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Paris-Brest commentaire

Publié le 11/11/2012

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Commentaire Paris-Brest , page 108-109 ; « mais d'abord...si Albert était là « Depuis l'arrivée du roman familial contemporain, la famille est la pièce maîtresse du récit où prend place une déstabilisation du rythme de vie. Ce n'est pas seulement la mort qui est mise en scène mais l'angoisse d'une perte (d'argent) qui fragilise non seulement le rythme de vie mais aussi les repères identitaires de chacun. Il suffit de lire le roman Paris-Brest pour comprendre l'intime récit du narrateur Louis, témoin et écrivain de son histoire. Il nous délivre ici l'univers d'une famille où le soucis et les apparences l'emportent sur les liens affectifs et il se confira à son lecteur: « Je me demande ce qu'on vit dans la vie normal, parce que ça n'a rien à voir avec ces moments là, les moments dans la vie où il se passe quelque chose vraiment, où le monde se tact d'un seul coup, où même à l'intérieur de soi tout s'arrête, le temps s'arrête, la pensée, les nerfs, et tout se tient bouclé, cotonneux, comme pour de faux, oui, comme pour de faux alors que c'est seulement à ce moment là que c'est pour de vrai. « (Page 83). Tanguy Viel, par son écriture surprenante, donne l'impression d'un livre qui s'écrit au fur et à mesure de la lecture, de son écriture ; « le lecteur participe à l'aventure de l'écriture « dira-t-il dans une interview au Monde des livres. Un style percutant fait de procédés simples, de répétitions obsessives de certains noms ou mots; fait jaillir une foule d'images. Dans ce roman, (diviser en deux grandes parties avec d'une part « à Brest « et d'autre part « le retour temporaire à Brest «) au chapitre IV de la troisième section intitulée « Le fils Kermeur «, chapitre réservé à un moment de l'histoire, le lecteur découvre la scène du cambriolage qui constitue le drame familial puisque le petit fils volera la richesse héritée par sa propre grand-mère. Un chapitre qui constitue l'action principale qui va perturber le récit comme la vie du narrateur ( retour des parents à Brest, départ pour Paris...). Plus loin le narrateur dira : « Dans mon livre, oui je me suis dit que ce serait mieux comme ça, que Kermeur ait fait de la prison à cause du cambriolage. Ce serait plus romanesque «. Le roman familial est-il une métaphore d...

« Bien que ce vol de l'héritage participe au drame familial, cette scène s'apparente à un tout autre genre, celui du roman d'aventures.

Il met l'accent sur l'action et reste centré sur l’intérêt dramatique.

Un suspens est créer par une description très cinématographique de cette action, une scène à lire comme un film: l'indication temporelle « ce soir-là vers minuit et demi » puis un effet de gros plan porté sur les gestes des personnages « Et on est entrés dans l'appartement comme si on était des vrais voleurs, une lampe torche dans la main et le dos courbé sur la pointe des pieds […] ».

S'ajoute un environnement anxieux et une atmosphère particulière que développe le narrateur en quelques lignes, maniant les ombres et les éclaircies : « […] leur faisceau dans la nuit profonde, profonde mais rendue claire maintenant par les ronds de lumière ».

L'amplitude des phrases accompagnée des répétions d'adverbes ou de mots comme « profonde », « seulement » ou encore « argent », aménagent le suspens et créent une urgence.

Un suspens davantage mis en place par la création d'un scénario et par la projection du lecteur dans le futur de l'histoire.

Ce dernier imagine en effet la suite de l'histoire, un drame familial auquel il reste témoin.

Cette imagination du lecteur est sollicitée par la création d'un scénario, le narrateur écrit en image, montre plutôt que de dire et emporte le lecteur dans son imaginaire.

Personnages, ironie dramatique, décalage du dialogue, actions...

sont autant d'éléments qui participent à la transmission d'émotions.

On retrouve également le champs lexical de l'obscurité « pénombre », « nuit », le bruit est évoqué et l'imagination sollicitée par la description des objets.

On retiendra également la dimension théâtrale du récit (comme du roman) avec des personnages stéréotypes et des rôles propre à chacun et où les apparences sont jouées.

Dans cette scène, Le fils Kermeur est celui qui retient tout attention.

Fils d'une femme de ménage, il se place comme l'expert de la situation et manie le rôle du voleur par des gestes minutieusement réfléchis, équipé et sûre de lui.

IL est d'ailleurs dès le début du roman placé comme le mauvais démon, la mauvaise fréquentation selon la mère du narrateur (peut être parce qu'elle n'aime pas les pauvres) et pourtant la seule fréquentation du narrateur en dehors du cercle familial.

Louis reste peu actif à l'action, sa présence n'est pas d'une grande utilité mais peu complémentaire en connaissant la routine de « la vielle dame » et Kermeur (qui décide et commande l'action) aurait très bien pu se passer de lui pour mettre en œuvre le cambriolage puisque même la clé de l'appartement n'est pas nécessaire.

Dans le cas inverse, Louis vu comme « une bête curieuse », n'aurait certainement pas pu se passer des talents de voleurs de celui-ci, probablement par manque d'expériences.

Un voleur rendu ridicule par son manque d'expérience qui laisse voir une pointe d'humour.

Qu'il s'agisse du vol de la tablette de chocolat au supermarché ou du cambriolage de la grand-mère, on retient les talents de voleurs de l'un, équipé et professionnel et le caractère fébrile de l'autre.

Deux êtres qui ne se ressemblent pas mais qui sont paradoxalement complémentaires voire indissociables. Le fils Kermeur est d'abord vu comme une mauvaise fréquentation à laquelle Louis ne peut se détacher.

En effet il se place comme l'ombre du narrateur, une ombre 2 / 4. »

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