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Notice sur Horace de Corneille: résumé, analyse

Publié le 09/05/2011

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1 L'orientation de Corneille vers la tragédie à partir d'Horace

• Les raisons d'un choix. La tragédie semble avoir d'abord timidement tenté Corneille qui de 1629 à 1636, de 23 à 30 ans, avait commencé par donner au public six comédies d'affilée : Mélite, La Veuve, La Galerie du Palais, La Suivante, La Place Royale, que couronne L'Illusion comique en 1636. Toutefois l'année précédente, en 1635, il est attiré par un affreux sujet de la mythologie grecque, Médée, qui nous peint en cette magicienne asiatique une mère dénaturée, égorgeant ses enfants pour punir de son infidélité Jason, son époux. Le Cid, successivement nommé tragi-comédie et tragédie, marque une hésitation dans la vocation tragique de Corneille. Il tempère du reste, comme s'il se repentait de la barbarie de sa tragédie précédente, les âpres usages et les gestes emportés du Moyen Age espagnol, en dépit de Guilhem de Castro, son modèle; il adoucit, par la générosité des coeurs et la promesse d'un heureux dénouement. la rude légende du Romancero. Et voici, en 1640 probablement, une pièce que Corneille a fait attendre quatre ans, comme s'il s'y était mûrement préparé.

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« Le sujet d'Horace, bien qu'il remonte aux premiers âges de Rome, au vile siècle avant J.-C., 85 ans après lafondation légendaire de Rome par Romulus, et qu'il présente une situation extraordinaire, est en effet cependantattesté par l'Histoire.

Deux villes voisines, Albe et Rome, raconte Tite-Live, se faisaient une guerre fratricide.

Eneffet les Romains étaient issus de rois albains, eux-mêmes descendants du prince troyen Énée.

Les premiers, lesAlbains envahissent le territoire romain et établissent leur camp à cinq milles de Rome, lorsque meurt leur roi : lesAlbains, alors, créent un dictateur, Metius Suffetius.

Tullus, le fier roi romain, s'apprêtait, de nuit, à attaquer lecamp des Albains, quand Metius Suffetius, devant les deux armées rangées face à face, fait des propositions : aumilieu de voisins hostiles et qui les guettent, mieux vaut chercher, sans carnage, quel peuple dominera l'autre.Les deux rois interviennent alors auprès de deux trios de frères, les Horaces et les Curiaces, égaux respectivementen force et en âge, qui se trouvaient dans les deux armées : l'empire appartiendra, leur dit-on, au camp d'où naîtrala victoire.

Sans débat, ils acceptent.

La ruse du dernier Horace, ayant vu tomber ses frères, est de fuir devant lestrois Curiaces inégalement touchés et, en se retournant alors par surprise, de les combattre seul à seul et de lestranspercer.

Horace rentrait en vainqueur à la tête de l'armée, quand se présente à lui, à la porte de la ville, sasoeur, fiancée à l'un des Curiaces : elle-même avait tissé pour son fiancé le manteau d'armes que son frère arboraitsur son bras.

Elle défait ses cheveux, pleure, appelle le défunt.

Horace alors la frappe de l'épée : « Ainsi périssetoute Romaine qui pleurera un ennemi! » A la demande de la plèbe et du sénat, Horace fut traduit en justice.

Le roi,selon la loi, nomme des duumvirs pour en juger.

Déjà on liait les mains d'Horace pour le suspendre, la tête voilée, àl'arbre fatal, quand sur le conseil du roi Tullus, à qui répugnait un jugement si triste et si pénible, Horace cria : « J'enappelle! » Alors on jugea en appel devant le peuple.

Le père d'Horace sauva la vie de son fils en prononçant unremarquable plaidoyer et le peuple ne put s'endurcir devant les larmes du père et le courage du fils : il l'acquittaitplus ainsi par un sentiment d'admiration que pour le bon droit de sa cause.

Toutefois un tombeau fut élevé à lavictime, des sacrifices expiatoires aux frais de l'État furent décidés, et le père dut faire passer son fils, la têtevoilée, sous une sorte de joug symbolique. • La mise en oeuvre des données de l'Histoire et les créations de Corneille.Avec cette trame, il s'agit, pour Corneille, d'ourdir une tragédie, et celle-ci , va réaliser, à la perfection, uneconception théâtrale nouvelle.Corneille a vite compris — pour la clarté de l'action — qu'il lui suffisait, sur scène, d'opposer un Curiace et un Horace: l'un sera le dernier champion survivant et l'autre sa victime.

Mais surtout il enrichit : il invente des personnages etdes situations.

Outre le roi Tulle (l'usage était, au XVIIe siècle, de franciser la plupart des noms latins) trois héros luisont donnés, le jeune Horace, le père d'Horace (qu'il paraît vouloir vieillir et durcir en l'appelant le Vieil Horace), lasoeur que Tite-Live ne nomme pas, et que Corneille appellera Camille.

Il crée le personnage de Sabine et invente,par un coup de génie, les situations inverses : Sabine, Albaine, sera mariée à Horace, comme Camille, Romaine, estfiancée à Curiace.

Le personnage nouveau de Valère fournit d'intéressants ressorts dramatiques.

Quant à lapéripétie la plus célèbre de toute l'histoire, la fuite d'Horace, le récit en est confié, à l'acte III, à Julie qui en faitl'usage le plus théâtral qui soit, en attendant qu'il soit achevé par Valère à l'acte suivant.

Flavian apparaît dans unesobre et belle scène à l'acte H et, s'il joue les utilités, Procule a, malgré tout, à l'acte IV, un vers pertinent.Corneille remanie et exploite les situations en vue de les rendre plus tragiques.

Les armées ne se contentent plus dedévaster, mais la guerre bat son plein, car Sabine a pleuré quand la gloire entrait dans la maison de ses frères (v.78) et une bataille décisive est imminente qui décidera de la guerre : Corneille invente donc la péripétie de la paixqui inonde les personnages d'espoir, en attendant le coup de théâtre de l'acte II.

Aux circonstances un peuimprécises qui décidaient du choix des combattants chez Tite-Live, Corneille substitue le tirage au sort, très romain,humainement juste, mais par lequel la fatalité pèse plus lourdement sur les héros.

La guerre est ainsi présentéecomme une sorte de mal supérieur, d'épreuve extérieure à la volonté humaine, et décidée par les Destins pour lagrandeur de Rome.

C'est presque Mars qui s'empare de la scène (comme apparaissent dans la tragédie grecqueAphrodite ou Apollon) et met chaque personnage, qu'il le veuille ou non, en demeure de donner la mesure de lui-même.

Puis c'est, une fois les héros aux prises, la géniale coupure du récit de Tite-Live, distribué entre Julie etValère, partie à l'acte III, partie à l'acte IV, de manière à ménager un troisième coup de théâtre.

Et Corneillepoursuit, en inventant les péripéties qui dressent progressivement face à face Camille et le jeune Horace, enétoffant la belle sécheresse de Tite-Live, au détriment de ce manteau de tendresse d'un pittoresque facile.Enfin le dernier acte, qui est le jugement d'Horace, est sans doute moins fertile en rebondissements et enpittoresque que chez Tite-Live.

Mais en se bornant à un débat juridique conforme aux caractères des personnages,il met aux prises des thèses, celles de Valère, du Vieil Horace et du roi; il tire la moralité tragique des événements :la paix retrouvée, les exigences de l'État ont pu, semble-t-il, s'apaiser pour faire place à celles de la conscience.

Laconfrontation des deux morales se poursuit, mais la Justice pèse toujours avec ses poids personnels.

Le Pouvoirpeut avec sagesse donner des leçons, même intéressées.

Sans doute, par ce procès final ainsi élargi, quoiqu'ilparaisse refroidir l'action, Corneille a voulu élever :Intérêt du domaine ordinaire de l'action à celui des causes quifondent cette action.

La Justice peut blâmer tout en absolvant, et il reste à déterminer si la tache imprimée au nomd'Horace a plus d'importance que sa vie, ou sa vie que la tache.

Comme chez Tite-Live, Horace sera purifié etconservé à l'État, et les mânes de Camille satisfaits.

Du procès mouvementé, allant en appel, chez Tite-Live, desduumvirs au peuple, Corneille a fait un débat ramassé d'un intérêt tout intellectuel et moral.

Il a considéré, endéveloppant l'intention de Tite-Live, que, comme tout coupable, mais lui plus qu'un autre, Horace posait un cas : cecas a revêtu, pour Corneille, l'aspect d'un des grands et premiers procès de l'Histoire.Mais le tourbillon de la guerre ne roule pas seulement les hommes vers leur perte sans briser les rêves de la paix.Corneille a senti que la minceur du meurtre de Camille chez l'historien latin, pour important qu'il soit, lui ouvraittoutes grandes les pages d'un roman d'amour.

Il va donc en retracer l'histoire entière.

Le jeune auteur à succès descomédies a compris que c'est à la jeunesse que la guerre réclame d'abord son tribut, qu'elle torture les fiancés, enhappe et en tue plus d'un.

En écrivant Le Cid, il s'est rendu mieux compte que l'amour pouvait veiller auprès de la. »

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