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MALHERBE (François de)

Publié le 24/01/2019

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malherbe

MALHERBE (François de), poète français (Caen 1555 - Paris 1628). Fils d'un conseiller au présidial de Caen, il devint secrétaire d'Henri d'Angoulême, gouverneur de Provence. Après la mort de son protecteur, il résida tantôt en Provence, tantôt en Normandie, écrivant d'abord sans grand succès des vers dans le goût italien (les Larmes de Saint-Pierre, 1587). Distingué par le cardinal du Perron, il devint poète de cour en 1605 (il avait charmé Henri IV avec sa Prière pour le roi Henry le Grand allant en Limousin) et le restera jusqu'à sa mort. Homme rude mais fréquentant les salons de Mme de Rambouillet et de Mme des Loges, respectueux des pouvoirs et des croyances établis mais vivant en libertin indifférent au contenu du Credo, il se posa en chef d'école, rassemblant des disciples qu'il formait et corrigeait journellement. Sa poétique marque une profonde rupture avec la tradition de la Pléiade ; son commentaire de Desportes, disciple de Ronsard, est une condamnation totale. Malherbe lance de perpétuels appels à la rigueur prosodique : le vocabulaire doit être pur de tout néologisme, de tout archaïsme, de toute ambiguïté — sa référence fameuse au langage des « crocheteurs du Port au Foin » signifie le choix d'un langage vivant, dépouillé des clins d'œil au passé de la génération précédente ; la langue doit être claire (un mot pour une idée, un seul sens pour un mot) et suivre fidèlement l'ordre de la génération des idées ; la versification doit obéir à des règles rigoureuses (il exclut l'hiatus, discipline la rime, fixe la césure). Malherbe atteint souvent (À la Reine mère du Roi, Consolation à Dupérier) à un mouvement ample, à une harmonie un peu oratoire mais efficace. Son œuvre est rare (Marino faisant allusion à son habitude de crachoter disait qu'il n'avait jamais vu un poète « à la fois si humide et si sec » ). Mais nombre de ses vers sont plus fougueux que sa doctrine ne le laisse croire et montrent qu'il est habité d'un souffle lyrique incontestable. Cependant, imposant la vertu du travail, la rigueur de l'expression, la volonté d'une « juste cadence » — ce pour quoi le louera Ponge (Pour un Malherbe) — et la reconnaissance d'un seul et intangible modèle linguistique, il a, dans une France qui se centralise et où triomphe le Contre-Réforme, contribué à liquider l'idéal civique et prophétique de la Renaissance. Face au roi (ou au cardinal) qui gouverne et à l'Église qui dirige les esprits, le poète n'est « pas plus utile à l'Etat qu'un bon joueur de quilles ». Le classicisme, ou la poésie comme jeu de société.

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