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Madame de Sévigné s'éteint chez sa fille adorée

Publié le 30/08/2013

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AVersailles, à la Cour de Louis XIV, à Paris, en son hôtel de Rambouillet ou dans les salons, la marquise de Sé¬vigné brille par son charme, son humour, son caractère optimiste. « Cette femme, par son aisance, ses grâces natu¬relles, la douceur de son esprit, en donnait par sa conversation à qui n'en avait pas, extrême¬ment bonne d'ailleurs, et sa¬vait extrêmement de toutes choses sans vouloir jamais pa¬raître savoir rien «, s'émer¬veille le duc de Saint-Simon. Malgré le poids des ans, elle est restée exquise et enjouée, continue à séduire par sa verve et l'éclat de son esprit. A l'instar de son cousin Robert de Rabutin, comte de Bussy, ses contemporains se régalent de la lecture de sa correspon¬dance, chronique fourmillant d'anecdotes piquantes sur la ville et la Cour. Au début de l'année 1696, lorsque la mar¬quise quitte la capitale pour se rendre chez sa fille en Pro¬vence, nul ne sait encore que

le royaume va bientôt perdre ‘.5 la plus renommée de ses épis¬tolières...

« s'est personnellement chargée de leur formation .

Après trois ans de veuvage , elle a repris goût aux plaisirs et a fréquenté assidûment les salons et la Cour .

Pour sa fille, à qui elle voue un amour sans bornes confinant à l'idolâtrie, la mar­ quise forme les plus grands espoirs .

Après l'avoir vue briller quelques années dans le monde, elle la marie en 1669 au comte de Grignan, chef d'une des plus grandes familles provençales .

Mais madame de Sévigné, qui se réjouissait tant de la fortune de sa « chère bonne » Françoise Marguerite, se désespère lors­ que , le 4 février 1671, la jeune femme doit quitter Paris pour rejoindre son époux , nommé lieutenant général de Proven­ ce.

« Cette séparation me fait une douleur au cceur et à l'âme que je sens comme un mal du corps .

j'ai beau me tourner, j'ai beau chercher, cette chère enfant que j 'aime avec tant de passion est à deux cents lieues de moi ; je ne l'ai plus ; sur cela je pleure sans pouvoir m'en em · pêcher », confie-t-elle éplo­ rée .

C'est pour rester en con­ tact avec sa fille adorée qu'el­ le a écrit les Lettres qui l'ont rendue célèbre .

Et, fidèlement poursuivie au long de quelque vingt-cinq ans, cette corres­ pondance n'a jamais été inter­ rompue .

Une mère expansive, une fille mesurée Plusieurs fois, madame de Sévigné a le bonheur de revoir sa fille chérie, soit à Paris, soit en Provence .

Au début de l'an­ née 1696, elle est arrivée au château de Grignan, dans la Drôme : Françoise Marguerite est souffrante, et elle a tenu à venir en personne la soigner .

Précieuse et maniérée, mada­ me de Grignan n'a ni toutes les qualités ni tous les mérites que lui attribue la marquise .

Elle a reçu une éducation soi­ gnée, a étudié Descartes, tour­ ne ses lettres avec aisance, mais sans s'y abandonner avec le naturel , la spontanéité et le charme qui sont la marque de sa mère .

Françoise Marguerite est en bonne voie de se rétablir grâce aux soins attentifs de 1 marqui­ se, quand celle-ci est soudain prise d'accès de fièvre, proba­ blement dus à la petite vérole.

Dès les premiers jours de la maladie, la marquise prend conscience de la gravité de son état et se prépare à la mort .

Le 1 7 avril 1696, madame de Sévi­ gné, née Marie de Rabutin­ Chantal, s'éteint à l'âge de « UNE AMIE AIMABLE ET SOLIDE» Le 23 mai 1696, le comte de Grignan écrit au marquis Philippe Emmanuel de Coulanges , cousin de madame de Sévigné : « Vous comprenez mieux que personne, monsieur, la grande perte que nous venons de faire et ma juste douleur.

Le mérite distingué de madame de Sévigné vous était parfaitement connu.

Ce n'est pas seulement une beUe-mère que je regrette, ce nom n'a pas accoutumé d'imposer toujours ; c 'est une amie aimable et solide, une société délicieuse.

Mais ce qui est encore bien plus digne de notre admiration que de nos regrets, c'est une femme forte dont il est question, qui a envisagé la mort( ...

) avec une fermeté et une soumission étonnantes.

Cette personne si tendre, si faible pour tout ce qu'elle aimait, n'a trouvé que du courage et de la religion quand eUe a cru ne devoir songer qu 'à eUe .

» soixante-di x ans .

Elle sera inhumée dans l'église de Gri­ gnan, près du domaine où elle a vécu ses dernières heures de bonheur en compagnie de sa fille bien-aimée .

Pour épargner madame de Gri­ gnan , on lui cache pendant quelques jours la mort de sa mère.

La jeune femme ressent une profonde douleur .

« Une perte si complète et si irrépa­ rable ne porte pas à chercher de consolation ailleurs que dans l' amertume des larmes et des gémissements.

J'étais loin d'y être préparée : la parfaite santé dont je la voyais jouir, un an de maladie qui m'a mise cent fois en péril, m'avaient ôté de l 'idée que l'ordre de la nature pût avoir lieu à mon égard .

Je me flattais de ne jamais souffrir un si grand mal ; je le souffre, et le sens dans toute sa rigueur », écrit-elle fin avril à un proche .

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