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MAROT: LE POÈTE OFFICIEL

Publié le 28/06/2011

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marot

Tout en restant fidèle aux principes de l'école, Marot s'en détacha relativement assez vite, quitte à leur revenir avec plus ou moins de fidélité. D'abord pour remplir son rôle de poète officiel et se faire le chantre des événements, grands ou petits, , qui marquaient le déroulement des jours à la cour. Il y a en lui un chroniqueur mondain, un précurseur des alcôvistes du XVIIe et du xviiie siècle, de Benserade à Bernis ou Gentil Bernard, voire de tels poètes journalistes du XIXe siècle, un Banville, un Ponchon, avec autant d'esprit mais une technique différente, plus formelle, moins simple, moins expressive ; comme ses successeurs, il cherche l'inspiration dans l'actualité. Que devait être, en effet, la première tâche du fils de maître Jean Marot, du secrétaire de Marguerite d'Angoulême et de François Ier, sinon de dire en vers la vie quotidienne du cercle royal où il avait ses grandes et ses petites entrées ? A cette besogne alimentaire, alors glorieuse, il a donné, d'abord, l'essentiel de son travail. 

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« toujours au prosaïsme.

Marot ne se prive pas d'étaler une facile érudition, et d'évoquer Alexandre, Patrocle, Hélène,et César.

Mais, parfois, il sait atteindre la gravité, l'émotion, voire la noblesse.

Qu'on lise l'épitaphe de Madame deChateaubriant, celles d'Hélène de Boisy ou de M.

de Précy : le vers balbutie, certes, et n'est pas sans gaucherie ; iln'est pas non plus sans signification et sans force, et suggère parfois, à travers des traits biographiques précis,quelques grands lieux communs.

Ronsard lui-même ne croira pas déchoir en composant à son tour un livred'Epitaphes.Quant aux Complainctes, pièces d'apparat, elles demeurent pleinement dans la tradition de la Rhétorique.

Le fond enest banal : louanges faciles, — et parfois imméritées, ou regrets plus conventionnels que sincères.

Les plusimportantes sont celles de Florimond Robertet, de Louise de Savoie et de Guillaume Preudhomme.

La première décritlonguement les funérailles du financier que Marot feint d'avoir rencontrées à « Tourfou », près des bords de la Loire.Elles étaient conduites par la Mort « hydeuse et redoubtée », accompagnée par « Dame Rommaine » et par «Françoyse République », qu'escor-taient Douleur et Ennui, et par le « Bonhomme Labeur » au visage hâlé.

Touspersonnages allégoriques : ils incarnent l'Eglise, la France, le Peuple.

Françoyse République harangue la mort et luireproche d'avoir « cousu la bouche veritable », « percé le cueur tamt charitable », « assommé le chef qui tantsçavoit », d'avoir privé le royaume, après Lescun, Bayard, La Tremoille et Pallice de Florimond Robertet, Un mont flory, un plus que flory montQui de haulteur Parnassus oultrepasse... et que l'on pleure en « Tartarie, Espagne et la Morée ».

Elle invite les fils du défunt à « increper » la Mort En luy prouvant par dictz philosophauxComme inutile est son dard et sa faulx. La Mort réplique par un long discours d'allure théologique où elle cite saint Paul, saint Augustin, saint Martin,développe plus d'une idée qui pouvait en 1527 passer pour audacieuse, et conclut en affirmant que, seule, elle metl'homme en possession du vrai bonheur puisqu'elle le tire hors des peines de ce monde.

Et Marot n'a plus qu'àterminer en décrivant l'entrée du cortège à Blois.

Le poème est long, souvent diffus, encombré d'images vieillies,d'hyperboles faciles, d'apostrophes faussement éloquentes, de personnifications usées, d'inutiles souvenirs del'antique, d'épithètes banales.

Il n'offre d'intérêt que par certaines déclarations religieuses ou par quelques traitssatiriques assez vifs qui montrent le poète indépendant à l'égard du dogme et de la discipline.

La réplique de la Mortà Françoyse République, inspirée de saint Paul, a, par moments, de la force et, sans atteindre à l'émotion et augrand lyrisme, n'est pas dénuée de mouvement.S'agissant de Louise de Savoie, en 1531, Marot s'inspire à la fois de Virgile et de Marc Antoine Flaminio pour écrireune églogue où deux bergers, Thénot et Colin, dans un décor inspiré par ses modèles, pleurent la « bergère Loyse »,et Thenot pour récompenser Colin de son thrène lui donne un « double chalumeau ».

Décor, sentiments, style, toutest conventionnel.

A en croire le poète, la cour de France, sous la houlette de Loyse, menait une vie pastorale : L'une plantoit herbes en un verger,L'autre paissoit colombz et tourterelles,L'autre à l'aiguille ouvroit choses nouvelles,L'autre en après faisoit chappeaux de fleurs... Mais, Loyse morte, la terre est en deuil : Terre en ce temps devint nue et debile,Plusieurs ruisseaulx tous à sec demourèrent ;La mer en fut troublée et mal tranquille,Et les dauphins bien jeunes y plourérent...Tous animaulx Loyse regrettèrentExcepté loups de mauvaise nature... « Philomène » se plaint; « l'aronde » pousse des cris « piteux » ; les nymphes gémissent et réveillent faunes etsylvains « en la forest verte ».

Loyse est descendue aux Champs Elysées où elle jouit du bonheur éternel, et Colininvite les nymphes « savoisiennes » et le Dieu Pan à chanter celle qui n'est plus.

Que l'on ne s'y laisse pas tromper :alors même que le poète semble suivre de près des modèles nouveaux, il reste fidèle à ses maîtres, car Lemaire deBelges et Crétin avaient déjà mis en scène des bergers assez conventionnels ; et quant au style, un seul exemple. »

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