire françai• (1810).

Elle est sun·eillée el comme internée à Coppel.

On lui défend de recevoir ses amis; ~lme Récamier, Mathieu de Montmorency sont exilés; les Schlegel expulsés.

Elle s'évade en 1812 et se réfugie à Pétersbourg, puis en Suède, el de là en Angleterre.

La Restauration l'attriste par le tour qu'elle prend.

Elle meurt en 1817, ayant à peu près achevé ses Considérations sur la Révolution française.

Elle avait cpousé en i811 M.

de Hocca, beaucoup plus jeune qu'elle.

Éditions : De la litléralure constdérée dans ses rapports avec les constitutions sociales, an vur, 2 vol.

in-8; Delphine, roman, 1802; Corinne, roman, 1807; de l'Al­ lemagne, Londres, 1813; Con1idérations sur la Il évolution française, pub!.

par le duc de Broglie et le buron de Staël, 1818; Dix années d'e.ril, pub!.

par le baron de Staël, 18~1.

(J;',o,res compt.ltes, Paris, Didot, 3 vol.

gr.

in-8.- A consulter : Lady Blennerhussclt, Mme de Staël et son temps, trad.

Dietrich, Paris, 1890, 3 vol.

in-8; A.

Sorel, Mme de Staël, coll.

des Gr.

Écriv.

français, in-16, 1890; F.

Brunetière.

f:.

olntion de la cri­ tique, Vl6 leçon; Faguet, Politiques et morali8tes du XIX 6 su)clt.!, tn série, 1891, in-12; Dojob, .If mt de Staël et l'Ital te, avec une biblioyraphie de l'influence française en Italie, Paris, 1890; E.

Ritter, Notes sur Mme de Staél, 1899.. »

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