Molière à l'époque de Tartuffe
Publié le 28/05/2015
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Cette liaison n'avait pas été sans provoquer de violents conflits entre le Roi et sa mère qui avait demandé à Bossuet de ramener Louis XIV à plus de vertu et de piété. Le célèbre prédicateur prêcha trois sermons du Carême pleins de sévères et foudroyants avertissements qui épouvantèrent Mlle de la Vallière mais eurent peu d'influence sur le Roi. Le jeune monarque était surtout désireux de mener une vie de plaisirs. Cette situation engendra une tension permanente entre le parti de la Reine mère appuyé sur les dévots et le Roi, pressé de se libérer de toute contrainte. Des motifs politiques vont se greffer sur cet antagonisme centré sur la vie privée du souverain. Tous ces facteurs joueront leur rôle aussi bien dans les sources d'inspiration de Tartuffe que dans les réactions passionnées que cette pièce va susciter.
Le troisième jour, Mlle Du Parc, Mlle de Brie et Mile Molière, Armande Béjart que Molière avait épousée deux années auparavant I récitèrent des vers à la louange de la reine mère. Le 11 mai, la troupe était encore à l'honneur et donnait Les Fâcheux, une pièce que Louis XIV appréciait particulièrement car il avait suggéré à Molière la scène du chasseur et le comédien n'avait pas manqué de faire gloire au roi de cette «collaboration« dans son épître dédicatoire.
Enfin, le 12 mai, Molière fait jouer la première version de Tartuffe en trois actes. Cette comédie satirique, qui peignait sans complaisance l'hypocrisie d'un faux dévot, divisa le public. Le Roi et la jeune Reine, ainsi qu'une partie des spectateurs la jugèrent «divertissante «, tandis que la Reine mère et son entourage manifestèrent leur irritation. Bientôt des pressions très fortes s'exercèrent sur le Roi, venant du parti dévot, et l'obligèrent, à regret, à en interdire les représentations publiques.
Molière ne tomba pas en disgrâce pour autant car sa pièce avait secrètement l'approbation du Roi qui n'était pas encore en mesure d'imposer sa loi au très puissant parti dévot. Le lendemain, dernier jour des fêtes, sa troupe donnait une comédie-ballet dont il était, bien sûr, l'auteur, Le Mariage forcé.
«
20 1 Molière.
Œuvres majeures
le 5 septembre 1661, condamné, emprisonné à vie.
Colbert
avait remplacé Fouquet aux Finances.
Et Louis XIV avait
alors décidé de faire construire
à Versailles un château encore
plus grandiose que celui de Vaux-le-Vicomte, d'y
donner des
fêtes encore plus éclatantes que celles de Fouquet.
Il s'était
substitué à celui-ci comme protecteur des écrivains, des poè
tes
et des artistes auxquels Fouquet avait distribué ses larges
ses.
Molière fit partie, avec La Fontaine, de ce
«sérail>> artisti
que
du fastueux seigneur de Vaux.
Il avait fait jouer le
17 août 1661, la comédie Les Fâcheux lors d'une fête donnée
par Fouquet en l'honneur du Roi.
Il redonnera Les Fâcheux à
Versailles, le cinquième
jour des Plaisirs de l'île enchantée.
La contribution de la troupe de Molière au succès de ces
sept journées de réjouissances et de divertissements a été
décisive et marque son apogée dans les faveurs du Roi.
Le
28 février 1664 le Roi et Madame avaient été parrain et mar
raine du premier enfant de Molière
et d'Armande Béjart à
qui ils avaient donné le prénom de Louis.
On verra que si Molière devait cette position à son génie
d'«amuseur>>, il ne se limitera pas à un art simplement des
tiné
à plaire.
La création de Tartuffe et les remous qu'elle
allait
entraîner montreront que désormais le fondateur de
L'Illustre Théâtre, avec l'assentiment discret du Roi, aspirait
à
donner à son œuvre une signification plus profonde et plus
large, répondant à un enjeu politique
et social.
Un auteur bien en cour
Le premier jour des festivités, Molière et ses comédiens figu
rent dans le défilé d'ouverture.
Ils y représentent, montés sur
le char d'Apollon, divers personnages allégoriques.
Le soir,
ils prenaient part au divertissement des Saisons.
Le second
jour, la troupe de Molière donna en soirée
La Princesse
d'Elide
dont le sujet, inspiré d'une comédie espagnole de
Moreto,
Dédain pour dédain, était fort adroitement tourné
puisque, tout en rendant hommage aux deux reines, toutes
les deux originaires d'Espagne,
il regorgeait d'allusions flat
teuses aux amours de Louis XIV et de Louise de la Vallière..
»
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