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Ollier (Claude)

Publié le 11/03/2019

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Ollier (Claude), écrivain français (Paris 1922). On voyage beaucoup dans son œuvre, des déserts africains de la Mise en scène (1958) aux touffeurs lourdes d'Été indien (1963), des pistes de Marrakech-Médine (1980) aux orbites énigmatiques de la Vie sur Epsilon (1972). Mais cette écriture n'est qu'un « piétinant, périlleux, contournant exercice d'approche ». De l'écrivain au langage, du personnage à l'espace, du lecteur à la fiction se tisse

 

un système de Navettes (1967), qui fait de toute activité une archéologie [Our ou Vingt Ans après, 1974) et de toute aventure une projection plane dans un présent sans épaisseur ni perspective [VÉchec de Nolan, 1967 ; Fuzzy sets, 1975). L'« itinéraire » n'est jamais le cheminement plus ou moins facile d'un être de chair et de sang, mais le tracé du doigt ou du regard sur la carte. Prodigieux défilement d'images (l'auteur est un passionné de cinéma) qui « masque » la réalité. Plus la fouille livre de tablettes et de signes, moins l'alphabet est déchiffrable [Mon double à Malacca, 1982). Le journal d'Ollier s'efforce de rassembler les fils épars et souvent rompus d'un tissu, plus ou moins lâche, de mots que le temps a fait texte [Cahiers d'écolier, 1984, Fables sous rêve, 1985).

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)OLLIER Claude (né en 1922).

Né à Paris, Claude Ollier fait des études de droit; ses occupations l'amèneront à effectuer de fréquents séjours à l'étranger.

Fonctionnaire pendant cinq ans au Maroc, c'est dans ce pays qu'il situe 1' action de la Mise en scène (prix Médicis 1958), première étape d'un cycle romanesque, le Jeu d'enfant, où prendront �lace la plupart, de ses ouvrages.

Av,ec le Maintien de 1 '.1rdre ( 1961 ), Eté indien ( 1963), l'Echec de No/an (196'7), l'œuvre d'Ollier s'inscrit dans l'esthé­ tique du Nouveau Roman, dont il radicalise les partis pris : descripti•)ns minutieuses, dilution du personnage, intrigues minces, passablement obscures, prétextes à de longues analyses de la perception.

«Centre perceptif iti­ nérant », le héros d'Oilier voit d'abord dans son environ­ nement des figures géométriques déployées sur l'« écran » de la mer ou du ciel.

inscrites dans l'encadre­ ment d'une fenêtre, comme ces «rectangles de terre ocre » délimitant des terrains de jeu (le Maintien de l'or­ dre).

Des comparaisons accentuent la géométrisation du décor: des immeubles dressés en «quadrilatères iné­ gaux » semblent « les panneaux d'une maquette >> (ibid.).

Cette première inspection prend le héros au piège d'une systématisatiou faussement rassurante.

Dans la « cham­ bre cubique>> occupée par l'ingénieur de la Mise en scène, des «craquements>> ajoutent d'inquiétantes don­ nées auditives aux données visuelles.

elles-mêmes sujet­ tes à variation suivant l'éclairage oy le point de vue: « le tableau saus cesse se modifie >> (Eté indien), le décor devient labyrinthe, dédale (Navettes, recueil de récits, 1967), souk, g•)rge sans issue.

Littéralement impercepti­ ble, le monde extérieur se dérobe, suscitant un climat d'angoisse et c.ïncertitude.

Le discours d'OIIier peut également devenir théorique et co nt est atair e·.

Répétant le conflit entre affects et modè­ les sociaux, la tune s'engage au niveau de l'écriture entre l'imaginaire individuel et les contraintes sociales que « véhiculent la langue et les langages >>(« Ma méthode », Quinzaine littéraire, oct.

1972).

D'où les efforts de l'écrivain pour échapper à ce «texte >> omniprésent, en dévalorisant par« mimétisme >> les formes consacrées de la littérature :/a Mise en scène singe un roman d'aventu­ res coloniales.

mais on peut aussi y voir l'angoissante spirale d'une enquête borgésienne.

La Vie sur Epsilon ( 1972), récit de science-fiction.

met ce genre en ques­ tion : les astronautes perdus sur la planète Epsilon per­ sonnifient, au travers du langage technique et de glaçan­ tes descriptions, la condition humaine aux prises avec le temps et J'infini.

« L'homme qui court éperdu [ ...

), criant dans l'absence de traces >> fait écho à l'homme pascalien « égaré dans ce recoin de l'univers >>.

La contestation, chez Ollier, est aussi rhétorique.

A mesure que le cycle se déploie (Enigma.

t 973; Our ou Vingt Ans après, 1974; Fu::.zy Sets, 1975; Feuilletons, t 990), la narration se complique, brouillant les repères spatiaux et temporels, reprenant presque textuellement des passages déjà inscrits dans ses débuts ou appartenant à d'autres livres.

Dans Fu.zzy Sets, le conflit se transforme en une lutte dont >.

Messages chiffrés, mots tronqués, paragraphes entièrement composés de points de suspension envahissent te livre.

Des jeux typo­ graphiques suggèrent que l'écriture peut être l'instru­ ment de sens simultanés, devenir pur graphisme, hampe, jambage ...

Les mots se groupent en losange, en étoile.

ou s'écartent autour d'une lune qu'un blanc creuse au milieu d'eux.

demande quelque part l'au­ teur-narrateur.

Son «module>> s'arrachera-t-il à l'« en­ gin >> depuis lequel les hommes, feints ou réels (Noé, Gagarine et le capitaine Nemo s'y côtoient), figurent et écrivent tous le même monde? L'œuvre d'OIIier, en constant devenir, laisse en suspens l'impossible réponse.

fût-ce en prenant la forme -mais foisonnante, éclatée - de l'autobiographie (Cahiers d'écolier, 1984; Une histoire illisible, 1986).

Cependant, aux confins de la poésie et du roman, l'écriture de Navettes, de la Vie sur Epsilon, de Fu::.zy Sets, avec ses inversions syntaxiques, ses ellipses, ses inventions lexicales ( « vertigine >>, « sherzane », « ajoliane >> ), renvoie à l'esthétique mallar­ méenne.

Sans doute l'hermétisme offre-t-il ta meilleure chance de créer enfin.

hors texte, un «bibelot d'inanité sonore>>.

[Voir aussi NOUVEAU ROMAN].

BIBLIOGRAPHIE M.

Nadeau, le Roman français depuis la guerr e, Paris, Galli­ mard, 1963; J.-Y.

Aller.

«l'Enquête policière dans le Nouveau Roman».

Revue de.f lettres modernes.

XCIV, 1964; J.-A.

Fieschi, «Aventures du récit.

Entretien avec Claude Ollier »,la N ou1· el/e Crit iq ue, XLII.

mars 1973: R.-M.

Albérès.

« les Tiroirs du temps.

une archéologie du Roman ».

Nouvelles liTTéraires, MMCDLIII.

septembre 1974.

Le numéro XIII de la rev ue Sub-Stance, 1976, contient de nombreux articles sur Claude Ollier, notamment de Raymond Jean, Jean-Marie Le Sidancr, Jacques Lovichi, L.-S.

Roudiez, Je;m-Max Tixier, etc.. »

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