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Molière à l'époque de Tartuffe

Publié le 28/05/2015

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La querelle de L'Ecole des femmes

Au moment où Molière écrit Tartuffe, il sort de la querelle de L'Ecole des femmes qui l'a occupé toute l'année 1663 et le début de 1664.

Les détracteurs de la pièce ont surtout attaqué Molière sur la question des bienséances, l'accusant d'obscénité.

Mais cette défense de la moralité dissimulait des antagonis­mes plus profonds et plus graves. De même, si les comédiens de l'Hôtel de Bourgogne, spécialisés dans la tragédie, étaient outrés de voir Molière leur ravir les faveurs du public, cette rivalité recouvrait, en fait, une différence de style. Molière a introduit dans le jeu des acteurs la notion de naturel qu'il opposait à la manière compassée et pompeuse de ses rivaux.

A cela s'ajoutait le fait que la tragédie était en train de passer de mode. L'irrésistible progression de Molière, exactement proportionnelle au déclin de la troupe de ceux que l'on appelait les Grands Comédiens, traduisait un phénomène d'ordre histo­rique, la substitution de la comédie à la tragédie dans l'expres­sion des passions et des pulsions les plus obscures et les plus troubles de l'âme humaine. L'apport de Molière au théâtre a consisté à atteindre à la hauteur de la tragédie avec les moyens de la comédie. Il a su garder au genre comique la saveur de ses origines populaires tout en lui conférant la noblesse, la profon­deur et la subtilité de la grande littérature. C'est pourquoi dans ses meilleures réussites, comme L'Ecole des femmes, Tartuffe ou Le Misanthrope, il est à la limite des genres.

 

On peut voir plus qu'un symbole dans le fait que Molière ait dû sa reconnaissance à une farce de son invention jouée à la suite d'une grande tragédie de son auteur préféré, Pierre Corneille, qui avait endormi l'assistance.

Cette liaison n'avait pas été sans provoquer de violents conflits entre le Roi et sa mère qui avait demandé à Bossuet de ramener Louis XIV à plus de vertu et de piété. Le célèbre prédicateur prêcha trois sermons du Carême pleins de sévères et foudroyants avertissements qui épouvantèrent Mlle de la Vallière mais eurent peu d'influence sur le Roi. Le jeune monarque était surtout désireux de mener une vie de plaisirs. Cette situation engendra une tension permanente entre le parti de la Reine mère appuyé sur les dévots et le Roi, pressé de se libérer de toute contrainte. Des motifs politiques vont se greffer sur cet antagonisme centré sur la vie privée du souverain. Tous ces facteurs joueront leur rôle aussi bien dans les sources d'inspiration de Tartuffe que dans les réac­tions passionnées que cette pièce va susciter.

Le troisième jour, Mlle Du Parc, Mlle de Brie et Mile Mo­lière, Armande Béjart que Molière avait épousée deux an­nées auparavant I récitèrent des vers à la louange de la reine mère. Le 11 mai, la troupe était encore à l'honneur et don­nait Les Fâcheux, une pièce que Louis XIV appréciait parti­culièrement car il avait suggéré à Molière la scène du chas­seur et le comédien n'avait pas manqué de faire gloire au roi de cette «collaboration« dans son épître dédicatoire.

Enfin, le 12 mai, Molière fait jouer la première version de Tartuffe en trois actes. Cette comédie satirique, qui peignait sans complaisance l'hypocrisie d'un faux dévot, divisa le pu­blic. Le Roi et la jeune Reine, ainsi qu'une partie des specta­teurs la jugèrent «divertissante «, tandis que la Reine mère et son entourage manifestèrent leur irritation. Bientôt des pres­sions très fortes s'exercèrent sur le Roi, venant du parti dévot, et l'obligèrent, à regret, à en interdire les représenta­tions publiques.

 

Molière ne tomba pas en disgrâce pour autant car sa pièce avait secrètement l'approbation du Roi qui n'était pas encore en mesure d'imposer sa loi au très puissant parti dévot. Le lendemain, dernier jour des fêtes, sa troupe donnait une comédie-ballet dont il était, bien sûr, l'auteur, Le Mariage forcé.

« 20 1 Molière.

Œuvres majeures le 5 septembre 1661, condamné, emprisonné à vie.

Colbert avait remplacé Fouquet aux Finances.

Et Louis XIV avait alors décidé de faire construire à Versailles un château encore plus grandiose que celui de Vaux-le-Vicomte, d'y donner des fêtes encore plus éclatantes que celles de Fouquet.

Il s'était substitué à celui-ci comme protecteur des écrivains, des poè­ tes et des artistes auxquels Fouquet avait distribué ses larges­ ses.

Molière fit partie, avec La Fontaine, de ce «sérail>> artisti­ que du fastueux seigneur de Vaux.

Il avait fait jouer le 17 août 1661, la comédie Les Fâcheux lors d'une fête donnée par Fouquet en l'honneur du Roi.

Il redonnera Les Fâcheux à Versailles, le cinquième jour des Plaisirs de l'île enchantée.

La contribution de la troupe de Molière au succès de ces sept journées de réjouissances et de divertissements a été décisive et marque son apogée dans les faveurs du Roi.

Le 28 février 1664 le Roi et Madame avaient été parrain et mar­ raine du premier enfant de Molière et d'Armande Béjart à qui ils avaient donné le prénom de Louis.

On verra que si Molière devait cette position à son génie d'«amuseur>>, il ne se limitera pas à un art simplement des­ tiné à plaire.

La création de Tartuffe et les remous qu'elle allait entraîner montreront que désormais le fondateur de L'Illustre Théâtre, avec l'assentiment discret du Roi, aspirait à donner à son œuvre une signification plus profonde et plus large, répondant à un enjeu politique et social.

Un auteur bien en cour Le premier jour des festivités, Molière et ses comédiens figu­ rent dans le défilé d'ouverture.

Ils y représentent, montés sur le char d'Apollon, divers personnages allégoriques.

Le soir, ils prenaient part au divertissement des Saisons.

Le second jour, la troupe de Molière donna en soirée La Princesse d'Elide dont le sujet, inspiré d'une comédie espagnole de Moreto, Dédain pour dédain, était fort adroitement tourné puisque, tout en rendant hommage aux deux reines, toutes les deux originaires d'Espagne, il regorgeait d'allusions flat­ teuses aux amours de Louis XIV et de Louise de la Vallière.. »

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