OEdipe, personnage tragique

« E X P 0 S É S F C H E S Aveugle et clairvoyant Œdipe est à la fois celui qui déchiffre les énigmes et celui qui ne déchiffre pas la sienne.« Toi tu as des yeux mais tu ne vois pas jusqu'où va ta misère», lui rétorque Tirésias.

Etc' est ce qui lui a valu sa gloire, le triomphe sur la sphynge, qui sera la cause de sa perte.

C'est encore lui qui s'aveugle une dernière fois sur sa naissance à la fin du troisième épisode.

La duplicité des mots et des actes Œdipe voit ses paroles et ses actes se retourner contre lui.

Les imprécations qu'il lance, il ne sait pas que c'est à lui qu'elles s'adressent et il découvrira à la fin qu'elles l'enchaînent : « Pauvre infortuné, moi le plus glorieux des enfants de Thèbes, je me suis privé de tout cela en ordonnant moi-même à tous de chasser le sacrilège, celui dont les dieux ont dévoilé l'impureté et la parenté avec Laïos.

» L'entrevue avec Tirésias débouchera sur sa mise en accusation.

Le serviteur de Laïos, loin de confirmer ses espoirs d'une naissance obscure, lui révélera qu'il est le fils de Laïos.

Le héros tragique évolue dans un monde opaque dont le sens lui échappe.

Il se trompe sur lui-même comme sur la portée de ses actes.

Ill -ŒDIPE, INCARNATION DE LA CONDITION HUMAINE Solitude d'Œdipe Le roi entouré du début est un homme seul à la fin, mis au ban de la cité, voué à l'errance.

Abandonné des hommes et des dieux, à la différence du héros épique.

Sans famille, sans cité, dépouillé de ses honneurs et de ses biens.

On peut rappro­ cher Œdipe du roi Lear de Shakespeare.

Le héros tragique est fondamentale­ ment un être dépossédé.

A la fin du drame, le roi est nu, comme le Goriot de Balzac ou le Béranger de Ionesco.

Limites de la condition humaine Œdipe s'était placé au-dessus des autres hommes.

Sa démesure -les Grecs disent hybris -l'a amené à franchir les limités assignées à l'humanité.

Œdipe a cru pouvoir rééditer l'exploit réalisé contre la sphynge, démêler la vérité à l'aide de sa seule intelligence, r'écusant les prédictions de Tirésias.

Œdipe est tragique parce qu'il va jusqu'au bout de son enqnête, contre Jocaste qui l'en dissuade, contre Tirésias qui le met en garde.

Le tragique commence lorsque les deux plans humain et divin sont assez dis­ tincts pour s'opposer mais encore trop proches pour apparaître séparés.

Et Œdipe fait l'expérience d'un monde où, comme l'écrit J.P.

Vernant, dans Mythe et tragé­ die, « les actes humains viennent s'articuler avec les puissances divines, où ils prennent leur sens véritable, ignoré de l'agent, en s'intégrant dans un ordre qui dé­ passe l'homme et lui échappe» (op.

cit., p.39).

Conclusion: Ce que représente la tragédie avec Œdipe, ce n'est plus une réalité héroïque, un modèle, comme le faisait l'épopée mais une réalité humaine devenue problématique, découvrant l'ambiguïté de sa condi­ tion(« ne proclamez pas un homme heureux, tant qu'il n'a pas franchi le terme de sa vie sans avoir éprouvé aucun mal», déclare le coryphée) et les contradictions de ses actes.. »