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ORAL - Un mouvement littéraire et culturel : les Lumières

Publié le 18/01/2020

Extrait du document

PISTES DE RÉFLEXION

Quelles sont les critiques récurrentes chez les philosophes des Lumières ?

Quelles sont les valeurs des Lumières ?

En quoi les écrivains des Lumières renouvellent-ils les genres classiques ou bien inventent-ils de nouvelles formes ?

TEXTE 15. César Chesneau Dumarsais, article « Philosophie », Encyclopédie, 1751-1772

Les autres hommes sont déterminés à agir sans sentir, ni connaître les causes qui les font mouvoir, sans même songer qu’il y en ait. Le philosophe au contraire démêle les causes autant qu’il est en lui, et souvent même les prévient, et se livre à elles avec connaissance : c’est une horloge qui se monte, pour ainsi dire, quelquefois elle-même. Ainsi il évite les objets qui peuvent 5 lui causer des sentiments qui ne conviennent ni au bien-être, ni à l’être raisonnable, et cherche ceux qui peuvent exciter en lui des affections convenables à l’état où il se trouve. La raison est à l’égard du philosophe ce que la grâce est à l’égard du chrétien. La grâce détermine le chrétien à agir ; la raison détermine le philosophe.

Les autres hommes sont emportés par leurs passions, sans que les actions qu’ils font soient 10 précédées de la réflexion : ce sont des hommes qui marchent dans les ténèbres ; au lieu que le philosophe, dans ses passions mêmes, n’agit qu’après la réflexion ; il marche la nuit, mais il est précédé d’un flambeau.

La vérité n’est pas pour le philosophe une maîtresse qui corrompe son imagination, et qu’il croie trouver partout ; il se contente de la pouvoir démêler où il peut l’apercevoir. Il ne la confond 15 point avec la vraisemblance ; il prend pour vrai ce qui est vrai, pour faux ce qui est faux, pour douteux ce qui est douteux, et pour vraisemblance ce qui n’est que vraisemblance. Il fait plus, et c’est ici une grande perfection du philosophe, c’est que lorsqu’il n’a point de motif pour juger, il sait demeurer indéterminé [...].

L’esprit philosophique est donc un esprit d’observation et de justesse, qui rapporte tout à ses 20 véritables principes ; mais ce n’est pas l’esprit seul que le philosophe cultive, il porte plus loin son attention et ses soins. '

L’homme n’est point un monstre qui ne doive vivre que dans les abîmes de la mer ou dans le fond d’une forêt : les seules nécessités de la vie lui rendent le commerce des autres nécessaire ; et dans quelqu’état où il puisse se trouver, ses besoins et le bien-être l’engagent à vivre 25 en société. Ainsi la raison exige de lui qu’il connaisse, qu’il étudie, et qu’il travaille à acquérir les qualités sociables.

Notre philosophe ne se croit pas en exil dans ce monde ; il ne croit point être en pays ennemi ; il veut jouir en sage économe des biens que la nature lui offre ; il veut trouver du plaisir avec les autres ; et pour en trouver, il faut en faire : ainsi il cherche à convenir à ceux avec qui le hasard 30 ou son choix le font vivre ; et il trouve en même temps ce qui lui convient : c’est un honnête homme qui veut plaire et se rendre utile.

La plupart des grands à qui les dissipations ne laissent pas assez de temps pour méditer, sont féroces envers ceux qu’ils ne croient pas leurs égaux. Les philosophes ordinaires qui méditent trop, ou plutôt qui méditent mal, le sont envers tout le monde ; ils fuient les hommes, et les 35

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hommes les évitent. Mais notre philosophe qui sait se partager entre la retraite et le commerce des hommes, est plein d’humanité. C’est le Chrêmes de Térence qui sent qu’il est un homme, et que la seule humanité intéresse à la mauvaise ou à la bonne fortune de son voisin. Homo sum, humani a me nihil alienum puto.

Il serait inutile de remarquer ici combien le philosophe est jaloux de tout ce qui s’appelle honneur et probité. La société civile est, pour ainsi dire, une divinité pour lui sur la terre ; il l’encense, il l’honore par la probité, par une attention exacte à ses devoirs, et par un désir sincère de n’en être pas un membre inutile ou embarrassant. Les sentiments de probité entrent autant dans la constitution mécanique du philosophe, que les lumières de l’esprit. Plus vous trouverez de raison dans un homme, plus vous trouverez en lui de probité. Au contraire où régnent le fanatisme et la superstition, régnent les passions et l’emportement. Le tempérament du philosophe, c’est d’agir par esprit d’ordre ou par raison ; comme il aime extrêmement la société, il lui importe bien plus qu’au reste des hommes de disposer tous ses ressorts à ne produire que des effets conformes à l’idée d’honnête homme.

[...] Cet amour de la société si essentiel au philosophe, fait voir combien est véritable la remarque de l’empereur Antonin : « Que les peuples seront heureux quand les rois seront philosophes, ou quand les philosophes seront rois ! » [...]

Le vrai philosophe est donc un honnête homme qui agit en tout par raison, et qui joint à un esprit de réflexion et de justesse les mœurs et les qualités sociales. Entez un souverain sur un philosophe d’une telle trempe, et vous aurez un parfait souverain.

Axes de lecture possibles

1. Définir la spécificité de l’esprit du philosophe.

2. La sociabilité du philosophe.

3. L’idéal du despotisme éclairé.

Axes de lecture possibles

1. La composition du sonnet et l’alternance du singulier et du général.

2. Une représentation de la mort.

3. Une conception de la vie.

« Oral -Un mouvement littéraire et culturel : les Lumières TEXTE 15 35 hommes les évitent.

Mais notre philosophe qui sait se partager entre la retraite et le commerce des hommes, est plein d'humanité.

C'est le Chrémès de Térence qui sent qu'il est un homme, et que la seule humanité intéresse à la mauvaise ou à la bonne fortune de son voisin.

Homo sum, humani a me nihil alienum puto.

Il serait inutile de remarquer ici combien le philosophe est jaloux de tout ce qui s'appelle 40 honneur et probité.

La société civile est, pour ainsi dire, une divinité pourlui sur la terre ; il l'en­ cense, il l'honore par la probité, par une attention exacte à ses devoirs, et par un désir sincère de n'en être pas un membre inutile ou embarrassant.

Les sentiments de probité entrent autant dans la constitution mécanique du philosophe, que les lumières del' esprit.

Plus vous trouverez de raison dans un homme, plus vous trouverez en lui de probité.

Au contraire où règnent le fana- 45 tisme et la superstition, règnent les passions et l'emportement.

Le tempérament du philosophe, c'est d'agir par esprit d'ordre ou par raison ; comme il aime extrêmement la société, il lui importe bien plus qu'au reste des hommes de disposer tous ses ressorts à ne produire que des effets conformes à l'idée d'honnête homme.

[ ...

] Cet amour de la société si essentiel au philosophe, fait voir combien est véritable la 50 remarque del' empereur Antonin : «Que les peuples seront heureux quand les rois seront philo­ sophes, ou quand les philosophes seront rois! » [ ...

] Le vrai philosophe est donc un honnête homme qui agit en tout par raison, et qui joint à un esprit de réflexion et de justesse les mœurs et les qualités sociales.

Entez un souverain sur un philosophe d'une telle trempe, et vous aurez un parfait souverain.

Axes de lecture possibles l.

Définir la spécificité de l'esprit du philosophe.

2.

La sociabilité du philosophe.

3.

L'idéal du despotisme éclairé.

Autres références autour du thème : l'homme nouveau au siècle des Lumières Voltaire, Le Mondain.

Denis Diderot, Le Neveu de Rameau (le «Je », interlocuteur du Neveu).

Jean-Jacques Rousseau, Rêveries du promeneur solitaire.

Beaumarchais, Le Mariage de Figaro.

PREMIÈRE PARTIE DE L'ÉPREUVE : lecture analytique guidée par une question Quelques exemples de questions et axes de réponses 1.

Montrez que la définition de Dumarsais est fortement marquée par le rationalisme.

"'* La maîtrise des passions.

'"* l:esprit d'examen hérité de Descartes.

"'"' l:idéal de l'honnête homme.

2.

Le philosophe des Lumières est-il seulement un homme de savoir ? "'* Sa démarche intellectuelle est celle d'un savant.

111• Mais il se met au service de la société.

111• Et il a les capacités d'exercer le pouvoir politique.

379. »

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