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LOUIS ARAGON

Publié le 21/04/2012

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aragon

Les poèmes dadaïstes et surréalistes d'Aragon, réunis dans des recueils comme Le Mouvement perpétuel (1920-1924), témoignent d'une grande faculté d'invention verbale, mais ont sans doute moins de portée que ses écrits en prose : Anicet (1921), où tente de se définir la révolte de la jeune génération; Le Paysan de Paris (1926), où éclate la poésie de la vie quotidienne dans la grande ville; le Traité du style (1928), oeuvre polémique d'une violence provocante, d'ailleurs cruelle aux abus de l'écriture automatique. Comme Éluard et avant Éluard, Aragon a évolué vers une poésie engagée; dans Hourra l'Oural, il célèbre les conquêtes de la révolution bolcheviste. La guerre, dans Le Crève-coeur, puis la Résistance lui fourniront une nouvelle source d'inspiration poétique : il adoptera alors le vers régulier, chantera la patrie et créera une poésie savante par ses procédés, mais populaire par son esprit et par sa forme. Aragon a retenu les leçons de Villon, de Hugo, de Rimbaud, d'Apollinaire, de Péguy; mais son souffle, son rythme, son génie de l'image, l'imposent comme un créateur authentique.

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« ARAGON! D'où lui vient cet air d'escrimeur qu'il a? Sans doute d'une épée invisible, souple et dangereuse, qui connaît toutes les bottes secrètes et tue la sottise.

Sans doute aussi de la facilité apparente du beau, de ce travail qui efface l'effort du travail et qui déclenche la fameuse phrase en face de certains chefs-d'œuvre : « Ma petite fille pourrait en faire autant.

» Sans oublier la coulée des laves ardentes du feu central de son âme, qu'il ne faudrait pas confondre avec un lyrisme verbal.

JAMAIS Aragon ne s'écarte du dogme qu'il s'est choisi et, cependant, jamais il n'accepte la moindre déviatiOn de sa propre ligne.

Il en résulte le privilège d'être, à l'exemple de Pouchkine, l'aris­ tocrate d'un régime démocratique, un homme libre, bien qu'engagé.

ÜN s'étonne qu'un poète qui contrôle sans cesse ses rythmes, puisse, en outre, se livrer à de considérables besognes en prose, et, alors qu'il lui suffirait, pour triompher, d'être l'auteur de la Semaine sainte, nous donne de grandes fresques sociales et des articles sur lesquels aucune mode, aucun conformisme anticonformiste, n'ont de prise.

Il circule à travers notre époque houleuse et confuse, inculte et scolaire, avec une parfaite indifférence à ce qui ne relève pas de ses impératifs.

Et ces impératifs, quels sont-ils? Obéissance aux règles classiques du scandale.

Désobéis­ sance à l'impérialisme des vieilles anarchies.

PENDANT bien des années, des malchances m'ont privé du réconfort de mes pairs.

Il m'a fallu mener seul une lutte qu'ils menaient en groupe, lutter, mis en quarantaine par les seuls écrivains capables de me comprendre.

Mais ne nous plaignons pas.

Si Éluard et Desnos me revinrent pour disparaître, Aragon me reste et me console du temps perdu.

Je lui exprime ma reconnaissance fidèle.

JEAN COCTEAU LA vie d'Aragon pourrait se résumer en quelques mots : les livres, la guerre, le surréalisme, le communisme, l'amour et la poésie, auxquels il conviendrait d'ajouter le nom d'une femme : Elsa Triolet, celui de sa ville natale, Paris, enfin celui de son pays- mots et noms dont son œuvre abondante n'a cessé de se jaire l'écho.

Les livres, nous les trouvons dès l'enfance: «Je lisais tant que mes parents .fermaient à clef les bibliothèques», ce qui ne put l'empêcher de découvrir, au collège, à onze ans, une anthologie de Maurice Barrès.

« Grand coup de soleil » qui « décida de l'orientation de sa vie »,puis, l'année suivante, Maxime Gorki.

Dès le début de ses études de médecine, Aragon buta «sur le seuil atroce de la guerre 1 et de la féerie il n'est plus rien resté>>.

Avant de partir pour le front - « Voici la région des tirs 1 voici la roue et le martyre » - il rencontrera André Breton ( 19I7) avec lequel, à son retour, il élaborera le syrréalisme.

« Nous étions trois ou quatre au bout du jour assis 1 A marier les sons pour rebâtir les choses.

» Evoquant cette époque, celle de l'écriture auto­ matique, Breton dira d'Aragon: «Nul n'aura été plus habile détecteur de l'insolite sous toutes ses formes.» De cet insolite, Paris lui livrera la clef et, du Paysan de Paris ( 1926) à Aurélien ( 1944), il en deviendra le chantre passionné ( « Arrachez-moi le cœur vous y verrez Paris »).

Son adhésion au parti communiste ( 1926), la rencontre d'Elsa Triolet ( 1928), des voyages en Russie ( 1930-1932) impriment une orientation différente à sa vie et à son œuvre.

Conscient désormais d'être l'un des « écrivains du temps du socialisme », il rompt avec les surréalistes, collabore à l'Humanité, séjourne en Espagne pendant la révolution de 1936 et devient, en 1937, codirecteur de Ce soir.

Après les péripéties de la « drôle de guerre » et de l'exode, il deviendra poète d'un nouveau style - « la poésie, notre poésie, se lit comme le journal»- et à lafois le chantre d'Elsa(« Mon orgueil est d'avoir aimé 1 Rien d'autre») et celui de son pays blessé ( « Mon pays devenait le chant même du monde »), tandis qu'il participe aux activités clandestines du parti communiste et de la Résistance et fonde, avec Jean Paulhan, les Lettres françaises.

La paix revenue, son œuvre et son activité de militant se corifondent plus que jamais : son cycle romanesque, les Communistes, paraît entre 1949 et 1951 et il reçoit, en 1957, le Prix Lénine de la Paix.

En 1958, son roman la Semaine sainte attire l'attention du grand public sur lui.

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