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Montrez que les grands écrivains du règne de Louis XIV ont été des moralistes dans des genres différents et à des degrés divers.

Publié le 10/02/2012

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louis xiv

Les meilleurs écrivains de la période classique du xviie siècle semblent

s'être peu souciés de la nature extérieure; tout au plus l'ont-ils regardée

comme un cadre aux scènes où s'agite l'homme moral, objet presque constant

de leurs études. Nos passions, les philosophes de cette époque les

soumettent à une sagace et impitoyable analyse; les prédicateurs les provoquent

et les combattent du haut de la chaire; les dramaturges les mettent

aux prises sur la scène. Tous veulent en dénoncer les secrets calculs, en

démontrer la perfidie et signaler les hontes ou les ridicules auxquels se

condamne une âme qui s'en laisse dominer.

louis xiv

« Plus certaine apparaît la préoccupation d'un Pascal dans ses Pensées.

Il n'a qu'un but, réfuter les objections de l'esprit incrédule, réduire à néant les sophismes dù 'cœur 'corrompu, faire com'prendre à l'orgueilleuse raison qu'elle n'est rien, puis montrer en Jésus-Christ la Vérité qu'il faut croire, la Vie dont il faut vivre, la Lumière qui dissipe toute illusion.

:C'est un moraliste éloquent que ce janséniste qui s'est dépris de l'enchantement de la bagatelle et souffre de nous y voir asservis.

Les avertissements qu'il nous .

adresse sont comme des cris· de douleur; lui, qui a cherché «la vérité en gémissant », il s'irrite de rencontrer des égarés, tranquilles dans leurs erreurs.

Si l'abîme de ses obscurités et de ses impuissances arrache à Pascal un cri d'effroi, l'âme sereine d'un Fénelon, d'un Bourdaloue et d'un Bossuet ignore de tels accents.

Calmes dans leur adhésion tranquille à la vérité révélée, ils sont pour nous des guides moins impitoyables et plus sûrs.

Les deux premiers n'ont pas au front l'éclair de « l'effrayant génie » qui con­ sume Pascal, mais ils ont évité ses erreurs.

Quant ·à Bossuet, si élevée, si raisonnable est sa doctrine morale, si judicieuse sa direction, que nous nous étonnons aujourd'hui de voir une Sévigné lui préférer des moralistes qui ne le valaient pas.

Peut-être une secrète malignité cherchait-elle dans les caractères tracés par Bourdaloue des allusions et des portraits que l'éloquent religieux n'y mettait pas.

* ** Par ces caractères, Bourdaloue se rapproche des peintres de mœurs, La Fontaine et Molière, Racine et La Bruyère, eux aussi moralistes.

Leur art est moins noble puisque leur but et leurs moyens sont moins élevés; mais s'il corrige peu les vices, du moins atteint-il quelques travers sans éveiller notre susceptibilité jalouse.

Philosophe à sa manière, et artiste incomparable, La Fontaine réserve à l'homme la place d'honneur dans l' « ample comédie ».

Quand il fait parler l'ours ou le lion, l'aigle ou la colombe, c'est «pour instruire les hommes ».

Il ne cache pas son intention de.

philosopher un peu : Car conter pour conter me semble peu d'affaire, dit ce moraliste aimable, et il nous prie de souffrir qu'il mêle à ses récits des maximes qui en sont comme la leçon pratique .

...

Le conte fait passer le précepte après lui ...

Que vaut cette leçon? Le Fabuliste n'est certes pas un mystique; est-il même chrétien? Toutefois les reproches que lui adressent Rousseau et Lamartine sont injbstes.

Enlevez de ses apologues une centaine.

de vers où sa muse s'exprime trop librement, il reste le code de la morale raison­ nable et moyenne d'un écrivain qui n'aurait pas lu l'Evangile.

En dépit de ses affirmations, Molière n'a pas même atteint jusque-là, et cependant lui aussi .est un moraliste.

Par l'impression générale et domi­ nante, son théâtre n'est rien moins que moralisateur; toutefois il marque une rare connaissance de certains travers de notre nature et les person­ nages sympathiques y font souvent entendre le langage du bon sens, de la raison, du naturel.

Certes ce n'est ni tout ni assez; cependant, n'est-ce rien? Le Tartufe est une mauvaise action; mais, comme le Misanthrope et les Femmes savantes, il renferme des traits d'observation morale d'une vérité universelle; Molière s'est trop attaché aux défaillances de notre nature; peut-être même n'a-t-il pas soupçonné tout le mérite de l'intégrité morale; mais il a représenté avec un ra~:e bonheur l~s calculs de l'égoïsme, les menées de l'ambition, les intrigues de la vanité et il a poursuivi, flagellé sans pitié ces passions qui torturent et dépriment tant d'âmes.. »

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