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Macbeth est-il l'allégorie du mal ?

Publié le 30/10/2019

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déchirure psychosomatique : elle se suicide, probablement par pendaison, il tombe sous le coup de grâce porté par Macduff. Les deux corps subissent l’ultime déchirure aux relents dionysiaques : tous les excès confondus sont ici transcrits dans la décapitation de Macbeth par Macduff et dans ce geste violent que Lady Macbeth s’inflige (« by self and violent hands / took off her life », v.ix.37-38). D. Une fable politique ? L’allégorie des contradictions du pouvoir politique ? En 1971, Müller écrit une traduction de Macbeth qui deviendra rapidement une adaptation de la pièce de Shakespeare. Macbeth et sa lady : une réactualisation de la course au pouvoir (l’engrenage capitaliste et le pouvoir médiatique) :  « Il a suffit à Müller d’un léger glissement pour faire du couple Macbeth et lady Macbeth, un couple de pouvoir moderne. Tandis que chez Shakespeare l’ambition de Macbeth et de sa lady est vue comme une maladie qui mine le pouvoir et dont les acteurs ont eux-mêmes conscience de la négativité (la soif de pouvoir qui prend le pas sur le devoir de guider un pays), ici cette ambition est décrite comme étant pour les personnages une valeur positive (celle des entrepreneurs, la morale du capitalisme libéral). Ils ne sont plus présentés comme ceux qui font un projet \"diabolique\" mais comme ceux qui font ce que tout le monde ferait si le but était si proche. Dans le monde des dirigeants que décrit Müller

chacun est pire que l’autre, il n’y a plus de lords loyaux prêts à sauver le \"bon ordre\", mais des hommes prêts à se marcher dessus pour porter seul la couronne. Ici les contradictions de Macbeth sont aussi fortes que chez Shakespeare mais elles ne sont pas partagées par le reste du corps politique et social : il n’est plus l’archétype du dirigeant illégitime dévoré de remords mais celui du dirigeant illégitime \"comme les autres\" et qui supporte seul ses contradictions et celle du pouvoir. » http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Macbeth/ensavoirplus/idcontent/13793 E. Une réponse complète, en anglais, trouvée sur Net An allegory is a story illustrating an idea or a moral principle in which objects take on symbolic meanings. Thus, if you were to take each act literally, there would be a moral lesson in each section attached to an object: swords, witches' cauldrons, blood, woods, etc., to name a few. You could consider the allegorical objects this way: Swords = power, cauldrons = prophecy/fate; blood = guilt; Woods = Revenge/Hidden danger. As a political allegory, Macbeth in part serves as a warning to potential despots. As critic Stephen Greenblatt has observed, \"There is always someone who escapes the murderer's net, someone who poses a threat seeks to redress an injury or simply remembers what it felt like to be free and unafraid.\" Macbeth is more interested in power than in loyalty.

« Macbeth, cette suite de meurtres n’est pas la logique du mécanisme, elle possède quelque chose de la prolifération effroyable du cauchemar.

Les scènes, pour la plupart, se déroulent pendant la nuit.

À toutes les heures de la nuit : tard dans la soirée, à minuit, à la lueur blême de l’aube.

La nuit est ici constamment présente, sans cesse et obstinément rappelée et appelée.

C’est une nuit dont le sommeil a été chassé.

Dans aucune des tragédies de Shakespeare on ne parle autant du sommeil.

Macbeth a assassiné le sommeil.

Macbeth ne peut plus dormir.

Il n’y a plus de sommeil, il n’y a plus que des cauchemars.

Contre ce sommeil lourd et moite, dans lequel est présent l’état de veille et qui ne permet pas l’oubli, contre ce sommeil qui est pensée hantée par le crime, contre ce sommeil qui n’est pas le sommeil, mais le cauchemar, Macbeth et Lady Macbeth ne sont pas les seuls à se défendre.

Ce même sommeil-cauchemar torture Banquo.

Le sommeil a été empoisonné et la nourriture l’a été. Dans le monde de Macbeth, le plus obsessionnel des mondes créés par Shakespeare, le meurtre, l’idée de meurtre et la peur du meurtre envahissent tout.

Dans cette tragédie, il n’y a que deux grands rôles, mais le troisième personnage du drame, c’est le monde.

Nous regardons plus longuement les visages de Macbeth et de Lady Macbeth, et c’est pourquoi il nous est plus facile de nous en souvenir, mais tous les visages ont la même grimace et sont déformés par la même épouvante.

Tous les corps sont torturés de la même façon.

Le monde de Macbeth est étanche, il n’existe pas d’échappatoire.

Même la nature y a l’allure d’un cauchemar.

Elle est tout aussi opaque, épaisse et gluante.

Elle est faite de boue et de mirages.

» Jan Kott, Shakespeare, notre contemporain, (Paris, Payot, 1962).

http://www.theatredunord.fr/Public/sdv_article.php ?SDV=2799&ID=2801 B.

La trahison (force de la faiblesse) et la damnation (faiblesse de la force) Remontant du crime à l’usage pervers de la liberté et au cœur des passions qui agitent le grand homme si piètre ami et vassal, certains voient dans le personnage de Macbeth une figure de la duplicité.

Une figure de Judas, voire une incarnation du péché inexpiable, du Diable ! « L’histoire de Macbeth est celle d’une damnation », Henri Fluchère Imprudence extrême, volonté sans boussole, renversement des apparences comme le suggère ces paroles à double sens du dialogue avec Banquo (acte II, 1, vers 594 -596) ;, fausse hospitalité, vrai baiser de Judas : « Etant improvisée, Notre volonté s’est faite la servante du défaut Qui autrement eût eu plus d’aise.

» Cette volonté « improvisée », mimant l’amour pour mieux le trahir, est le signe d’une démesure ou d’un orgueil très puissant.

C’est aussi ce qui signale un vide intérieur, celui de l’individu hanté par un monde d’ombres sorties de son imagination, par exemple le poignard qui lui indique le crime comme direction spirituelle.

Macbeth est d’autant plus un Judas que c’est un esprit superstitieux mais pas religieux, confondant prière et sortilège, privilégiant la force brute et la ruse au détriment de sa part d’humanité, des vertus les plus haute - le respect - comme des plus humbles - la patience.

C. Une allégorie de la beauté du mal ? L’incarnation de l’excès ou de la folie tragique Sélima Lejri Dionysisme et démonisme : l’excès dans Macbeth » Résumé : Par delà la lecture judéo-chrétienne où le Mal s’offre comme motif de l’excès, et plus loin que la filiation sénéquéenne de la cruauté, Macbeth semble reprendre le modèle païen grec du ménadisme ou encore du dionysisme, forme extrême de frénésie collective en l’honneur du dieu grec Dionysos. Pour l’Angleterre aux prises avec un mal politique prolifique dont le Complot des Poudres de novembre 1605, la paranoïa qui mine l’État d’Écosse dans la tragédie de Shakespeare est un sentiment bien familier.

La fureur homicide qui mène le roi usurpateur du pouvoir à sa déchéance est un tragique par excès vécu sous des auspices assez proches de la fièvre dionysiaque qui ébranle aussi bien la capitale civique Apollinienne, dans l’histoire de la Grèce ancienne, que la Thèbes de Cadmos dans la tragédie d’Euripide, à savoir Les Bacchantes.

L’irrépressible phénomène du dionysisme se matérialise dans la représentation mythique du sparagmos, rituel symbolique qui dit la déchirure mentale et psycho-somatique de la victime de Dionysos.

Étape incontournable de l’extase ménadique, le dépècement à mains nues de la bête sacrificielle s’érige comme icône trans-culturel de l’essence tragique (donc par delà son contexte proprement grec) et comme force psychopathologique de destruction qui permettent de relier le théâtre shakespearien, en l’occurrence Macbeth, à l’origine intrinsèquement dionysiaque du théâtre. http://www.societefrancaiseshakespeare.org/document.php?id=1066&format=print À force de prendre pour modèle sa maîtresse, le disciple Macbeth le dépasse.

Au bout de son parcours criminel, il s’érige lui -même en monstre impassible, aussi dénaturé et déshumanisé que son épouse.

Le trop-plein de tourments lancinants dont il donne l’image expressive : « O, full of scorpions is my mind , dear wife ! » (iii.ii.36) ; cède à l’indifférence inhumaine, protection acquise grâce au surplus de l’horreur qu’il finit par accumuler : I have supped full with horrors Direness familiar to my slaughterous thoughts Cannot once start me.

(v.v.13 -15) S’il a des motifs logiques pour tuer ses premières victimes (Duncan dont il convoite la couronne et Banquo, témoin et rival des prophéties des sorcières), Macbeth n’a aucune raison « plausible » pour s’attaquer à la famille de Macduff.

Toutefois, dans la folie homicide qui le mine, il s’abîme dans le meurtre avec la frénésie d’un dément que rien ne peut plus arrêter.

Le seul fait que Macduff n’assiste pas à la fête de son intronisation (iii.iv.128 -29) sème en lui une peur paranoïaque vite. »

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