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Montesquieu, Lettres persanes - Lettre LXXIV. Lettre 74 (commentaire composé de français)

Publié le 10/01/2020

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Montesquieu, Lettres persanes - Lettre LXXIV. Lettre 74

Usbek à Rica, à***.

Il y a quelques jours qu'un homme de ma connaissance me dit : « Je vous ai promis de vous produire dans les bonnes maisons de Paris : je vous mène à présent chez un grand seigneur qui est un des hommes du royaume qui représente le mieux ».

« Que veut dire cela, Monsieur? Est-ce qu'il est plus poli, plus affable que les autres ? - Non, me dit-il. - Ah ! J'entends ! Il fait sentir à tous les instants la supériorité qu'il a sur tous ceux qui l'approchent. Si cela est, je n'ai que faire d'y aller : je la lui passe tout entière, et je prends condamnation ».

Il fallut pourtant marcher, et je vis un petit homme si fier, il prit une prise de tabac avec tant de hauteur, il se moucha si impitoyablement, il cracha avec tant de flegme, il caressa ses chiens d'une manière si offensante pour les hommes, que je ne pouvais me lasser de l'admirer. « Ah! Bon Dieu ! Dis-je en moi-même, si, lorsque j'étais à la cour de Perse, je représentais ainsi, je représentais un grand sot ! » Il aurait fallu, Rica, que nous eussions eu un bien mauvais naturel pour aller faire cent petites insultes à des gens qui venaient tous les jours chez nous nous témoigner leur bienveillance : ils savaient bien que nous étions au-dessus d'eux, et, s'ils l'avaient ignoré, nos bienfaits le leur auraient appris chaque jour. N'ayant rien à faire pour nous faire respecter, nous faisions tout pour nous rendre aimables: nous nous communiquions aux plus petits; au milieu des grandeurs, qui endurcissent toujours, ils nous trouvaient sensibles; ils ne voyaient que notre coeur au-dessus d'eux: nous descendions jusqu'à leurs besoins. Mais, lorsqu'il fallait soutenir la majesté du prince dans les cérémonies publiques lorsqu'il fallait faire respecter la nation aux étrangers lorsque, enfin, dans les occasions périlleuses, il fallait animer les soldats, nous remontions cent fois plus haut que nous n'étions descendus : nous ramenions la fierté sur notre visage, et l'on trouvait quelquefois que nous représentions assez bien.

De Paris, le 10 de la lune de Saphar 1715.

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« d’Usbek, un seigneur persan, et de son ami Rica en voyage en Europe et surtout en France, Montesquieu critique la société de son temps à travers le regard de deux persans => fausse ingénuité, ironie, « regard étranger »… Intérêt d’un regard extérieur. I- La lettre d’un persan A- Une lettre • Notez tous les éléments qui rappellent qu’il s’agit d’une lettre : - entête => expéditeur, destinataire + lieu de destination « Usbek à Rica, à*** ».

Les étoiles suggèrent normalement qu’il s’agit d’un vrai lieu dont il est préférable de taire le nom (facétie de Montesquieu). - De Paris, le 10 de la lune de Saphar 1715.

=> Calendrier oriental. • Situation d’énonciation.

Usbek écrit à Rica => utilisation de la 1 eet de la 2 epersonne du singulier. Usbek : « ma ; me ; je vis… » ; Rica > apostrophe « Rica » + marques de 1 epersonne du pluriel « nous ». • But de la lettre => raconter un petit épisode à Rica.

Temps des verbes : passé simple + « je » qui va s’opposer à « il » (« homme de la connaissance »). => Lettre vivante, fondée sur des dialogue, importance du style direct : théâtralité. B- Un regard étranger • Usbek rencontre un homme français « un grand seigneur qui est un des hommes du royaume qui représente le mieux » = prototype du Français. • Cf.

la répétition du verbe « représenter ». • Condamne, n’accepte pas les principes de ce personnage => Cf.

le temps des verbes : - imparfait et conditionnel passé.

Ex : « il aurait fallu » => ce qui appuie sur le rejet de l'hypothèse de cette conduite à sa cour. Ex : « si je représentais » + verbe au conditionnel passé => pour éloigner cette hypothèse. • Cela est renforcé par l’utilisation du « nous » + imparfait pour décrire l'attitude des grands seigneurs en Perse (« avec fierté »), pour appuyer sur l'opposition. => Opposition entre le grand seigneur fier en France => considéré comme « un grand sot » par Usbek (et les Persans). ∆) Montesquieu utilise le regard du Persan pour remettre en question, critiquer certains Français du XVIIIe siècle. II- Le double portrait. »

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