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Marcel PAGNOL (Un ancien professeur, Topaze, explique à son ami Tamise, encore enseignant, l'importance de l'argent.)

Publié le 25/02/2011

Extrait du document

TOPAZE. — Ah! l'argent... Tu n'en connais pas la valeur... Mais ouvre les yeux, regarde la vie, regarde tes contemporains... L'argent peut tout, il permet tout, il donne tout... Si je veux une maison moderne, une fausse dent invisible, la permission de faire gras le vendredi, mon éloge dans les journaux ou une femme dans mon lit, l'obtiendrai-je par des prières, le dévouement, ou la vertu?

Il ne faut qu'entrouvrir ce coffre et dire un petit mot : « combien? « (Il a pris dans le coffre une liasse de billets.) Regarde ces billets de banque, ils peuvent tenir dans ma poche, mais ils prendront la forme et la couleur de mon désir. Confort, beauté, santé, amour, honneur, puissance, je tiens tout cela dans ma main... Tu t'effares, mon pauvre Tamise, mais je vais te dire un secret : malgré les rêveurs, malgré les poètes et peut-être malgré mon cœur, j'ai appris la grande leçon; Tamise, les hommes ne sont pas bons. C'est la force qui gouverne le monde, et ces petits rectangles de papier bruissant, voilà la forme moderne de la force. Tamise. — Il est heureux que tu aies quitté l'enseignement, car si tu redevenais professeur de morale... Topaze. — Sais-tu ce que je dirais à mes élèves? (Il s'adresse soudain à sa classe du premier acte) «Mes enfants, les proverbes que vous voyez au mur de cette classe correspondaient peut-être jadis à une réalité disparue. Aujourd'hui on dirait qu'ils ne servent qu'à lancer la foule sur une fausse piste, pendant que les malins se partagent la proie; si bien qu'à notre époque le mépris des proverbes, c'est le commencement de la fortune... « Si tes professeurs avaient eu la moindre idée des réalités, voilà ce qu'ils t'auraient enseigné, et tu ne serais pas maintenant un pauvre bougre. Tamise. — Mon cher, je suis peut-être bougre, mais je ne suis pas pauvre. Topaze. — Toi? tu es pauvre au point de ne pas le savoir. Marcel PAGNOL sujets au choix

1) Topaze propose à Tamise de venir travailler avec lui; rentré chez lui, Tamise en discute avec son épouse. Imaginez. 2) Développez, à votre gré, l'un des thèmes fournis par ce texte. 3) Présentez, en les ordonnant, les impressions que ce texte produit en vous et les réflexions qu 'il vous suggère. conseils

« • Au début de la pièce de théâtre dont est extrait ce texte, Topaze, professeur exemplaire propose à la méditationde ses élèves quelques maximes morales qu'il a fait inscrire au-dessus du tableau : — «Pauvreté n'est pas vice.» — «L'oisiveté est la mère de tous les vices.» — «Bonne renommée vaut mieux que ceinture dorée.» — «L'argent ne fait pas le bonheur.» • Quelque temps après, le même Topaze, corrompu par un affairiste sans scrupules, trône derrière un bureaud'entreprise, au-dessus duquel on peut lire : — «Soyez brefs.

Le temps c'est de l'argent.» — «Parlez de chiffres», etc. • Tout le propos de Pagnol tient dans ce renversement de valeurs. Qu'un être aussi pur que Topaze s'y soit laissé prendre n'est pas le moins inquiétant.

Personne ne résisterait donc àla fascination de l'argent? Celui-ci pervertirait-il tous les rapports humains? Donnez votre sentiment à partir d'exemples précis, en vous gardant des généralités faciles. • La dernière réplique de Topaze va plus loin encore dans la satire sociale.

En clair, elle signifie ceci : pendant que lamasse des braves gens observe naïvement les préceptes de la morale et de l'honnêteté, quelques malins enprofitent pour occuper le terrain de l'affairisme ainsi laissé libre.

Moralité (si l'on peut dire!) : enseignons dès l'écolele «mépris des proverbes».

Pensez-vous que ce cynisme soit acceptable? Sujet 3 Le précédent sujet vous invitait à isoler un thème de réflexion.

Ici vous pouvez rassembler en quelques paragraphescentrés autour d'une idée clé, la somme de vos réflexions.. »

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