Ma bohème (Rimbaud)

« II.

Les rapprochements entre le voyage et la poésie Nous pouvons noter dés le début du poème, une série d'opposition entre le bonheur, la jubilation du jeune homme :(vers 4) « Oh ! Oh là là !...

» et sa situation matérielle, une série s'opposition : « je m'en aller… les poches crevés »,les « … » exprime la détermination, les poches crevées, la pauvreté (expression prosaïque opposée à « idéale », demême que « paletot » est opposé à « idéal »).

Son manteau est tellement usé qu'il n'est plus qu'une « idée » demanteau.

Cependant sa liberté est totale en dépit des contingences matérielles.

La « Muse » (vers 3) est uneallusion directe à la poésie (la majuscule indique une personnification).

Il s'agit de la déesse qui inspire le poète quiest son féale c'est-à-dire son serviteur.

« Muse » et « féal » appartiennent au langage poétique.

La poésie estexprimée non pas d'une manière théorique mais à travers la sensibilité du poète.

On a déjà vue que le poète étaittrès heureux malgré sa pauvreté (vers 6).

Le bonheur et le rêve cohabite.

Malgré sa pauvreté, le poète ne cherchepas la pitié, au contraire, il profite d'un bonheur parfait, liée à la liberté totale dont il jouie.

Au vers 6 : « petitpoucet … » l'allusion au conte « Le Petit Poucet » introduit une dimension fantastique (on trouve ce mot au vers 12)proche de la poésie. Le poète se compare à un astre au vers 6 : « la course ».

Sa course est mise en parallèle avec celle des étoiles :(la rime aux vers 6-7) qui opère ce parallèle.

Les vers 6 et 7 font également allusion au travail de création de lapoésie (avec le rejet « des rimes » au vers 7 mis ainsi en évidence).

Ce mot est repris au vers 12 sous laforme « rimant ».

C'est en marchant que le poète trouve son inspiration.

Dans le premier tercet, la tonalité devientplus mélancolique.

Mais une certaine tristesse est cependant dissipée par « les bons soirs de septembre » (vers 10).Aux vers 10 et 11, les « goutes de rosée » sont comparées à un nectar divin « le vin de vigueur ».

Cette scènefamilière prend également une dimension magique évoquée par « fantastique ».

Les lieux concrets se transformenten lieux magiques sous l'effet de la poésie et de l'univers encore enfantin de l'adolescent, celui des contes et de lamythologie.

L'enjambement assez catholique au vers 13 opère une comparaison entre les élastiques des souliers (unterme prosaïque) et la lyre du poète (Apollon, dieu des arts, représenté avec une lyre).

Le voyageur est un poèteinspiré, et en même temps chevalier.

La dernière image parle aussi à l'imagination (vers 14) « un pied prés de moncœur » : attitude enfantin de ce « gosse des rues » Conclusion : Ce poème confond le voyage et la poésie car le voyage, comme la poésie, permet d'accéder à des mondesnouveaux (d'ou les termes et expressions qui transforment la réalité concrète).

Poésie et voyage sont synonymesde liberté et de création.

De même que l'adolescent refuse les contraintes de la vie quotidienne en se sauvant dudomicile familiale, de même le poète refuse ici les contraintes de la poésie plus classique en adoptant une fantaisiedût au registre, avec l'humour et le mélange des lexiques (vocabulaire soutenu et familier) l'ensemble de cesprocédés créant un effet de rupture.

Ce poème annonce le « bateau ivre » qui présente un voyage initialement audelà des formes traditionnelles de la poésie.. »