MALLET-JORIS Françoise : sa vie et son oeuvre
Publié le 24/11/2018
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MALLET-JORIS Françoise (née en 1930). D’origine belge, née à Anvers, Françoise Mallet-Joris est la fille de Suzanne Lilar. Elle publie à dix-sept ans une plaquette de vers, Poèmes du dimanche, lit beaucoup Tolstoï, Balzac, Nerval, Rilke. L’influence de Proust est sensible dans son premier roman, le Rempart des béguines (1951), récit rétrospectif d’un apprentissage à la fois de l’âge adulte et de l’homosexualité féminine, dont les descriptions, ponctuées d’adjectifs en trio, reflètent les états de conscience de l’héroïne ou l’ironie de la narratrice face à l’innocente qu’elle fut, engoncée dans son manteau « brun, raide et rugueux... comme une écorce d’arbre ». Sacrée par Émile Henriot « la meilleure des jeunes romancières de ce temps », Françoise Mallet-Joris
donne une suite à son roman, la Chambre rouge (1955), des nouvelles, Cornélia (1956), restant fidèle à une même technique romanesque aussi bien dans les Mensonges (1956), tableau de la société anversoise, que dans le Jeu du souterrain (1973), assemblage de saynètes et de portraits où « un couple médiéval », « l’écrivain modèle », etc., sont tour à tour « herborisés » et analysés pour y repérer le décalage entre personne et personnage. Écart que l’on retrouve entre la vie d’un musicien médiocre et l’image embellie qu’en présente son journal intime (l'Empire céleste, prix Femina 1958) ou dans la marge d’illusion qui entoure la carrière d’une vedette de la chanson (Dickie roi, 1980). De même dans les Personnages (1961), roman historique, l’intrigue de cour dont est victime Louise de Lafayette se nourrit de calculs dissimulés autour d’elle sous la noblesse des belles manières. Dans ses biographies, Marie Mancini (1964), Madame Guy on (1978), l’auteur réhabilite des figures féminines passablement malmenées par les historiens, prisonnières d’un « personnage » de femme qui brise leur essor, lorsqu’il n’attire pas sur elles de grandes fureurs (cf. Trois Ages de la nuit, 1968). Enfin, dans ses essais,
«
s'acharnant
plus que jamais à débusquer « la parcelle de
vérité que chacun porte en soi» (Lettre à moi-même,
1963), Françoise Mallet-Joris se livre à une exigeante
introspection, cherchant à atteindre une parfaite coïnci
dence avec soi-même qui abolirait -sous le regard de
Dieu -l'ordre établi au profit de l'ordre de la grâce.
Mais ce renversement engendre une méfiance à l'égard
de l'écriture, des «sujets>>, des «personnages>>, voire
du personnage même de l'écrivain.
D'où la constante
mobilité, sous l'unicité du message, d'une œuvre qui
deviendrait culpabilisante si elle était trop voulue, et le
souci de varier les genres, de céder la parole à l'autre
comme les enfants ou la bonne espagnole de la Maison
de papier (1973) -,en définitive d'atomiser sa propre
image.
Telle Mme Guyon, dont les cantiques naïfs laissent
filtrer le« pur amour » à l'abri de toute littérature, l'aca
démicienne Goncourt (depuis 1970) compose alors pour
Marie-Paule Belle des chansons où se consomme le
sacrifice de l'écriture : «Être ensemble/C'est facile/Tout
peut arriver/ Être ensemble/C'est fragile/Tout peut se
briser>> ...
Bouts-rimés sur lesquels Françoise Mallet
Joris fredonne le «petit air» insolite qui accompagne
toute son œuvre, en contrepoint d'une exigence de sincé
rité (cf.
les sept nouvelles du Clin d'œil de l'ange, 1983)
alliée à une acceptation sereine des ambiguïtés, voire du
tragique de la vie (le Rire de Laura, 1985; la Tristesse du
cerf-volant, 1988: Adriana Sposa, 1990; Divine, 1991).
(Voir aussi BELGIQUE.
Littérature d'expression française].
BIBLIOGRAPHIE M.
Géoris.
F·ançoise Mallet-Joris.
essai, Bruxelles, P.
De
Meyère, 1964; M.
Detry, Françoise Mallet-Joris.
Dossier criti
que et inédits.
Paris.
Grasset, 1976.
M.-A.
DE BEAUMARCHA(S.
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