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Lorenzaccio Acte I, scène 1 (commentaire)

Publié le 24/06/2012

Extrait du document

 

Le texte proposé à notre étude est la première scène de l’acte I du drame romantique de Musset, Lorenzaccio (1834), ce qui correspond au moment de l’exposition. Sur scène se trouvent d’abord trois personnages

-          Le Duc de Florence, Alexandre de Médicis

-          Lorenzo, son compagnon et conseiller

-          Giomo, un serviteur

Deux autres personnages entreront sur scène par la suite : Maffio, un citoyen florentin, frère de la jeune fille qu’Alexandre est venu séduire. La pièce de théâtre s’ouvre donc sur une scène de séduction dévoyée, puisque la jeune fille a déjà été payée : le spectateur est dès lors immédiatement plongé dans l’ambiance de la cité florentine, fondamentalement débauchée.

                Pb : Mais comment et dans quelle mesure Musset met-il en œuvre les codes de la scène d’exposition romantique ?

1)      Le cadre spatio-temporel d’une pièce romantique

Cette scène d’exposition place immédiatement le spectateur dans le climat inquiétant de la pièce, tout en lui donnant les indices qui vont lui permettre de comprendre qu’il va voit une pièce romantique.

a)      Une scène d’exposition mouvementée et violente, qui s’oppose aux règles classiques du théâtre

_ Début « in medias res « de la pièce : la pièce commence immédiatement, sans transition, sans introduction. Le spectateur est immédiatement plongé dans l’action. Ces débuts « in medias res « sont typiques du théâtre romantique (on peut penser au début de la pièce de Victor Hugo, Hernani, 1830). Ils s’opposent aux ouvertures des pièces classiques.

_ Beaucoup d’entrées et de sorties dans cette scène (alors que dans les pièces classiques, une sortie = fin d’une scène) : beaucoup de mouvements sur le plateau, comme les didascalies nous l’indiquent (« Ils s’éloignent. – Entre Maffio « ; « La sœur de Maffio passe dans l’éloignement « ; « Rentrent Giomo et le Duc «). 

« 2 c) La couleur locale : dépayser le spectateur pour mieux dénoncer les travers de la société de la Monarchie de Juillet _ Musset fait aussi le choix de la couleur locale, du pittoresque, typique d es pratiques romantiques (Hugo choisit Espagne dans Hernani , tout comme Mérimée dans son Théâtre de Clara Gazul ).

- Ducats > monnaie italienne.

Spectateur va ainsi savoir où se déroule l’action.

- Giomo prononce le nom de « Lorenzo », qui sonne italien.

- Derni ère réplique de Maffio, qui va permettre de situer la scène de manière certaine pour le spectateur : « C’est Alexandre de Médicis ! » > siècle = XVIème ; ville = Florence.

_ Le choix de la couleur locale = masquer sous intrigue historique ref à Monarchie d e Juillet.

2) La mise en place du système des personnages et l’annonce des conflits à venir La scène d’exposition permet de présenter les personnages, mais aussi leurs relations.

Cette mise en place du système des personnages va permettre de mettre en place les conflits à venir.

a) Le partage de l’espace scénique : mise en scène visuelle des conflits à venir _ La scène est coupée en deux : - D’un côté le Duc, Lorenzo et Giomo = personnages cyniques, débauchés.

- De l’autre, Maffio = personnage rêveur, idéaliste, mor al.

La sœur de Maffio, quant à elle, va « passer dans l’éloignement » (didascalie) : elle est dès lors rentrée dans l’espace des débauchés.

D’ailleurs, elle va porter une lanterne, à l’image de Giomo : l’objet -lanterne a circulé, est passé des mains de Gio mo à celles de la sœur = image de la porosité des espaces.

La sœur est maintenant contaminée, corrompue.

Le partage de l’espace permet donc de mettre en place une opposition entre débauche et moralité, entre plaisir et souffrance.

_ Cette opposition scéniq ue va être redoublée par une opposition des tonalités/registres dans les parlures : - Grotesque des jurons d’Alexandre, cynisme des propos de Lorenzo, dont les métaphores cachent la crudité des propos.

> Grossièreté du côté de la noblesse.

- Lyrisme des paroles de Maffio (Ex : « Les battements précipités de mon cœur font place à une douce tranquillité »).

> sublime du peuple.

→ Très clair jeu d’oppositions dans cette scène, qui dessine les conflits à venir, entre idéal et débauche, entre noble sse et peuple.

b) Le couple formé par le Duc et Lorenzo : l’impatience du tyran et les calculs de l’homme de main Mais des lignes de faille sont également perceptibles entre les personnages du groupe des corrompus : le Duc et Lorenzo apparaissent très différe nts au cours de ce dialogue.

_ Distinction qui se lit déjà par la longueur des différentes répliques : - 5 répliques pour le Duc, brèves, entrecoupées de jurons et d’exclamations : paroles laconiques du tyran.

A besoin de peu de mots pour montrer son pouvoir (= caractéristique du tyran).

- 2 répliques et une tirade pour Lorenzo : Lorenzo est celui qui maîtrise la parole, qui s’en sert pour convaincre, pour arriver à ses fins.

Intelligence de la parole.

< Deux maîtrises différentes de la parole : deux figures an tagonistes se dessinent.

_ Le Duc : le tyran qui a oublié les valeurs de la noblesse.

- On est loin des valeurs chevaleresques de la Cour d’Amour : la jeune fille n’est jamais nommée par le duc, elle n’est qu’une jeune fille parmi d’autre, voire une chose.

E lle est alors seulement désignée par le pronom personnel « elle ».

- Le duc s’inquiète seulement de l’argent qu’il va perdre : « avec tout cela, je suis volé d’un millier de ducats ! » > il n’est pas un prince magnanime, mais au service de l’argent.

= image d’un roi bourgeois (// Louis -Philippe).

- Jurons, phrases courtes : phrases laconiques dignes d’un tyran.

Toutes ces phrases montrent l’urgence du désir : prince guidé par ses désirs, qu’ il veut assouvir sans délais (« Qu’elle se fasse attendre encore un qua rt d’heure, et je m’en vais ») = tyrannie des désirs.

Prince guidé par sa libido.

_ Lorenzo : le conseiller -entremetteur, mais lyrisme et discours sur la nature humaine.. »

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