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Michel de Montaigne, Des cannibales, Essais, livre 1, chap. 31

Publié le 06/10/2018

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montaigne

[Ce chapitre s'appelle « Des cannibales » : c'est le nom que l'on donne aux Indiens du Brésil dont Montaigne va parler ici.}

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Or je trouve, pour revenir à mon propos, qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu’on m’en a rapporté, sinon que chacun appelle barbarie ce qui n’est pas de son usage ; comme de vrai, il semble que nous n’avons 5 autre mire de la vérité et de la raison que l’exemple et idée

 

des opinions et usages du pays où nous sommes. Là est toujours la parfaite religion, la parfaite police, parfait et accompli usage de toutes choses. Ils sont sauvages, de même que nous appelons sauvages les fruits que nature, de 10 soi etdeson progrès ordinaire, a produits : là où, à la vérité,

 

ce sont ceux que nous avons altérés par notre artifice et détournés de l’ordre commun, que nous devrions appeler plutôt sauvages. En ceux-là sont vives et vigoureuses les vraies et plus utiles et naturelles vertus et propriétés, lesquelles nous avons abâtardies en ceux-ci, et les avons seulement accommodées au plaisir de notre goût corrompu. Et si pourtant, la saveur même et délicatesse se trouvent à notre goût excellente, à l’envi des nôtres, en divers fruits de ces contrées-là sans culture. Ce n’est pas raison que l’art

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1/Qu’EST-CE QU’ÊTRE SAUVAGES ET BARBARES ?

 

1 Les sens des mots sauvages et barbares appliqués aux Indiens par les Européens

 

2 Explication de cette façon de désigner les Indiens

 

3 Le vrai sens du mot sauvage d’après Montaigne : le naturel

 

4 Les Européens : les véritables sauvages d’après Montaigne

 

Il/ÉLOGE DU NATUREL PAR RAPPORT À CE QUI SE DIT CIVILISÉ

 

1 L’implication de l’auteur dans la dénonciation

 

2 Montaigne met en scène un « nous » mais prend une distance face aux Européens

 

3 La leçon que donnent les cannibales par l’intermédiaire de Montaigne

Dans cet extrait, Montaigne va s'attarder sur la barbarie que les Européens attribuent à cette nation, pour s'orienter ensuite sur la relation que les hommes entretiennent avec la nature. Montaigne va donc observer ce que signifient les termes, au départ négatifs, « sauvage » et « barbarie », pour s'interroger sur la forme de notre jugement et la notion de naturel. Comment Montaigne peut-t-il alors organiser toute sa réflexion autour de termes qui connotent négativement les Indiens, alors même qu'il veut au bout du compte faire l'éloge des Indiens « barbares » proches de la nature ? Pour répondre à cette question, nous nous demanderons comment Montaigne définit les termes « barbares » et « sauvages » qui s'appliquent aux Indiens, puis nous verrons comment c'est un moyen de faire l'éloge du naturel, et des nations proches de la nature.

montaigne

« 20 gagne le point d'honne ur sur notre grande et puiss ante mère Nature.

Nous avons tant rechargé la beauté et riche sse de ses ouvrages par nos inventions que nous l'avons du tout étouf fée.

Si est-ce que, partout où sa pureté reluit, elle fait une merveilleuse honte à nos vaines et frivoles entreprises, 25 Et ven iunt ederoe sponte sua melius Sur git et in solis formosior arbutus antris, Et volucres nul/a dulcius a rte canunt '.

Tous nos efforts ne peuvent seulement arriver à rep résen­ ter le nid du moind re oise let, sa contexture, sa bea uté et 30 l'utilité de son usa ge, non pas la tissure de la chétive arai­ gnée.

Toutes choses, dit Platon, sont produites par la nature ou par la fortune, ou par l'art ; les plus grandes et plus belles, par l'une ou l'autre des deux premières ; les moind res et imparfaites, par la dernière.

Comm entaire Vo us ferez un commen taire de cet extrait des Essais.

Notions et questions clés pour l'analyse Nous sommes dans un chap itre des Essais qui est intitulé « Des cannibales " : le chapitr e serait donc censé présenter les In diens comme des êtres barbares.

Montaigne va partir de cette cons tatation (les Européens considèrent les Indiens comme des êtres sauvages et violen ts), pour montrer que cette opinion n'est pas fo ndée, qu'elle est uniq uement due aux préju gés.

Pour cela, il part de la sign ification des mots barb ares et sau va­ ges, et joue sur leurs sens propr es et leur s sens dérivés.

" Barb are " sign ifie alor s un iquem ent étranger , et " sauvage " signi fie natur el.

Finalem ent, le terme sauvage devient positif, et Mon taigne en profite pour montrer comment les Indiens sont restés proches de la 1.

" Le lierre pousse mieux spontanément, l'arboulier croit plus beau dans les antres solitair es, et les oiseaux chantent plus doucement sans aucun art " (Properce, 1, 1 0, 10 ).. »

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