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Michelet représente-tiil à vos yeux le parfait historien ?

Publié le 17/02/2012

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michelet

 

 

Michelet est comme l'historien « officiel « de notre pays. La troisième République semble avoir pris à tâche de combler sa mémoire de tous les honneurs refusés par les gouvernements précédents à sa personne. Une souscription nationale, à laquelle participe l'Italie, lui élève un somptueux tombeau au Père-Laehaise (1). L'Imprimerie Nationale édite en l'année du Centenaire (1898), sa Révolution française « aux frais de la princesse «. L'Hôtel de Ville de Paris et la Sorbonne retentissent de ses panégyriques. Un grand lycée moderne reçoit son nom, sans compter les rues et les places....

 

michelet

« symbolisme qu'il tient de Pecole allemande et qui flatte son imagination, on percoit la voix de la verite.

II a compose six volumes d'une vaste Histoire de France, ou en depit de certaines outrances, it dit la verite sur les origines de notre pays, sur le Moyen Age, symbolise par la cathedrale gothique et limitation de Jesus-Christ.

Il eclaire son Louis XI du jour meme de la ye- rite - avec, bien entendu, quelques jeux de lumiere fantaisistes...

Et it s'arrete.

Que s'est-il passe? Il a rencontre, dans la cathedrale de Reims, 80 pieds de hauteur », « une guirlande de supplicies »...

en pierre, fan- taisie de sculpteur.

Illumination soudaine! Revirement total!...

De cette vision it tire cette &range conclusion :« Je ne comprendrai les siecles monarchiques si d'abord, avant tout, je n'etablis en moi fame et la foi du peuple.

» Voila pourquoi apres Louis XI it ecrivit la Revolution.

Pareille volte-face, pareil raisonnement sont d'un impulsif, non d'un chercheur patient de la Write! Ces six volumes representent une erudition immense.

On se le repre- sente, travailleur infatigable, curieux perpetuel, dechiffrant manuscrits et archives, consultant les inscriptions, les monuments et les medailles, inter- rogeant la cendre des tombeaux, les estampes, les dessins, les portraits, toujours Peen sur le livre et la main a la plume...

« Je menais, dit -il, une vie que le monde efit pu croire enterree, n'ayant de societe que celle du passé.

» E.

Faguet nomme ce « lecteur prodigieux » « le plus informe, le plus erudit du xixe siecle.

» De fait, it a tout explore : histoire politique et interieure, guerres et diplomatie, philosophic et religion, jurisprudence et litterature, ethnographie et geographie, beaux-arts et coutumes. Mais le superlatif employe par le critique parait excessif.

Un autre erudit, admirateur judicieux et plus qualifle, Leon Gautier, le traducteur de la Chanson de Roland, se permet d'observer que Michelet n'a pas connu toutes les ressources des Archives nationales conflees a sa garde, ou qu'il ne les a pas exploitees methodiquement.

Et it ajoute :« Il n'etait pas fait pour etre un.

erudit.

Il ,ne prit dans les chrontques que ce qu'elles avalent de pittoresque...

Il n'approfondit pas, it effleure; it ne raconte pas, it paint » * * Accumuler des faits, en etablir la suite reelle n'est pas suffisant.

L'his- torien analyse, compare, evalue, juge.

Ce juge doit dominer tous les temps, tous les pays, apres avoir pris avec eux un contact intime.

Or Michelet est l'homme qui a eu trenle ans en 1830, it est le Francais de ce temps-la, it est l'herbe poussee entre les paves de la capitale, sans fleur et sans soleil. II est, surtout apres 1840, l'homme d'une classe, l'enfant du peuple, Pheritier de « Jacques Bonhomme », ce qui revient a dire : un juge bourre de pre- juges, ceux-ci aggraves par une sensibilite et une imagination mal reglees. Meme au temps oft la haine ne trouble pas son jugement, it apprecie les hommes et les evenements de facon trop subjective.

Sa Jeanne d'Arc, d'une etrange beanie, son chef -d'oeuvre, sil'on vent, ne saurait passer pour conforme a l'original.

Elle devient, dans l'esprit de ce visionnaire, le visage de la France, un symbole de la Nation et du Peuple francais.

Il la reduit une legende rapide et pure...

une legende vivante...

».

II ne proncInce pas le nom d'hallucinee, macs it nous montre cette robuste paysanne « realisant ses propres idees », leur communiquant « une splendide et puissante exis- tence ».

De cette guerriere vaillante et inspiree, type accompli du capi- taine et du soldat de France, it fait une amazone paradant a la tete d'une mediocre armee.

Le siege d'Orleans? affaire minime grossie par l'enthou- siasme.

La campagne de la Loire, la marche vers Reims? promenade mili- taire...

4 on ne savait ou trouver Parmee anglaise dans le desert de la Beauce». C'est la Sainte surtout qu'il s'applique a minimiser, la e flue de Dien », qui reclamait son transfert dans une prison d'Eglise et en appelait au Pape. Elle n'est plus chez- Michelet qu'une mystique en revolte contre PEglise visible.

Et it affirme que la croyante a doute de sa mission, alors qu'elle affirme, elle :« Mes voix ne m'ont pas trompee ».

Eit toute justice Michelet pouvait dire ma Jeanne-d'Arc; ce n'est point la notre, a coup sur! Apres son Histoire de la Revolution, it n'est plus maitre de ses haines. II maudit la cathedrale gothique, naguere « miracle » et « geometrie de l'Art », maintenant faible insecte « trainant apres lui un cortege de membres symbolisme qu'il tient de l'école allemande et qui flatte son imagination, on perçoit la voix de la vérité.

Il a composé six volumes d'une vaste Histoire de France, où en dépit de certaines outrances, il dit la vérité sur les origines de notre pays, sur le Moyen Age, symbolisé par la cathédrale gothique et l'Imitation de Jésus-Christ.

Il éclaire son Louis XI du jour même de la vé­ rité — avec, bien entendu, quelques jeux de lumière fantaisistes... Et il s'arrête.

Que s'est-il passé? Il a rencontré, dans la cathédrale de Reims, « à 80 pieds de hauteur », « une guirlande de suppliciés »...

en pierre, fan­ taisie de sculpteur.

Illumination soudaine! Revirement total!... De cette vision il tire cette étrange conclusion : « Je ne comprendrai les siècles monarchiques si d'abord, avant tout, je n'établis en moi l'âme et la foi du peuple. » Voilà pourquoi après Louis XI il écrivit la Révolution. Pareille volte-face, pareil raisonnement sont d'un impulsif, non d'un chercheur patient de la Vérité! * * * Ces six volumes représentent une érudition immense. On se le repré­ sente, travailleur infatigable, curieux perpétuel, déchiffrant manuscrits et archives, consultant les inscriptions, les monuments et les médailles, inter­ rogeant la cendre des tombeaux, les estampes, les dessins, les portraits, toujours l'œil sur le livre et la main à la plume... « Je menais, dit-il, une vie que le monde eût pu croire enterrée, n'ayant de société que celle du passé.

» E.

Faguet nomme ce « lecteur prodigieux » « le plus informé, le plus érudit du xixe siècle.

» De fait, il a tout exploré : histoire politique et intérieure, guerres et diplomatie,, philosophie et religion, jurisprudence et littérature, ethnographie et géographie, beaux-arts et coutumes.

Mais le superlatif employé par le critique paraît excessif. Un autre érudit, admirateur judicieux et plus qualifié, Léon Gautier, le traducteur de la Chanson de Roland, se permet d'observer que Michelet n'a pas connu toutes les ressources des Archives nationales confiées à sa garde, ou qu'il ne les a pas exploitées méthodiquement.

Et il ajoute : « Il n'était pas fait pour être un erudit. Il ne prit dans les chroniques que ce qu'elles avaient de pittoresque... Il n'approfondit pas, il effleure; il ne raconte pas, il peint » Accumuler des faits, en établir la suite réelle n'est pas suffisant. L'his­ torien analyse, compare, évalue, juge. Ce juge doit dominer tous les temps, tous les pays, après avoir pris avec eux un contact intime. Or Michelet est l'homme qui a eu trente ans en 1830, il est le Français de ce temps-là, il est l'herbe poussée entre les pavés de la capitale, sans fleur et sans soleil.

Il est, surtout après 1840, l'homme d'une classe, l'enfant du peuple, l'héritier de « Jacques Bonhomme », ce qui revient à dire : un juge bourré de pré­ jugés, ceux-ci aggravés par une sensibilité et une imagination mal réglées.

Même au temps où la haine ne trouble pas son jugement, il apprécie les hommes et les événements de façon trop subjective. Sa Jeanne d'Arc, d'une étrange beauté, son chef-d'œuvre, si l'on veut, ne saurait passer pour conforme à l'original. Elle devient, dans l'esprit de ce visionnaire, le visage de la France, un symbole de la Nation et du Peuple français.

Il la réduit à « une légende rapide et pure... une légende vivante... ».

Il ne prononce pas le nom d'hallucinée, mais il nous montre cette robuste paysanne « réalisant ses propres idées », leur communiquant « une splendide et puissante exis­ tence ».

De cette guerrière vaillante et inspirée, type accompli du capi­ taine et du soldat de France, il fait une amazone paradant à la tête d'une médiocre armée.

Le siège d'Orléans? affaire minime grossie par l'enthou­ siasme. La campagne de la Loire, la marche vers Reims? promenade mili­ taire... « on ne savait où trouver l'armée anglaise dans le désert de la Beauce ».

C'est la Sainte surtout qu'il s'applique à minimiser, la « fille de Dieu », qui réclamait son transfert dans une prison d'Eglise et en appelait au Pape.

Elle n'est plus chez Michelet qu'une mystique en révolte contre l'Eglise visible. Et il affirme que la croyante a douté de sa mission, alors qu'elle affirme, elle : « Mes voix ne m'ont pas trompée ».

En toute justice Michelet pouvait dire : ma Jeanne-d'Arc; ce n'est point la nôtre, à coup sûr! Après son Histoire de la Révolution, fl n'est plus maître de ses haines.

Il maudit la cathédrale gothique, naguère « miracle » et « géométrie de l'Art », maintenant faible insecte « traînant après lui un cortège de membres. »

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