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PAILLERON Édouard Jules Henri : sa vie et son oeuvre

Publié le 27/11/2018

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PAILLERON Édouard Jules Henri (1834-1899). Dramaturge et poète, Édouard Pailleron est surtout connu pour ses comédies de mœurs, qui furent parmi les plus grands succès des années 1870-1880. A ses débuts, notre auteur ressemble un peu à un personnage de ses propres pièces. Il naît à Paris dans une famille aisée. Il fait ses études au collège puis à F École préparatoire de Saint-Mandé, réussit le concours de F École navale mais se lance dans le droit. Il obtient son diplôme de docteur et devient clerc de notaire, puis avocat, sans beaucoup de conviction. Après deux années passées comme volontaire dans un régiment de dragons, il se fait remplacer, visite l’Afrique du Nord avec un ami peintre, commence aussi à écrire. Son premier essai théâtral, un « drame espagnol », qu’il a composé pendant ses études, tombera dans un chahut aux Batignolles. Pailleron obtiendra un meilleur accueil avec le Parasite (1860), qui se déroule dans une Antiquité de fantaisie, puis avec le Mur mitoyen (1861), le Dernier Quartier (1863),

« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)ÉDOUARD PAILLERON (1834-1899).

(Le Monde où l'on s'ennuie, Acte I, sc.

II.) Le Monde où l'on s'ennuie (1881) est un piquant tableau des salons académiques, des pédantismes qui y fleurissent, et des rivalités qui,sous la politesse et sous les grands mots, s'y dissimulent.

— La comtesse de Céran est une Philaminte de la fin du XIXe siècle, non plusbourgeoise, mais grande dame.

Elle pousse son fils Roger vers l'Institut, et veut lui faire épouser une docte et riche Anglaise, qui traduitSchopenhauer.

Son salon sert de théâtre et de tremplin à l'indianiste Saint-Réau, au philosophe Bellac, à des poètes lauréats, etc.

Lasatire de cette société est faite de la façon la plus spirituelle par la mère de la comtesse de Céran, la duchesse de Réville, aimableraisonneuse, et par Paul Raymond, le sous-préfet, dont la femme, Jeanne Raymond, parodie gentiment toutes ces précieuses.

Uneintrigue bien agencée, habilement mêlée à la satire, et faisant corps avec elle, amène deux mariages.

Le troisième acte, où trois couplesjouent à cache-cache dans les ténèbres de la serre, a été comparé justement à l'acte des marronniers du Mariage de Figaro.

Le Monde oùl'on s'ennuie, dont le succès avait été d'abord attribué à des personnalités, est une des pièces que le grand public, vivant très en dehorsde ces rivalités académiques, continue à goûter le plus. Le prestige de l'ennui. Au 1er acte de la pièce, le sous-préfet Paul Raymond arrive avec sa jeune femme au château de la comtesse de Céran.

Il expliquespirituellement à Jeanne quel est le monde au milieu duquel ils vont passer quelques jours. JEANNE.

— Miséricorde! Qu'est-ce que ce monde-là?PAUL.

— Ce monde-là, mon enfant, c'est un Hôtel de Rambouillet en 1881 : un monde où l'on cause, où l'on pose, où le pédantisme tientlieu de science, la sentimentalité de sentiment, et la préciosité de délicatesse! où l'on ne dit jamais ce que l'on pense, et où l'on ne pensejamais ce que l'on dit! où l'assiduité est une politique, l'amitié un calcul, et la galanterie même un moyen ! le monde où l'on avale sacanne dans l'antichambre et sa langue dans le salon, le monde sérieux, enfin!JEANNE.

— Mais c'est le monde où l'on s'ennuie, cela?PAUL.

— Précisément!JEANNE.

— Mais, si l'on s'y ennuie, quelle influence peut-il avoir?PAUL.

— Quelle influence!...

Candeur! candeur! quelle influence, l'ennui, chez nous? mais énorme!...

mais considérable ! Le Français, vois-tu, a pour l'ennui une horreur poussée jusqu'à la vénération.

Pour lui, l'ennui est un dieu terrible qui a pour culte la tenue.

Il ne comprendle sérieux que sous cette forme.

Je ne dis pas qu'il pratique, par exemple, mais il n'en croit que plus fermement, aimant mieux croire...que d'y aller voir.

Oui, ce peuple gai, au fond, se méprise de l'être; il a perdu sa foi dans le bon sens de son vieux rire; ce peuplesceptique et bavard croit aux silencieux, ce peuple expansif et aimable s'en laisse imposer par la morgue pédante et la nullitéprétentieuse des pontifes de la cravate blanche : en politique, comme en science, comme en art, comme en littérature, comme en tout !Ils les raille, il les hait, il les fuit comme peste, mais ils ont seuls son admiration secrète et sa confiance absolue! Quelle influence,l'ennui? Ah! ma chère enfant! mais c'est-à-dire qu'il n'y a que deux sortes de gens au monde : ceux qui ne savent pas s'ennuyer et quine sont rien, et ceux qui savent s'ennuyer et qui sont tout...

après ceux qui savent ennuyer les autres.JEANNE.

— Et voilà où tu m'amènes, misérable !PAUL.

— Veux-tu être préfète, oui ou non? (Le Monde où l'on s'ennuie, Acte I, sc.

II.) QUESTIONS D'EXAMEN I.

— L'ensemble.

— Tableau spirituel d'un salon de l'aristocratie vers 1880 : Comment l'auteur est-il amené à tracer cette esquisse? Dequel ton Paul parle-t-il du « monde où l'on s'ennuie »? De quelles qualités fait-il preuve durant cette conversation? (esprit...,clairvoyance...) ; N'outre-t-il pas un peu sa pensée pour la rendre plus frappante? (à développer); Quelle est la réaction de la jeunefemme? II.

— Analyse du morceau.

— a) Tableau d'une réunion mondaine vers 1880 : i° Que veut dire l'auteur par cette expression : Ce monde-là, c'est un Hôtel de Rambouillet en 1881...

? Expliquez les trois oppositions, marquées ici par l'auteur : un monde...

où le pédantismetient lieu de science, la sentimentalité de sentiment, et la préciosité de délicatesse; Comment Paul marque-t-il plaisamment l'allureguindée et le mutisme voulu des habitués de ces salons ? D'après cette tirade, quels sont les défauts ou les travers de ce milieu(pédantisme, affectation, préciosité, hypocrisie, fourberie, morgue, défiance...); Comment Jeanne définit- elle ce monde? L'expressionvous paraît-elle heureuse?b) Le prestige de l'ennui en France : Quel est le caractère naturel du Français ? Indiquez-en les principaux traits d'après ce texte;Comment expliquez-vous le respect du Français pour l'ennui et la tenue? (nous avons une tendance à admirer ce qui nous manque et quenous ne pourrions acquérir qu'avec un immense effort). III.

— Le style; — les expressions.— Faites ressortir par des exemples les qualités du style : esprit, vivacité, naturel...-, Expliquez lesexpressions : Le monde où l'on pose ; les pontifes de la cravate blanche ; Quelle est la valeur de misérable! dans l'avant-dernièrephrase? IV.

— Grammaire.

— Citez quelques expressions où, comme dans : il les fuit comme peste, l'article a été supprimé devant le substantif;Nature et fonctions des mots dans la phrase : Pour lui, l'ennui est un dieu terrible qui a pour culte la tenue; Quel est le sens étymologiquede candeur? Indiquez deux mots de la même famille. Rédaction.

— Une réunion à l'Hôtel de Rambouillet.. »

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