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M.-P. SALONNE: Le sang-froid d'une fille, agent de liaison

Publié le 25/02/2011

Extrait du document

   (L 'action se situe sur une route au sud de Saint-Brieuc, en juin 1944, durant l'occupation de la France par les Allemands.    Une jeune fille, Aide, transporte sur sa bicyclette un poste émetteur clandestin. Elle a posé sur son paquet compromettant un gros bouquet de fleurs cueillies au bord de la route. Soudain, elle se trouve en face d'une patrouille allemande.)    ... L'index du chef pointe vers le porte-bagages. Ça y est cette fois, tout est perdu! Le sang glacé, Aide se refuse à livrer elle-même le poste. Qu'il le prenne plutôt! Elle répond raide :    «Je ne peux pas : je tiens ma bicyclette...«    Les gros doigts tachés de roux, les doigts velus s'avancent.    Ils cherchent à défaire les nœuds de la ficelle, ces nœuds    qui tiennent tout ensemble... Pour l'amour des fleurs,    Aide avait compliqué le ficelage, de peur de les semer    derrière elle...    « N'abîmez pas mes fleurs! «    Il ne répond pas. II continue de dénouer la ficelle. II n'y a plus qu'une issue : s'enfuir... Mais l'Allemand est accompagné de deux autres : ils sont trois!... Ayant un peu dégagé le paquet compromettant, il demande :  «Qu'est-ce qu'il y a là-dedans?... « et poursuit sa besogne avec des gestes brusques.    Une phrase lue revient à l'esprit de la jeune fille : « Dites la vérité aux gens, ils ne vous croiront pas. « « Là-dedans? (d'ailleurs il va bien voir, dans un instant!) là-dedans, il y a un poste émetteur — un vrai — le plus moderne qui soit. Il envoie à Londres les messages, tout seul! «    L'Allemand s'arrête tout net dans son investigation. Il    regarde Aide en souriant :    «Vraiment?...    — Mais oui! vous ne trouvez pas que j'ai la mine d'un terroriste?... Avec tous ces messages que vous avez dénichés dans mes souliers! « Elle force ses yeux à être les plus malicieux possible, à passer sur le trac et la haine, pour n'être que rieurs? Mais elle sent sa gorge nouée, et ses mollets de sportive qui tremblent... « Attention! N'abîmez pas mes fleurs! «    M.-P. SALONNE, Fends-la-bise.    sujets au choix    Vous traiterez, au choix, l'un des trois sujets suivants, en vingt à trente lignes;    1) Imaginez la scène antérieure.    2) Rédigez une suite à ce récit.    3) Vous présenterez, en les ordonnant, les réflexions que ce texte vous suggère.

« — Vite, elle arrange le bouquet sur le porte-bagages de manière à camoufler au mieux son dangereux colis. — Vive émotion au moment de reprendre la route, décuplée soudain par l'apparition, là-bas au creux d'un virage,d'une patrouille allemande.

/ — Aïde tente de maîtriser au mieux son angoisse.

Peut-elle faire marche arrière? Non.

Elle mobilise toute son énergiepour ne rien laisser voir de son trouble et continuer sa route. — L'officier lui fait signe de s'arrêter. Il observe la jeune fille, avec un léger sourire et la bicyclette, avec intérêt. Son index pointe vers le porte-bagages... • Quelle peut être la suite de cette aventure? — «Vous avez l'air bien nerveuse, mademoiselle...» L'Allemand, qui s'exprimait dans un français excellent, avait l'airgoguenard de celui qui n'est pas dupe, mais prend un malin plaisir à jouer la fausse naïveté. — Aïde use tour à tour de coquetterie et de fermeté.

Son sourire se veut charmeur : cette arme féminine n'est pasà négliger en pareille circonstance. Elle tient tête crânement : son audace provocatrice semble avoir impressionné les trois hommes.

«Où allez-vousainsi? — Ne comptez pas sur moi pour vous le dire.

Je connais bien la fin du «Petit Chaperon rouge» et les dangers d'êtretrop bavarde! — Avons-nous l'air de méchants loups?» Les trois hommes s'esclaffaient bruyamment.

Profitant de cet instantd'inattention de leur part, Aïde tenta de se dégager et de prendre la fuite... — Imaginez un dénouement original : un événement inattendu peut survenir et renverser la situation dans un sensou dans l'autre; Aïde peut s'échapper ou tomber entre les mains des soldats ennemis : gardez-vous en tout cas dela platitude ou de l'excès de pathétique inutile. Sujet 3 • Un minimum de connaissances historiques vous aura permis de situer précisément ce récit : le 6 juin 1944 les Alliésdébarquent sur les côtes normandes et entreprennent la libération du pays. Nous sommes donc aux derniers jours de l'occupation allemande, vraisemblablement avant le débarquement, d'oùl'importance du poste émetteur.

• Votre réflexion pourra porter sur : — Le caractère exemplaire de cette histoire dont la Résistance fut quotidiennement le théâtre. — Le courage et l'intelligence d'Aïde à qui l'on a confié, malgré son jeune âge, une mission périlleuse. — Le choc psychologique produit par les révélations de la jeune fille. — L'importance de pareils actes dans le dénouement d'une tragédie comme celle de la Deuxième Guerre mondiale.. »

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