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MARIVAUX : ETUDE DE SON OEUVRE

Publié le 17/05/2011

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marivaux

Pierre Carlet de Chamblin de Marivaux (1688-1788) naquit à Paris. Après une enfance provinciale, à Riom, il y revient et y fait son droit. C'est un mondain et il a goûté vivement le plaisir de la conversation aristocratique. Il brille dans le salon de Mme de Lambert et chez Mme de Tencin. Il commence tôt sa carrière littéraire et son originalité se dessine très vite (à une époque où les goûts du beau monde qu'il fréquentait se portaient vers les nourritures légères et demandaient à un roman d'être « ingénieux « et « d'avoir du style «, il choisit avec Pharsemon en 1712 le ton de la parodie burlesque). Il a écrit par vocation et aussi par nécessité, la banqueroute de Law l'ayant presque ruiné. Son oeuvre est abondante : elle comprend 29 comédies écrites presque toutes entre 1720 et 1746, 6 romans, et des articles de publiciste. C'est un « moderne « : il n'a pas caché qu'il n'aimait pas Molière et il préféra le Jeu des Comédiens italiens à ceux du Théâtre Français (qui ne jouèrent que dix de ses comédies). Sa langue et son style déroutèrent une partie du public et « les hommes de lettres « de son temps. Les philosophes le goûtèrent peu.

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« raison de revendiquer pour les Silvia, les Araminte, et les Lelio la qualité d'êtres réels, d'hommes et de femmes «faits de chair et de sang », et de dire que ces quatre surprises de l'amour sont d'abord quatre surprises des sens,quatre surprises du désir.

Dans La Surprise de l'amour deux êtres, la comtesse, jeune veuve qui a fait unemalheureuse expérience du mariage, et Lelio, amant lui aussi déçu et trompé, se rencontrent, se défient, se sententattirés l'un vers l'autre malgré eux.

répètent qu'ils veulent se fuir, tentent de vivre comme une amitié cetteattirance qu'ils refusent, et finissent par tomber dans les bras l'un de l'autre.La seconde Surprise de l'amour met en présence une autre jeune veuve, charmante marquise, qui vit du souvenird'un époux qu'elle adorait, avec lequel elle n'a vécu qu'un mois, et un chevalier son voisin.

Eux aussi vont se plairecomme malgré eux, jusqu'au moment où tout bascule et où de nouveaux rapports s'instaurent entre eux.

Il a suffid'un coup d'oeil du chevalier sur la toilette matinale de la jeune femme, et d'un émoi partagé.Surprise des sens plus visible encore peut-être dans Les fausses Confidences, où une autre veuve, Araminte, estévidemment bouleversée dès l'abord à la seule vue du jeune homme qui se présente à elle en qualité d'intendant, enréalité pour approcher de plus près celle dont il est tombé amoureux, et dont il obtiendra la main malgré tout ce quiles sépare.

Tout aussi convaincante est la démonstration dans Le Jeu de l'Amour et du hasard, et l'on est bien prèsde penser avec Paul Gazagne que « le théâtre de Marivaux, tel qu'on le conçoit encore de nos jours, paraît chasteparce que la vertu ne succombe pas avant la chute du rideau ».Mais ce n'est pas assez que de revendiquer pour les héros de Marivaux la qualité d'êtres vivants.

On peut aller plusloin dans l'interprétation réaliste.

Par delà les incertitudes du coeur une même question est toujours posée, celle dumariage, et cela va bien au delà de la nécessité traditionnelle des intrigues théâtrales.

La question est en effettoujours posée à partir de la femme, et toujours selon le même schéma : comment pour la femme ne pas être dupe ?Lorsqu'on commente Marivaux et qu'on tente d'expliquer le marivaudage, on en revient toujours à l'opposition del'amour-propre aux prémices d'une troublante inclination.

Mais si cet amour-propre existe, tout particulièrement chezles femmes, c'est qu'il a des raisons d'exister.

En effet il n'y a pas d'Agnès chez Marivaux, ou plutôt quand il sembley en avoir une, l'Angelique de L'Ecole des mères, la ressemblance n'est qu'extérieure : ses jeunes filles et ses jeunesveuves ont toutes eu le temps et l'occasion d'analyser lucidement leur condition et de comprendre (Marivaux le ditsur tous les tons) que le mariage et l'amour ne vont habituellement pas ensemble.Le monde de Marivaux est plein de malmariées d'expérience ou de malmariées en puissance, et le spectre du mariagemalheureux a hanté les nuits de toutes les Silvia, de toutes les Araminte.

Rien d'étonnant à cela : si le mariagerisque de ne pas être l'affaire de l'amour, c'est qu'il est avant tout une affaire d'argent, et le délicat Marivaux n'apas eu peur de le dire et de peindre cette chasse dans une lumière à peine voilée.Dans Le Legs un héritage n'aura d'effet que s'il s'accompagne d'un mariage avec une personne désignée.

Mieuxencore, dans La Fausse Suivante (1724) , Lélio et la Comtesse se sont liés par une promesse de mariage, sous peinede payer un dédit de dix mille écus.

Si l'un d'eux prend l'initiative de la rupture il doit à l'autre le dédit.

C'est déjà unpetit monde « balzacien » que ce monde-là.Comment dans ces conditions parler d'une métaphysique de l'amour ? On a bien plutôt envie de parler d'unesociologie de l'amour, car les hommes et les femmes de Marivaux se meuvent dans une société bien réelle, sociétéde la Régence, de la première moitié du XVIIIe siècle, élégante, avide, cruelle, où l'on assiste à la fois au déclind'une féodalité qui s'épuise et à la dynamique ascension des forces de l'argent et il n'est pas étonnant que dans cemonde où le plus souvent il est chassé du mariage, l'amour véritable prétende exister au-dehors.« Nous marier Des gens qui s'aiment » s'écrie un personnage du Petit maître corrigé.

Non ! Marivaux n'est pas plusun moraliste dans l'absolu qu'il n'est mn « coupeur de cheveux en quatre » dans le champ de la psychologieamoureuse.

Il est un moraliste, certes, et un grand moraliste, dans la mesure où il oppose à l'immoralisme d'unesociété vaine et factice une morale de la sincérité.Et c'est aussi parce que l'amour est inséparable de son temps, que chez les complexes personnages marivaudienspercent des accents de cruauté.

Dans ce monde où les rapports sociaux, sont, à un degré très aigu, des rapportsde force, on glisse aisément du jeu à l'épreuve.Une comédie porte ce titre et l'on y voit un jeune aristocrate parisien s'offrir le luxe de mettre « à l'épreuve » lajeune bourgeoise campagnarde qu'il se destine, convaincu que le beau parti qu'il représente vaut bien la souffrancequ'il lui fait endurer.

De cette cruauté-là, nonchalante et comme indifférente, il y en a dans Les faussesConfidences, et surtout dans La fausse Suivante.

La jeune fille travestie qui a dû « se faire des griffes » pour lutterà armes égales contre celui qui veut la prendre au piège, a bien déjà quelques traits de la marquise de Merteuil desLiaisons dangereuses.Cependant, en môme temps (et là est la complexité de Marivaux et de l'époque qu'il reflète) au sein de ce mondesentimental, parfois cruel et froid.

dans cette comédie du fragile amour, on sent une recherche ardente de la. »

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