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Marivaux ou la recherche de la vérité 1

Publié le 29/06/2015

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marivaux

Le conflit des sexes est également en jeu dans la comédie de Marivaux et reçoit un traitement original. On sait qu'au 18e siècle, la domination masculine (et singulièrement celle du mari) est écrasante. C'est le cas dans la sphère aristocra­tique où la soumission de l'épouse n'a d'égale bien souvent que la liberté du mari à satisfaire ses désirs hors des liens du mariage. Silvia le rappelle à Dorante (III, 8) :

 

« Vous m'aimez mais votre amour n'est pas une chose bien sérieuse pour vous. Que de ressources n'avez-vous pas pour vous en défaire ! «

Cette dernière réplique de Dorante, si on la compare à celle de l'acte I où il prétendait devant Silvia ne vouloir épou­ser qu'une « fille de condition «, montre l'évolution de ses sentiments. Elle est révélatrice d'un conflit entre sentiments et ordre social résolu au profit des premiers.

Est-ce à dire que, dans le Jeu, l'ordre social est bouleversé ? Il n'en est rien. En effet, à la fin de la pièce, chacun reprend sa place et il n'y a pas de mésalliance.

Pourtant, si tout rentre dans l'ordre et reçoit une explica­tion conforme au code aristocratique des « âmes bien nées «, les préjugés de ce code sont cependant dénoncés, l'espace de la représentation, dans la mesure où ils s'opposent au bon­heur des êtres. La « morale « sociale du Jeu est donc ambi­guë : elle satisfait à l'idéal mondain des salons que fréquente

Marivaux et en même temps elle conteste cet idéal en affir­mant la primauté du sentiment sur la raison sociale.

 

Ainsi la relation maître/serviteur, inversée d'un commun accord entre les parties, parodiée par les valets, durement éprouvée par Silvia et Dorante, est enfin rétablie mais dans un certain sens dépassée : l'essentiel est, en définitive, que les sentiments vrais triomphent indépendamment des con­tingences sociales.

marivaux

« l'instant d'un «jeu,., à leur costume et leurs préro~atives de maitres, ils restent, intimement, des aristocrates.

Des lors, confrontés à une personne d'un rang social qu'ils croient inférieur, ils sont surpris voire irrités d'en tomber amou­ reux.

En effet, leur instinct de classe n'aurait-il pas dû les en éloigner? Or, plus leur sentiment se développe, plus clai­ res et insistantes sont les questions qu'ils doivent résou4re et qui déterminent leur existence : 1.

Question de l'identité sociale.

Comment puis-je aimer quelqu'un qui n'est pas de mon rang? 2.

Question du mariage et de la mésalliance.

A supposer que j'aime, puis-je épouser une personne d'une condition inférieure(« ignoble,.

au sens du 18• siècle) et ainsi renon­ cer à toute considération sociale, en un mot, à mon rang ? Cruel dilemme quand aimer signifie ne plus être sociale- ,/ ment.

L'« obstacle ,.

dramatique est précisément dans le jeu l' le préjugé qui interdit à un noble d'épouser une servante.

Et l'on comprend ce que la résolution finale de ce dilemme l décidée par Dorante au terme de l'acte ID coûte aux con- ventions et aux valeurs de la société aristocratique : \, -Silvia : Quoi ! vous m'épouserez malgré ce que vous êtes, , malgré la colère d'un père, malgré votre fortune ? , -Dorante: Mon père me pardonnera dès qu'il vous aura fi vue ; ma fortune nous suffit à tous deux, et le mérite vaut bien la naissance.

Ne disputons point, car je ne changerai !\ jamais {ID, 8).

Cette dernière réplique de Dorante, si on la compare à celle de l'acte I où il prétendait devant Silvia ne vouloir épou­ ser qu'une« fille de condition,., montre l'évolution de ses sentiments.

Elle est révélatrice d'un conflit entre sentiments et ordre social résolu au profit des premiers.

Est-ce à dire que, dans le jeu, l'ordre social est bouleversé ? il n'en est rien.

En effet, à la fin de la pièce, chacun reprend sa place et il n'y a pas de mésalliance.

Pourtant, si tout rentre dans l'ordre et reçoit une explica­ tion conforme au code aristocratique des « âmes bien nées ,., les préjugés de ce code sont cependant dénoncés, l'espace 1 de la représentation, dans la mesure où ils s'opposent au bon- j heur des êtres.

La « morale ,.

sociale du jeu est donc am bi- 1 guë : elle satisfait à l'idéal mondain des salons que fréquente f w 1. »

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