Melancholia Victor Hugo
Publié le 18/11/2023
Extrait du document
«
Melancholia (v.113-128)
1
Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit ?
Ces doux êtres pensifs que la fièvre maigrit ?
Ces filles de huit ans qu'on voit cheminer seules ?
Ils s'en vont travailler quinze heures sous des meules1;
5 Ils vont, de l'aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison le même mouvement,
Accroupis sous les dents d'une machine sombre,
Monstre hideux qui mâche on ne sait quoi dans l'ombre,
Innocents dans un bagne2, anges dans un enfer,
10 Ils travaillent.
Tout est d'airain3, tout est de fer.
Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue.
Aussi quelle pâleur ! la cendre est sur leur joue.
Il fait à peine jour, ils sont déjà bien las.
15 Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas !
Ils semblent dire à Dieu: Petits comme nous sommes,
Notre père, voyez ce que nous font les hommes !
Victor Hugo - Les Contemplations Livre 3 (1856)
Question n°1 : L’adresse au lecteur (15pts)
Par quelle tournure syntaxique, le poète choisit-il de faire découvrir les
enfants au lecteur ? Pour quelle raison choisit-il d’agir ainsi ? Dans
quelle position souhaite-t-il placer son lecteur ?
Quel effet cette tournure syntaxique permet-elle de ménager quant à la
fin du poème ?
Quel climat, quelle atmosphère, cette tournure syntaxique crée-t-elle ?
(Soyez sensibles aux réseaux lexicaux.)
Question n°2 : Les sentiments suscités par le portrait des
enfants (15pts)
Quels sentiments le poète veut-il faire partager au lecteur ? Sur quoi
et comment insiste-t-il afin de susciter ces sentiments ?
(Attention : vous serez sensible au ton employé, au style, aux
tournures grammaticales ou bien encore à la ponctuation mis en
œuvre afin de provoquer ces sentiments.)
Question n°3 : La caractérisation du monde du travail.
(15pts)
De quelle manière Hugo dépeint-il le monde du travail ?
Quelles caractéristiques prête-t-il au monde du travail? (lui donne-t-il ?)
1
2
3
Disque en matière abrasive à grains très fins, servant à aiguiser (➙ affiloir), à polir (➙ aléseuse).
Lieu où l'on est obligé de faire un travail pénible.
➙ enfer, galère.
Quel bagne !
SENS PROPRE : Bronze.
SENS FIGURE :
dur, implacable.
1
Afin de répondre à cette question en illustrant vos propos sur une étude
formelle du poème, vous serez sensibles aux rôles des rejets et des contrerejets, aux répétitions, aux anaphores, aux oppositions, aux métaphores et
aux champs lexicaux.
Question n°4 : La symbolique du poème (15pts)
Que cherche à critiquer Victor Hugo au travers de cette vision apparemment
naïve ?
Quels sont les reproches adressés par le poète
2
Dans un long poème écrit en 1839 et dont le titre est emprunté une
gravure d'Albert Durer, Victor Hugo évoque successivement des scènes de rue et
des anecdotes exemplaires où s'exprime son émotion face aux injustices de la
société française au début de la révolution industrielle.
Indigné par la condition imposée aux enfants des classes pauvres, il
met ici toutes les ressources de son art au service d'une émouvante protestation.
Face à la fragilité des enfants et à leur innocence, le poète nous présente
l'enfer du monde du travail organisé par les hommes.
Nous nous attarderons tout d’abord sur la fonction de l’apostrophe au
lecteur, avant d’analyser les sentiments suscités par le portrait des enfants et
d’étudier les caractéristiques du monde du travail.
Nous terminerons notre travail
en nous attardant sur la symbolique de ce poème.
Question n°1
: L’adresse au lecteur (15pts)
Par quelle tournure syntaxique, le poète choisit-il de faire découvrir les enfants au lecteur ? Pour quelle raison
choisit-il d’agir ainsi ? Dans quelle position souhaite-t-il placer son lecteur ?
Quel effet cette tournure syntaxique permet-elle de ménager quant à la fin du poème ?
Quel climat, quelle atmosphère, cette tournure syntaxique crée-t-elle ? (Soyez sensibles aux réseaux
lexicaux.)
Pour nous faire découvrir les enfants, V.
Hugo choisit de nous apostropher et
de nous apitoyer: pour éviter tout repli de ses lecteurs dans l'abstraction, il use
d'une rhétorique assez agressive et des ressources du discours direct.
Abruptement, en effet, il ouvre son poème sur une interrogation ; cette
interrogation, qui occupe trois vers, porte sur la destination d'enfants qui nous sont
donnés à voir, comme s'ils étaient présents, grâce, en particulier, à l'emploi du
présent de l'indicatif et des démonstratifs: « Où vont tous ces enfants...
ces doux
êtres...
ces filles ...
» Dès lors nous nous sentons impliqués, nous sommes pris à
témoins sinon à partie et l'effet de ce tour interrogatif est extrêmement fécond
puisqu'il permet aussi, en la retardant, voire en nous égarant vers une fausse piste
(l'école ?) de faire sonner l'énormité de la révélation du vers quatre : « Ils s'en
vont travailler quinze heures sous des meules.
»
3
Ce tour crée aussi un climat d'inquiétude: en effet le spectacle de ces enfants
qui convergent vers un lieu mystérieux, fait songer à la terrifiante légende
allemande du Joueur de flûte de Hameln.
C'est donc avec l'intention de nous faire
frémir d'indignation mais aussi d'inquiétude que Victor Hugo a choisi cette
particulière mise en scène de l'apparition des enfants et cette apostrophe au
lecteur.
Après avoir étudié l’adresse au lecteur, nous attarderons désormais sur
les sentiments suscités par le portrait des enfants.
Question n°2 : Les sentiments suscités par le portrait des enfants (15pts)
Quels sentiments le poète veut-il faire partager au lecteur ? Sur quoi et comment insiste-t-il afin de
susciter ces sentiments ? (Attention : vous serez sensible au ton employé, au style, aux tournures
grammaticales ou bien encore à la ponctuation mis en œuvre afin de provoquer ces sentiments.)
Mais, au scandale et à l'angoisse, l'auteur ajoute encore les ressources du
pathétique.
Le poète insiste en effet sur la tristesse et la mauvaise santé de ces enfants
« que la fièvre maigrit» (v.2), « dont pas un seul ne rit » (v.1); il parvient même à
nous rendre physiquement présente cette détresse en laissant échapper, en
discours direct, une sorte de cri du cœur: « Aussi quelle pâleur!» (v.11)
La solitude des fillettes de huit ans pèse aussi son poids de pathétique, mais, ce
qui l'emporte dans ce registre, c'est l'évocation de la perplexité et de l'impuissance
des jeunes victimes: « Ils ne comprennent rien à leur destin, hélas! » (v.13) avec
tout ce que l'hélas final apporte de théâtral; on croit littéralement entendre un
soupir que l'auteur n'a pu réprimer.
Non moins évocatrice et théâtrale est la prière des petits enfants exprimée,
comme parfois leurs plaintes (« Jamais on ne s'arrête et jamais on ne joue »
(v.10) ) au style direct: « Notre père voyez ce que nous font les hommes ! »
(v.15)
Usant de ce pathétique, Victor Hugo se fait l’avocat de la cause des enfants.
L’anaphore en « ils » met la lumière sur les enfants.
Ces derniers s’adressent
à Dieu, (« Ils semblent dire à Dieu » (v.14) ), ce qui accentue leur pureté et leur
4
innocence et émeut plus encore le lecteur.
Leur phrase prend d’ailleurs le ton
d’une prière comme le suggère l’incise « Notre père » qui rappelle la prière « Notre
Père ».
C’est donc une parole qui suscite la pitié du lecteur.
Cette évocation vivante, à la fois attendrissante et révoltante des jeunes êtres
sacrifiés à l'esprit de profit est enrichie dans ce poème, par une représentation
terrifiante du monde de travail.
Après avoir analysé les sentiments suscités par le portrait des enfants,
nous serons désormais sensibles à la manière dont ce monde du travail est
caractérisé.
Question n°3 : La caractérisation du monde du travail.
(15pts)
De quelle manière Hugo dépeint-il le monde du travail ?
Quelles caractéristiques prête-t-il au monde du travail? (lui donne-t-il ?)
Afin de répondre à cette question en illustrant vos propos sur une étude formelle du poème, vous serez sensibles aux
rôles des rejets et des contre-rejets, aux répétitions, aux anaphores, aux oppositions, aux métaphores et aux
champs lexicaux.
Victor Hugo dresse un tableau de la misère à travers le portrait en action
d’enfants allant au travail.
Il joue d’ailleurs au vers trois sur l’homonymie de
cheminer (marcher) et cheminée (Cheminée d’usine).
Le poète se mue ainsi....
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Melancholia Le pesant chariot Victor Hugo Les contemplations
- Commentaire Melancholia - Victor Hugo
- Commentaire composé Melancholia de Victor Hugo
- Melancholia-Victor Hugo
- Melancholia Victor Hugo