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Marcel Proust, Un amour de Swann De « d’ailleurs on commençait à éteindre partout » Jusqu’à « elle regagnait sa voiture »

Publié le 14/11/2011

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proust

La fatalité omniprésente dans cet extrait est encore renforcée par de nombreux procédés. La présence de verbes passifs montre que l’homme amoureux perd toute maîtrise de la situation. La phrase « on commençait à éteindre partout « s’avère puissamment symbolique : la nuit se répand, aucun recoin de la ville ne lui échappe ; la nuit, qui tombe inévitablement chaque soir, instaurant un sombre climat de brouillard, de solitude et de mort, à l’image du délire de Swann. Ce sont les lueurs du bonheur qu’on entreprend d’éteindre une à une. Enfin, l’expression « ce grand souffle d’agitation qui parfois passe sur nous « met l’accent sur un aspect paradoxal : le souffle est à la fois l’indispensable respiration qui donne la vie, et le vent puissant, violent, qui peut renverser un homme et le mener à son gré. Il en va de même pour l’amour.

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« passionnel : « il ne cachait plus maintenant son agitation, le prix qu’il attachait à cette rencontre », « marchant àgrands pas, l’air hagard ».

L’amoureux est plus préoccupé par son état de bouleversement et ses désirs que parl’objet même de son amour ; en effet, lorsque Swann croise Odette, il ne la reconnaît pas immédiatement, et labouscule, trop obnubilé par l’échec de ses recherches et la tyrannie de ses sentiments : « il heurta une personnequi venait en sens contraire : c’était Odette ».De plus, en lisant cet extrait, nous assistons à des événements déjà annoncés dans les premières pages du romanpar le comportement de Madame Verdurin vis-à-vis des quelques membres de son « clan ».

Celle-ci s’accroche àeux, les retient par n’importe quel moyen, et refuse de les voir s’absenter même l’espace d’une soirée.

À partir dupassage étudié, Swann adopte la même attitude furieusement possessive à l’égard d’Odette de Crécy.

Cette jalousienaissante continuera à croître, se répandre, jusqu’à envahir totalement l’esprit, le corps du personnage, et l’œuvreentière.

La jalousie.

La peur que l’autre n’existe sans nous.

L’Amour en tant que relation de confiance et d’estimeentre deux êtres n’existe pas ; Proust bouscule ici toute une vision romantique de l’amour.

Il utilise d’ailleurs uneaccumulation de termes prosaïques, comme « agents de dissémination », « modes de production », « des plusefficaces », « cette condition-là est réalisée », qui, créant une atmosphère presque mécanique, sans riend’enchanteur, contribuent à briser le mythe romanesque du bonheur parfait et de la passion idyllique. AMOUR ET FATALITE : Tout d’abord, Il s’agit d’un sentiment tout puissant.

L’expression « mal sacré » montre bienqu’il a quelque chose de divin, d’incompréhensible, d’impalpable et d’incontrôlable, n’obéissant à aucune des « lois dece monde ».

Il fait partie de l’homme, et règne sur lui, créant une dépendance quasiment incurable, un besoinphysique et mental qualifié de « douloureux », « absurde », « insensé » et « impossible à satisfaire ».

Il contrôle lesmoindres faits et gestes de sa ‘victime’, qui n’a plus d’autre volonté que celle de « posséder » exclusivement l’êtreaimé.

L’Amour exerce une emprise absolue sur la raison, il rend fou, il détruit le bon sens.

De là, c’est l’agitationdésespérée de l’homme impuissant, qui se débat dans un sursaut presque convulsif.Ensuite, la citation « le sort en est jeté », du latin « alea jacta est », traduit par excellence la thème du « fatum »,de l’inéluctabilité du destin.

Du reste, à travers les paroles de César, elle fait référence à l’Antiquité, et n’est passans nous rappeler les personnages des tragédies grecques et romaines, torturés par une force supérieure contrelaquelle ils ne peuvent rien.

D’ailleurs, la comparaison avec le héros d’une fameuse tragédie antique, dans le premierparagraphe, n’est pas utilisée au hasard.

Comme Orphée, parvenant à ramener son Eurydice des Enfers, la perdra ànouveau pour s’être retourné et l’avoir regardée, Swann retrouvera Odette ce soir là ; mais lorsqu’il cherchera à laretirer du monde pour la posséder, elle s’éloignera de lui pour se plonger à corps perdu dans la petite société pseudomondaine des Verdurin.La fatalité omniprésente dans cet extrait est encore renforcée par de nombreux procédés.

La présence de verbespassifs montre que l’homme amoureux perd toute maîtrise de la situation.

La phrase « on commençait à éteindrepartout » s’avère puissamment symbolique : la nuit se répand, aucun recoin de la ville ne lui échappe ; la nuit, quitombe inévitablement chaque soir, instaurant un sombre climat de brouillard, de solitude et de mort, à l’image dudélire de Swann.

Ce sont les lueurs du bonheur qu’on entreprend d’éteindre une à une.

Enfin, l’expression « ce grandsouffle d’agitation qui parfois passe sur nous » met l’accent sur un aspect paradoxal : le souffle est à la foisl’indispensable respiration qui donne la vie, et le vent puissant, violent, qui peut renverser un homme et le mener àson gré.

Il en va de même pour l’amour. C’est dans cet extrait que le titre du roman, Un amour de Swann, prend tout son sens.

Force est toutefois deconstater que le texte étudié n’a pas pour simple visée la narration d’une anecdotique histoire de cœur.

Un certainnombre de détails nous confortent dans cet hypothèse : le passage aisé « il » au « nous », l’utilisation du présentde vérité générale, le mélange de descriptions d’états d’âme de Swann et de considérations globales sur l’amour.

Lavie de Swann n’est donc qu’un prétexte qui permet à Proust de transmettre sa vision du sentiment amoureux.Proust dépeint l’amour comme un sentiment puissant, douloureux, fatal, et cependant nécessaire.

L’esprit del’homme créé l’amour à partir d’une illusion, et en devient esclave, enfermé dans un cercle vicieux de dépendance.DONC les effets de l’amour sont opposés à l’épanouissement de l’homme (respect mutuel, liberté), c’est pour celaque l’amour ne dure pas.

Au contraire, il fait beaucoup souffrir.

C’est un chemin de désillusion sur lequel la jalousieest une étape fondamentale.

L’amour proustien ne peut pas être heureux.

Cette conception de l’amour estimportante pour comprendre la manière dont Proust conçoit les relations entre ses personnages.

Son analyse de lasociété est portée par ce pessimisme.

Malgré son extrême cruauté, donc, l’amour intrigue et fascine l’auteur, quireconnaît l’intensité du sentiment et le bouleversement qu’il opère.. »

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